Quel regard est porté sur l’environnement de marché aux Etats-Unis ?
L’environnement est très particulier. Malgré une accélération de la croissance économique américaine, autour de 3%, et une notable progression des profits de 20% observés l’année dernière ; nous avons assisté à une substantielle compression des multiples. La correction de l’indice S&P dividendes réinvestis s’élève à plus de 4%. Le PE du marché est ainsi passé de 19 fois les bénéfices futurs en milieu d’année à 15 fois.
Nous pouvons considérer que la survalorisation perceptible a été éliminée.

Pour autant, le marché des actions américain reste plus cher en relatif que les autres marchés actions…

Le marché des actions américain reste plus cher pour des considérations structurelles, portant notamment sur la composition de l’indice et la visibilité offerte par la gestion macroéconomique.
Le marché américain est un des marchés les plus défensifs au monde dans la mesure où il englobe pour moitié des valeurs cycliques et pour moitié des valeurs non cycliques.

La contraction est comparable à celle que nous avons en période de récession. Celle-ci est-elle à redouter cette année ?

Il est probable que nous connaitrons une récession au cours des cinq prochaines années. Cependant, nous ne voyons pas cette récession se dessiner cette année. De plus, nous ne pensons pas qu’elle sera d’une amplitude similaire à celle de 2008-2009 car nous n’avons pas les mêmes déséquilibres, en particulier du côté de la dette privée.
A présent, sur un plan microéconomique, la progression des profits attendue pour 2019 se situe pour l’instant autour de 9%. Il n’est pas exclu que cette anticipation soit revue à la baisse, autour de 4%-5%.

Quel regard porter sur la variation du S&P sur le seul mois de décembre 2018, -9% ce qui en fait le pire mois de décembre depuis 1931 ?

La correction du mois de décembre s’explique par une conjonction de facteurs. Tout d’abord, un environnement économique qui s’est beaucoup dégradé en dehors des Etats-Unis, notamment en Europe et en Chine. Par ailleurs, la Fed avait laissé penser, avant de changer de tonalité ultérieurement, qu’elle envisageait de poursuivre sur son rythme de remontée des taux. Une position que le marché voyait d’un mauvais œil dans la perspective d’un essoufflement de la dynamique économique aux Etats-Unis.

De quelle manière la politique monétaire de la Fed peut-elle influer sur le marché des actions américain cette année ?

La politique menée par la Fed a un impact sur les valorisations. L’intention de la Fed de ne plus réinvestir ses coupons va conduire à la mise sur le marché davantage de papiers, ce qui pèsera sur les multiples. Cette donne est intégrée dans les modèles d’évaluation.
Cela étant, à la différence de la Banque centrale européenne, la Fed n’a pas racheté d’obligations d’entreprises. De ce fait, la vérité des prix dans ce compartiment outre Atlantique est moins biaisée.
Par ailleurs, si le taux à dix ans est remonté à 2,60%, pour autant le rendement offert par les actions américaines demeure bien plus élevé autour de 6/7%. Étant donné ce gap important, le marché actions continue à être une alternative très intéressante au marché des obligations.

Comment la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est-elle appréhendée ?

La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est davantage un facteur d’influence psychologique que réel. L’économie américaine est relativement fermée. Les exportations représentent 12% du PNB. C’est une des plus faibles proportions parmi les économies développées.

A présent, certaines sociétés pourraient être plus impactées que d’autres, à l’instar d’Apple.

Petit rappel des grandes caractéristiques du process de gestion du fonds Comgest Growth America ?

Le fonds Comgest Growth America investit dans des valeurs de croissance et de qualité. L’univers est constitué de sociétés dont la hausse des bénéfices est d’au moins 10%.
Sur les 400 titres éligibles, seules une trentaine sont retenues pour un juste équilibre entre diversification et convictions.

Nous faisons en sorte d’être exposé au plus large spectre possible de thématiques de croissance. Ainsi, il n’y a pas plus de deux valeurs du portefeuille qui sont corrélées.

Nous rentrons dans une valeur en quatre ou cinq fois. Nous laissons ensuite la valeur suivre son chemin, quitte à ce qu’elle intègre le top 10 du portefeuille.

Le fonds investis surtout sur des valeurs de croissance modérée...
Les sociétés qui délivrent entre 10% et 15% de croissance représentent 85% du portefeuille. Le PE sur cette poche est de 18 fois les bénéfices futurs. Les 3 points de prime que nous avons par rapport au marché sont en ligne avec ce que nous délivrons depuis 10 ans.

Nous sommes plus sélectifs sur les sociétés qui affichent une croissance plus importante en raison des éventuelles tensions qui peuvent être ressenties sur les valorisations, à l’instar d’Amazon, Intuit, ou encore Tyler Technologies.

Des protections-sont-elles utilisées dans le fonds ?

La réponse est négative sur ce point. Partisans de la simplicité, aucune protection sous forme d’options, de dérivés ou de futures ne sont utilisés dans le fonds.
Le fonds est libellé en dollar et exposé 100% au dollar.

La poche de cash peut en revanche varier de 0% à 10%. Le niveau était de à 9% fin 2018. Il est actuellement de 4%.

Les valeurs technologiques ont été mises a mal l’année dernière. De quelle manière ce secteur est-il considéré ?

Il y a une tendance à mettre dans les valeurs technologiques des sociétés qui n’ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre : les services médias via Internet, les fabricants de semiconducteurs, les développeurs de logiciels d’entreprises.
Une conjonction de divers facteurs explique le désengagement récent des investisseurs de ce secteur. Les gérants de centres de calculs comme AWS, Microsoft et Google ont dû ralentir la voilure dans les derniers mois de l’année après avoir surinvesti début 2018. Il y a eu parallèlement une forte baisse du marché des smartphones qui a affecté le marché des semiconducteurs.
Malgré la demande soutenue de mémoire vive sous-jacent au développement de l’intelligence artificielle, ce dernier segment d’activité conserve une dimension cyclique.