Interview de Roland  Kaloyan : Stratégiste au sein de Société Générale Corporate & Investment Banking

Roland Kaloyan

Stratégiste au sein de Société Générale Corporate & Investment Banking

Vendre du yen pour acheter du sterling serait très intéressant

Publié le 23 Septembre 2010

Nous connaissons depuis un certain temps une forte sortie des investisseurs des fonds monétaires. Où en est-on actuellement ?
Si nous considérons les fonds mutuels dans le monde entier, selon les données de l'EPFR, depuis le début de l'année les flux sortants sont de l'ordre de 400 milliards de dollars (380 milliards aux Etats-Unis et 20 milliards en Europe). Ces flux se sont majoritairement orientés sur les matières premières et les obligations d'Etat.
Cette tendance s'est par ailleurs poursuivie sur les quatre dernières semaines où nous avons connu une sortie de près de 18 milliards de dollars.

Pensez-vous que cette hémorragie a vocation à se poursuivre ?
Les fonds monétaires comptabilisent un encours très important. Le potentiel de sortie supplémentaire est de ce fait significatif. La tendance actuelle est un appétit pour l'obligataire d'Etat.
A mon sens cette tendance ne prendra fin que lorsque les marchés seront rassurés sur le plan économique. Dernièrement la Fed a indiqué qu'elle envisageait de prolonger sa stratégie de quantitative easing. Cela n'est pas de nature à renverser cette tendance.

Pour autant le monétaire demeure une classe d'actifs populaire…
Ce qui est intéressant avec le monétaire, c'est que les investisseurs ne perdent pas d'argent contrairement aux actions, aux obligations souveraines ou aux obligations de crédit. Les rendements sont faibles mais le risque est minime. Etant dans un environnement incertain, le cash demeure indispensable pour stabiliser le risque de portefeuille.

Si l'on observe les matrices de corrélation, tous les actifs cycliques, actions, obligations de crédit et matières premières évoluent dans le même sens. Ces trois classes d'actifs sont très corrélées positivement. D'un autre coté nous avons les obligations souveraines. Le cash n'est corrélé avec aucun de ces deux grands groupes. En misant sur le cash, l'investisseur n'est ni exposé au scénario inflationniste, ni au scénario déflationniste.

Une manière de mesurer la rentabilité du monétaire est d'observer l'éonia ou encore l'euribor ? A quelle évolution de ces taux doit-on s'attendre sur un moyen terme ?
Ces deux taux suivent le taux de la banque central. Nous pensons que nous ne devrions pas avoir de hausse de taux de la BCE avant le troisième trimestre 2011. Nous aurions alors un passage du taux de 1% à 1,25% en septembre 2011.
La Fed commencerait à bouger à partir de décembre 2011.

La meilleure manière de jouer le monétaire serait de jouer sur les devises, en particulier le sterling et le yen…
Sur le plan géographique, il est intéressant de regarder le cash aussi pour investir sur des monnaies. Nous avons en ce moment de fortes convictions sur le sterling et le yen. Nous pensons que le potentiel d'appréciation du sterling est très important et qu'inversement le yen a atteint des niveaux excessifs et pourrait beaucoup corriger à l'avenir.
Faire un cross entre le yen et le sterling serait très intéressant dès lors que ces deux monnaies sont aux antipodes et devraient être appuyés par des pressions politiques. D'ailleurs, récemment les dirigeants japonais sont intervenus sur le marché des changes pour tenter d'enrayer le rallye de la devise nippone.

Quelles sont vos estimations pour l'évolution du sterling et du yen ?
S'agissant de la parité euro/sterling, nous avons un objectif à 0,75 d'ici la fin de l'année. La parité dollar/yen est attendue à 90. Notre parité d'équilibre pour une tendance de long terme est de 95.

Propos recueillis par Imen Hazgui


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