Interview de Evelyn  Herrmann : Economiste spécialisée sur l'Allemagne au sein de BNP Paribas

Evelyn Herrmann

Economiste spécialisée sur l'Allemagne au sein de BNP Paribas

Allemagne : nous anticipons une croissance du PIB de 0,6%pour 2013 et de 1,6% pour 2014

Publié le 03 Septembre 2013

Quel regard portez-vous sur l économie allemande a ce jour ?
Après six trimestres de croissance a 0,2% en moyenne, le dernier trimestre s'est avéré plus dynamique en Allemagne essentiellement en raison d'un effet de rattrapage de l’activité consécutivement a un hiver rude.
Les derniers indicateurs de sentiment semblent témoigner d'une amélioration à venir de la situation a la fois en Allemagne et dans la zone euro. Nous nous attendons ainsi à une continuation de la tendance positive. Nous tablons au cours des prochains trimestres sur une hausse de l’économie proche de son potentiel, de 0,4% par trimestre.

Selon vous la demande intérieure est plus robuste ?
Les consommateurs allemands sont plus optimistes. Ils sont relativement sereins concernant la situation sur le marché de l’emploi. Ils sont alors davantage en mesure de planifier des dépenses importantes. Cette évolution est structurelle même si elle est très progressive.

Qu’en est-il de l’investissement des entreprises ?

Au delà de l investissement résidentiel, l’investissement des entreprises dans le capital productif devrait s'intensifier. Les entreprises allemandes ont longtemps attendu d’avoir un environnement plus visible pour agir dans ce domaine. Il apparaît que cela soit dorénavant le cas.
La conjoncture dans l’ensemble de la zone euro s'inscrit dans un processus de redressement. La dégradation des fondamentaux est mois forte dans les pays de la périphérie. Cette embellie devrait profiter aux exportations allemandes qui sont destinées à environ 40% aux pays membres de la zone euro.

Quelles prévisions de croissance envisagez-vous pour cette année et pour l année prochaine ?
Nous anticipons une croissance du PIB pour 2013 de 0,6%. Elle devrait ensuite s établir a 1,6% en 2014.

Vous attendez-vous a des effets sur l’économie des résultats des élections du 22 septembre prochain ?
Il est fort probable qu’Angela Merkel remporte ces élections. Si tel est le cas il ne devrait pas y avoir au cours des six prochains mois beaucoup de changements concernant l’économie intérieure, notamment au niveau de la fiscalité. Le processus de compagne électorale est d ailleurs très calme.

Quelles sont les principales forces et les principaux risques pour l’économie ?
Malgré un accroissement du coût unitaire du travail, la compétitivité allemande reste très élevée. L’Allemagne est encore très bien positionnée sur le plan des exportations. Le moindre regain de croissance à l’extérieur des frontières se transmet intra muros.
De plus le niveau historiquement bas du taux de chômage qui devrait perdurer pousse les Allemands à demeurer très confiants sur leur devenir professionnel et contribue ainsi à maintenir une demande intérieure très soutenue.

S'agissant des risques, il y a en premier lieu la menace relative a l’évolution de la situation au sein de la zone euro. Nous ne sommes pas à l’abri d un nouvel événement défavorable qui détériorerait le sentiment sur le climat des affaires. De nombreuses décisions politiques sont attendues en Grèce, au Portugal, en Irlande.
Un autre risque est lié à la stratégie de sortie de la Fed de sa politique monétaire ultra accommodante. Des impacts peuvent être ressentis sur la zone euro et donc sur l’Allemagne.
Enfin, les difficultés rencontrées par les pays émergents peuvent également influer négativement sur l’économie allemande.

Quels sont les secteurs qui devraient le plus profiter de cette embellie macroéconomique ?
Nous ne faisons pas vraiment d’analyse sectorielle. Ce que l’on peut affirmer c'est que le secteur de l immobilier continuera à constituer un secteur stratégique important. Par ailleurs, le secteur bancaire n est pas une source de préoccupation à ce stade pour l’état de santé de l’économie.

Propos recueillis par Imen Hazgui