Interview de Jean-Michel Germa : Président de la Compagnie du Vent (groupe GDF Suez)

Jean-Michel Germa

Président de la Compagnie du Vent (groupe GDF Suez)

Nous espérons être les premiers à raccorder un parc éolien offshore au réseau

Publié le 10 Février 2011

La Compagnie du Vent a été la première à installer une éolienne sur le sol français, il y a vingt ans. Quel regard portez vous sur le développement de la filière et sur le retard pris par la France dans l’éolien offshore ?
Il n’y a pas de retard. En tout cas, s’il y en a un, nous sommes en train de le combler. L’appel d’offres lancé par le gouvernement fait de cette énergie un enjeu de politique industrielle. La France n’est pas un pays désindustrialisé, nous avons toutes les compétences pour relever le défi de l’éolien offshore, que ce soit pour la fabrication des éoliennes ou l’installation et le raccordement des parcs en mer. La présence de ces compétences, ainsi que la motivation des entreprises hexagonales, ont convaincu l’Etat de lancer cet appel d’offres. On estime que l’éolien offshore devrait créer à lui seul 10 000 nouveaux emplois dans notre pays d’ici 2020.

Votre projet de parc offshore des Deux Côtes, lancé en 2005, s’est jusqu’à présent heurté à de nombreux obstacles administratifs. Etes-vous confiant quant à sa réalisation ?
Le fait que les services de l’Etat aient retenu la zone de Dieppe-Le Tréport comme l’une des cinq zones d’implantation d’éoliennes offshore prouve la pertinence de notre projet (qui se situe justement dans cette zone, ndlr). C’est pourquoi nous espérons être les premiers à raccorder un parc offshore au réseau. Cela dit, comme vous l’avez-rappelé, il s’agit d’un appel d’offres et nous n’avons pas la prétention de préempter ce marché. Nous sommes candidats à l’appel d’offres, avec l’espoir que le travail fourni ces dernières années nous donnera un avantage comparatif sur nos concurrents.

Quid de l’hostilité de la population locale à ce projet, et plus généralement aux éoliennes ?
Il n’y a pas d’hostilité de la population locale ! Nous avons organisé fin 2010 un débat public sur le projet des Deux Côtes ainsi qu’un sondage auprès de 1000 personnes concernées par ce parc (riverains, pêcheurs, etc). Il en ressort que 70% des sondés sont favorables au projet. Les opposants se font beaucoup entendre, mais ils ne sont pas représentatifs. Plus généralement, les sondages réalisés depuis plusieurs années par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ndlr) montrent qu’une grande majorité des Français est favorable aux énergies renouvelables. L’adhésion est encore plus forte de la part de ceux qui ont une installation (éolienne, centrale photovoltaïque) à proximité de chez eux.

Quelles sont les retombées financières attendues de l’éolien offshore pour les régions concernées ?

Sur les 20 milliards d’euros d’investissements prévus par l’Etat d’ici 2020, environ 15 milliards seront investis dans les zones portuaires et leur « hinterland ». Si les entreprises françaises sont suffisamment fortes pour se structurer, elles pourront non seulement capter l’essentiel de ce marché mais également miser sur l’international, où l’éolien offshore se développe rapidement. Nous estimons que l’industrie française pourrait capter environ 10% du marché global de l’éolien offshore, soit environ 15 milliards d’euros d’ici 2020.

Crédit photo: : La Compagnie du Vent/David Richard/Transit

Propos recueillis par François Schott.