Interview de Gaëtan Chauderlot : secrétaire général du Cercle La Bulle

Gaëtan Chauderlot

secrétaire général du Cercle La Bulle

Les collaborateurs d’aujourd’hui sont les décideurs de demain

Publié le 31 Octobre 2006

Comment avez-vous eu l’idée de créer le cercle La Bulle?
Nous étions un petit groupe de connaissances du secteur privé et politique. Nous nous rencontrions régulièrement, tout d’abord, pour partager le plaisir d’échanger sur les activités des uns et des autres et, quand l’occasion se présentait, pour s’entraider sur nos dossiers. Au fur et à mesure des rencontres, nous nous sommes rendus compte que les «connaissances» avaient fait place à «l’amitié et à la camaraderie», et que ces liens rendaient nos collaborations extrêmement efficaces et percutantes. Fort de ce constat, nous nous sommes dits que ce système d’entraide, basé d’abord sur l’estime que pouvaient se porter les gens, pouvait être décuplé et surtout que l’on pouvait en faire profiter tous les contacts dont chacun disposait, à la condition incontournable de respecter l’état d’esprit du groupe.
 
Pourquoi «la Bulle» ?
Les journées des managers et des collaborateurs d’élus que nous étions étaient haletantes et bien souvent à rallonge. Elles se prolongeaient par des réunions où trop de gens essayaient de refaire le monde. Au vu du plaisir que nous prenions à nous rencontrer, nous nous sommes dits que l’association pouvait un jouer un rôle de «bulle de décompression et de détente» pour chacun de nous. D’où l’idée de ce sobriquet ! Et croyez-moi, cela fonctionne puisque nous comptons aujourd’hui plus de 350 membres et un listing de sympathisants (présents aléatoirement) de plus de 1200 noms, issus de tous les secteurs d’activités de la société.

Quelles sont les particularités de votre club ?
Fatigués du formalisme dans lequel trop de clubs se perdent, nous avons édicté la simplicité, le respect et l’humilité comme règles de fonctionnement. Chez nous, il n’y a pas de carte de membre, on se tutoie, les lieux de réunions changent régulièrement, on échange par mail, on peut prévenir de sa présence au dernier moment et le surdiplômé n’est pas plus important que l’étudiant, l’artisan ou l’autodidacte. L’élitisme de la Bulle réside davantage dans la qualité humaine de ses membres, à laquelle nous attachons la plus grande attention, que dans la valeur du compte en banque ou du job occupé. Car au final, les collaborateurs d’aujourd’hui sont les décideurs de demain.
C’est en raison de ces principes de simplicité et de respect que des membres prestigieux comme des grands capitaines d’industrie ou des hauts fonctionnaires sont venus nous rejoindre sans que nous les ayons sollicités.
Par ailleurs, la notion d’humilité nous tient à cœur. Comme le dit Gabin dans sa chanson «la seule chose que nous savons, c’est qu’on ne sait pas grand-chose !». Chez nous, «les donneurs de leçon» n’ont pas leur place. En revanche, ceux qui souhaitent se mettre au service des autres répondent parfaitement à notre ligne de conduite. C’est encore une de nos forces. Ceci nous a permis d’aider une petite dizaine de nos membres à retrouver du travail, grâce au bouche-à-oreille et au réseau dont nous disposons.

Qu’apporte la mixité sphère publique, sphère privée ?
Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que ces deux mondes gagnent à mieux se connaître aussi bien en terme de fonctionnement qu’en terme de compétitivité et de performances. Nous sommes atterrés de voir qu’entre le public et le privé, les regards sont souvent ceux de chiens de faïence. Cela permet de franchir les barrières culturelles qui séparent malheureusement ces deux mondes dans notre pays et qui l’empêchent de se réformer et de continuer à compter dans la compétition économique internationale. Quand nos lobbyistes français et nos politiques comprendront que le public et le privé peuvent échanger et se respecter sans se corrompre, nous aurons alors fait un très grand pas.

Vous accueillez régulièrement de prestigieux invités. Comment la sélection s’opère-t-elle ?
A priori, il n’y a aucune sélection sauf celle de la simplicité et du respect. Nous partons du principe que tous les sujets peuvent enrichir nos membres dans leur réflexion au quotidien, qu’ils soient de simples particuliers ou des professionnels. Les invités sont sollicités soit en raison de leur actualité soit parce qu’ils ont un discours fait de convictions et une expérience qui permet d’illustrer ces dernières.

Sur quelles thématiques portent vos échanges ?
Les thèmes sont très variables et dépendent de ce que nous demandent et nous proposent nos membres. Au cercle de la Bulle, tous les membres ont un rôle à jouer. L’apporteur d’idée devient, de facto, chef de projet et travaille avec ceux qui sont intéressés par le sujet. Il n’y a pas de mauvais thèmes dès lors que l’intervenant est un passionné.

Comment se déroule concrètement un dîner-débat ?
En général, la soirée se déroule en trois temps. Premier temps : un apéritif qui permet aux adhérents de se reconnecter et de faire connaissance avec les nouveaux venus. Deuxième temps : la présentation de l’invité, son intervention et les questions-réponses. Le troisième temps est consacré aux adhérents. Il a été pensé pour eux. Il sert à échanger sur tous les sujets que les membres souhaitent aborder, soit en tête à tête soit en petits comités. Ceci est facilité par la remise d’une liste des présents et de leurs fonctions en début de repas.

Quelles sont les modalités d’inscription au club ?
Elles sont dans le même esprit que le fonctionnement de notre organisation. Par conséquent, elles sont basées sur la simplicité. Toute personne ayant le même état d’esprit, amical, convivial et humble, qui anime les membres de la Bulle peut adresser sa demande par mail (avec CV et lettre de motivation). S’ensuit un entretien avec le président, ou le secrétaire général, qui valide ou non l’adhésion.

Quels sont vos prochains évènements ?
Le dernier intervenant était un ministre de premier plan. Nous devrions bientôt accueillir un des responsables des forces militaires françaises au Liban dans un haut lieu de notre histoire militaire. Le début de l’année prochaine devrait, quant à lui, nous amener à investir de nouveaux domaines avec un sportif de haut niveau puis un très haut magistrat et peut-être une artiste qui n’a pas sa langue dans sa poche. Vive la diversité.

Propos recueillis par R.B.

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