Interview de Louis Thannberger : Spécialiste des introductions en bourse

Louis Thannberger

Spécialiste des introductions en bourse

Je suis le premier à me réjouir de la création de la bourse des PME

Publié le 25 Juin 2013

Vous poussez depuis trente ans des entreprises à s’introduire en bourse. Pourquoi ?

Parce qu’il est prouvé qu’une entreprise cotée avance plus vite qu’une autre. C’était vrai il y a vingt, ça le reste aujourd’hui à l’heure où les PME sont de plus en plus tournées vers l’international. Pour se développer à l’étranger, les entreprises ont besoin de visibilité et de crédibilité, deux choses essentielles que leur apporte la bourse. Bien sûr, cela permet aussi de lever des fonds auprès d’investisseurs institutionnels et particuliers. L’épargne est aujourd’hui mondialisée, elle s’investit là où il y a le plus d’opportunités. Aujourd’hui, alors que nous assistons à un bouleversement de l’histoire, à un déplacement du centre de gravité du monde, la globalisation offre à toute une nouvelle génération de chefs d’entreprise et leurs métiers un terrain de jeu pour ainsi dire sans limite.

Comment expliquez-vous le faible nombre d’IPO ces dernières années à la Bourse de Paris ?

Le nombre d’introductions en bourse a été divisé par 5 voire 10 en dix ans – dans presque tous les autres pays on assiste au phénomène inverse – et le nombre d’actionnaires individuels est passé dans le même temps de 7 à 4 millions. C’est catastrophique. Une place financière qui ne renouvelle pas sans cesse son tissu boursier est une place financière morte. La place de Paris raisonne trop en fonction du CAC 40, or le CAC 40 ne représente plus la France ! L’essentiel de son chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger et le capital est contrôlé par des étrangers. J’ajoute que depuis l’effondrement du Nouveau Marché et de la bulle internet, rien n’a été fait pour attirer à nouveau les particuliers vers la bourse.

Que pensez-vous de la Bourse des PME récemment lancée par Euronext ?

Je suis le premier à me réjouir de la Bourse des PME. Attirer des entreprises vers la bourse, pas seulement à Paris mais aussi en région, c’est exactement ce que je fais depuis trente ans ! Je prévois d’ailleurs d’introduire trois entreprises sur Enternext avant la fin de l’été. La première est une société du Nord-Pas-de-Calais, Umalis, spécialisée dans le portage salarial. Elle a triplé son chiffre d’affaires entre 2009 et 2011 et prévoit de s’implanter prochainement en Tunisie, en Chine et au Brésil. La seconde, Universal Energy Group, basée à Lyon, se positionne sur le marché en pleine croissance des panneaux solaires et des pompes à chaleur. C’est un marché qui devrait tripler au cours des trois prochaines années en France. La troisième entreprise est lyonnaise elle aussi, il s’agit d’un réseau international de cuisiniers de renom, baptisé Les Toques blanches du monde, qui ambitionne de faire découvrir la gastronomie française et étrangère à travers des événements dans le monde entier. Ce sera la première société dans le secteur gastronomique à s’introduire en bourse, d’abord à Paris puis à Hong Kong.

Propos recueillis par François Schott