Interview de Odile Chagny : Economiste au Groupe Alpha, auteure de plusieurs études sur la réforme des retraites en Allemagne

Odile Chagny

Economiste au Groupe Alpha, auteure de plusieurs études sur la réforme des retraites en Allemagne

Le durcissement des conditions de départ entraîne des retraites au rabais

Publié le 09 Septembre 2010

En Allemagne, l'âge légal de départ à la retraite a été repoussé à 67 ans par une loi votée en 2007. Faut-il s'en inspirer en France ?
Le recul de l'âge légal de la retraite de 65 à 67 ans est la mesure la plus controversée des réformes de 2007, mais il ne s'appliquera que progressivement à partir de 2012. Il est considéré comme l'un des facteurs ayant contribué à la défaite électorale du SPD (la gauche, ndlr) aux élections de 2009. Le débat est encore loin d'être clos, la loi prévoyant des "clauses de rendez vous" (notamment en 2010), pour soumettre la faisabilité du recul à l'examen de la situation des seniors sur le marché du travail.

Pensez-vous que le gouvernement d'Angela Merkel puisse revenir sur cette mesure ?
Pour l'instant, l'objectif d'équilibre financier du régime l'a emporté. Mais un constat s'impose : le durcissement des conditions de départ entraîne des retraites au rabais. En 2007, moins d'un tiers des nouveaux retraités avaient été en emploi stable durant les trois années qui ont précédé leur départ à la retraite, une proportion équivalente avait connu des épisodes plus ou moins prolongés de chômage. La part des Allemands qui liquident leur pension de vieillesse en subissant une décote ne cesse d'augmenter : près de 60% en 2008, contre 12% en 2000.

Est-ce une illustration de ce qui pourrait se passer en France ?

C'est une illustration du défi que cela pose. En durcissant les conditions de départ à la retraite, on fait peser sur les seniors la situation dégradée du marché du travail. En outre, les mesures d'âge ne produisent des effets qu'à moyen terme, or le problème du financement du système de retraite en France se pose à court terme.

Propos recueillis par François Schott