Didier Davydoff
Directeur de l'Observatoire de l'Epargne Européenne
10 Mds euros drainés par les banques en 4 mois sur les livrets : un chiffre à considérer avec prudence
Publié le 17 Mai 2011
Selon la Banque de France, le montant des sommes collectées sur les livrets d'épargne non règlementés ont augmenté de 10 milliards d'euros en quatre mois. Qu’en pensez-vous ?
Le mouvement général d’allocation des ressources des ménages français vers les livrets d’épargne a plusieurs explications.
En premier lieu, on constate une désaffection pour les OPCVM monétaires dont les encours sont en baisse ininterrompue. Par ailleurs, la collecte sur les contrats d’assurance vie en euros qui offrent souvent des taux garantis inférieurs à 3%, s’est affaiblie. Ensuite, les banques ont déployé des politiques commerciales très dynamiques pour drainer l’épargne financière de leurs clients vers ces produits.
Enfin, la hausse des taux courts explique pour une part ce mouvement. Certains de ces produits offrent des taux de rémunération attractifs, que ce soit le livret A rémunérés à 2% nets, ou les offres promotionnelles sur les livrets fiscalisés.
Ce montant de 10 milliards n’est-il pas étonnant ?
Compte tenu du contexte d’évolution des taux, ce montant est compréhensible. Ce mouvement était cependant difficile à prévoir à l’avance car imputable à un petit nombre d’acteurs.
Ce chiffre est à considérer avec du recul. Il est important de regarder la tendance sur la durée et non la variation mensuelle.
Ce montant signifie-t-il que l’on assiste à une accentuation de l’épargne des français ?
Non. Les français ont toujours beaucoup épargné. Si l’on tient compte des cinq principaux pays de l’Union européenne, la France se classe en pôle position s’agissant du taux d’épargne financière. Nous sommes à un taux de placements financiers qui représente en moyenne 10% du revenu des ménages contre 8% en Allemagne, 5% en l’Espagne, 3% au Royaume-Uni et 2% en Italie.
La forte collecte des livrets non réglementés est davantage le résultat d’une réallocation des flux provenant de produits phares moins recherchés, comme je l’ai dit précédemment, autrement dit les OPCVM monétaires et les contrats d’assurance vie.
Il faut donc être prudent dans l’interprétation de cette donnée.
Selon vous cette tendance n’a pas forcément vocation à s’inscrire dans le temps ?
Des campagnes commerciales percutantes peuvent avoir pour effet un mouvement massif vers certains produits. Cependant ce mouvement n’est pas nécessairement durable. Ce sont des livrets, dont les épargnants peuvent sortir à tout moment.
Une surveillance de la tendance est donc de mise. L’argent pouvant aussi s’orienter vers les dépôts à terme et vers les plans d’épargne logement. Les PEL ont connu une croissance de leur encours de 4,5% sur un an, à plus de 183 milliards d’euros à fin mars 2011 contre 176 milliards un an plus tôt.
Les comptes à court terme de moins de deux ans connaissaient une tendance baissière à fin février. Sur un an, la baisse était de 18%. Où en est-on à présent ?
Cette baisse semble enrayée. Nous remarquons de nouveau un frémissement qui traduit une meilleure rémunération. Mais les encours restent faibles (26 milliards à fin mars)
Il est intéressant de constater que l’épargne attirée par le livret de développement durable a été moins importante que celle attirée par le livret A. Comment l’expliquez-vous ?
L’épargne collectée par les livrets de développement durable n’a pas beaucoup progressé sur un an et demeure inférieure à 70 milliards d’euros, alors que fin mars, les encours du livret A avaient augmenté de 8% sur un an et que l’ encours des livrets fiscalisés était à +12,6%.
Le plafond pour un livret développement durable est fixé à 6000 euros conte 15 300 euros pour le livret A. La stratégie de marketing des établissements a été plus axée sur le livret A.
Peut-on craindre selon vous une course aux dépôts acharnée de la part des banques française à l’instar de ce qui se passe en Espagne ?
Nous sommes loin de connaitre la même situation qu’en Espagne. Il peut y avoir une des taux promotionnels qui peuvent aller jusqu’à 5%, mais pour une durée limitée. En Espagne, la « guerre des taux » est plus agressive.
Le mouvement général d’allocation des ressources des ménages français vers les livrets d’épargne a plusieurs explications.
En premier lieu, on constate une désaffection pour les OPCVM monétaires dont les encours sont en baisse ininterrompue. Par ailleurs, la collecte sur les contrats d’assurance vie en euros qui offrent souvent des taux garantis inférieurs à 3%, s’est affaiblie. Ensuite, les banques ont déployé des politiques commerciales très dynamiques pour drainer l’épargne financière de leurs clients vers ces produits.
Enfin, la hausse des taux courts explique pour une part ce mouvement. Certains de ces produits offrent des taux de rémunération attractifs, que ce soit le livret A rémunérés à 2% nets, ou les offres promotionnelles sur les livrets fiscalisés.
Ce montant de 10 milliards n’est-il pas étonnant ?
Compte tenu du contexte d’évolution des taux, ce montant est compréhensible. Ce mouvement était cependant difficile à prévoir à l’avance car imputable à un petit nombre d’acteurs.
Ce chiffre est à considérer avec du recul. Il est important de regarder la tendance sur la durée et non la variation mensuelle.
Ce montant signifie-t-il que l’on assiste à une accentuation de l’épargne des français ?
Non. Les français ont toujours beaucoup épargné. Si l’on tient compte des cinq principaux pays de l’Union européenne, la France se classe en pôle position s’agissant du taux d’épargne financière. Nous sommes à un taux de placements financiers qui représente en moyenne 10% du revenu des ménages contre 8% en Allemagne, 5% en l’Espagne, 3% au Royaume-Uni et 2% en Italie.
La forte collecte des livrets non réglementés est davantage le résultat d’une réallocation des flux provenant de produits phares moins recherchés, comme je l’ai dit précédemment, autrement dit les OPCVM monétaires et les contrats d’assurance vie.
Il faut donc être prudent dans l’interprétation de cette donnée.
Selon vous cette tendance n’a pas forcément vocation à s’inscrire dans le temps ?
Des campagnes commerciales percutantes peuvent avoir pour effet un mouvement massif vers certains produits. Cependant ce mouvement n’est pas nécessairement durable. Ce sont des livrets, dont les épargnants peuvent sortir à tout moment.
Une surveillance de la tendance est donc de mise. L’argent pouvant aussi s’orienter vers les dépôts à terme et vers les plans d’épargne logement. Les PEL ont connu une croissance de leur encours de 4,5% sur un an, à plus de 183 milliards d’euros à fin mars 2011 contre 176 milliards un an plus tôt.
Les comptes à court terme de moins de deux ans connaissaient une tendance baissière à fin février. Sur un an, la baisse était de 18%. Où en est-on à présent ?
Cette baisse semble enrayée. Nous remarquons de nouveau un frémissement qui traduit une meilleure rémunération. Mais les encours restent faibles (26 milliards à fin mars)
Il est intéressant de constater que l’épargne attirée par le livret de développement durable a été moins importante que celle attirée par le livret A. Comment l’expliquez-vous ?
L’épargne collectée par les livrets de développement durable n’a pas beaucoup progressé sur un an et demeure inférieure à 70 milliards d’euros, alors que fin mars, les encours du livret A avaient augmenté de 8% sur un an et que l’ encours des livrets fiscalisés était à +12,6%.
Le plafond pour un livret développement durable est fixé à 6000 euros conte 15 300 euros pour le livret A. La stratégie de marketing des établissements a été plus axée sur le livret A.
Peut-on craindre selon vous une course aux dépôts acharnée de la part des banques française à l’instar de ce qui se passe en Espagne ?
Nous sommes loin de connaitre la même situation qu’en Espagne. Il peut y avoir une des taux promotionnels qui peuvent aller jusqu’à 5%, mais pour une durée limitée. En Espagne, la « guerre des taux » est plus agressive.
Propos recueillis par Imen Hazgui