Interview de Didier Roman : Gérant du fonds Tocqueville PME (Tocqueville Finance)

Didier Roman

Gérant du fonds Tocqueville PME (Tocqueville Finance)

Le segment des small cap abrite de vraies pépites

Publié le 11 Décembre 2013

Pouvez-vous nous présenter le fonds Tocqueville PME dont vous êtes en charge ?

Nous avons lancé Tocqueville PME en novembre 2013 après plusieurs mois de réflexion autour du financement des PME. Il s’agit d’un fonds de valeurs françaises (75%) et européennes (25%), qui s’adresse essentiellement à des clients particuliers. L’encours initial était de 7 millions d’euros, il est aujourd’hui de plus de 12 millions. L’équipe de gestion, composée de deux gérants et moi-même, gère d’autres fonds chez Tocqueville Finance mais nous ne souhaitons pas reproduire les fonds existants. Outre les critères d’éligibilité au PEA-PME (moins de 5000 salariés, chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros, bilan inférieur à 2 milliards), nous sélectionnons dans ce fonds des valeurs dont la capitalisation boursière est inférieure à 500 millions d’euros, ce qui correspond au segment des « small cap ». Nous avons ainsi investi sur de très petites valeurs dont nous sommes convaincus du potentiel.

Pourquoi ce positionnement sur les « small caps » ?

Les gérants ont délaissé ce segment ces dernières années bien qu’il abrite de vraies pépites. La crise de la zone euro a favorisé un repli vers les plus grosses capitalisations, davantage tournées vers l’international. Aujourd’hui les PME françaises et européennes bénéficient de la reprise des marchés de la zone euro. Certaines valeurs que nous avons en portefeuille ont pris 30% depuis la publication de leurs résultats du troisième trimestre ! Mais dans l’ensemble, les valorisations restent raisonnables : les small&mid cap françaises se traitent à 13 fois les résultats attendus pour 2013, légèrement en-dessous de leur moyenne historique (13,5 fois).
Le gisement offre un large choix de secteurs et nous veillons à ce que de très nombreux secteurs économiques soient présents dans le fonds. J’ajoute que les petites valeurs sont assez faciles à suivre. Ce sont généralement des entreprises mono-activité voire mono-client, ce qui permet d’avoir une vision assez précise de leurs perspectives. Nous sommes en contact direct avec leurs dirigeants.

Comment est assurée la liquidité du fonds ?


Le fonds a une valeur liquidative quotidienne, c’est-à-dire que les clients peuvent y souscrire ou en sortir à tout moment. Du point de vue de la gestion, cela impose de respecter certaines règles. C’est un fonds très « dilué » : nos plus grosses lignes pèsent environ 2% du fonds et si l’une d’entre elles dépasse 5%, nous la revendrons. Nous avons aujourd’hui une quarantaine de titres en portefeuille et nous voulons monter rapidement à 60, voire 70 valeurs. Toujours pour des raisons de liquidité, nous excluons d’investir dans le non coté, même si cette possibilité existe dans les statuts du fonds.

Pouvez-vous donner quelques exemples de valeurs du portefeuille ?


Nous avons investi dans Actia, Altamir, Auféminin.com, Axway, Bigben Interactive, ESI Group, Euromedis, …, mais il y a encore beaucoup d’idées d’investissement. Comme je l’ai déjà dit, le gisement est très important, en France mais aussi en Europe. Dans le secteur automobile, nous nous intéressons par exemple à Plastique du Val de Loire. C’est un petit équipementier qui bénéficie aujourd’hui du retournement du marché automobile européen.

Quel sera selon vous l’impact du PEA-PME sur cet univers des small&mid caps ?


L’afflux de liquidités sur ce segment devrait entraîner une appréciation des titres. Par ailleurs, le coût du capital pour les entreprises va baisser, ce qui incitera certaines d’entre elles à investir. Les entreprises les plus solides rachèteront celles qui sont en difficulté, et participeront ainsi à une consolidation du tissu industriel. Cela permettra d’attirer de nouveaux investisseurs.

Propos recueillis par François Schott