Interview de Jean-Philippe  Ruggieri : Directeur général adjoint, en charge de l'immobilier résidentiel, chez Nexity

Jean-Philippe Ruggieri

Directeur général adjoint, en charge de l'immobilier résidentiel, chez Nexity

Nous espérons beaucoup des prochaines annonces faites par le gouvernement en matière de logement

Publié le 25 Juillet 2014

Quels commentaires vous inspirent vos résultats du premier semestre ?
Nous pouvons considérer que nos résultats pour le semestre sont plutôt bons compte tenu de l’environnement dans lequel nous évoluons.
Sur le terrain de la promotion, le taux de marge est identique à celui du premier semestre de l’année dernière ce qui constitue une bonne nouvelle dans le contexte économique que nous connaissons aujourd’hui. Deux principales raisons à cela. Tout d’abord le manque d’offre en France et donc une stabilité des prix. Ensuite, depuis 2013 nous avons engagé sur le coût de construction un important travail de standardisation et de référence de produits d’équipements des appartements qui nous a permis d’économiser plusieurs millions d’euros.
Sur le front des ventes au détail, la performance est moindre qu’en 2013 en raison d’un marché déclinant. Celui-ci pourrait terminer l’année à -6%, compensées par les ventes en bloc, ce qui nous permet de terminer le premier semestre à +2% par rapport au premier semestre 2013. Nous avons été aidés par notre activité de vente en bloc particulièrement dans le domaine des résidences hôtelières à vocation sociale et autres Résidences Services Seniors, sociales ou non.

Comment expliquez-vous une baisse des ventes en valeur de 5% avec une hausse en volume de 2% ?
Alors que les ventes se sont maintenues à leur niveau de 2013 dans les régions elles ont baissé en Ile de France. Or les prix sont plus élevés au sein de cette dernière zone géographique. De plus, les ventes en bloc présentent des prix de vente qui sont en absolu plus faibles avec, par ailleurs une TVA pour les biens à utilité sociale de 5,5% au lieu de 20%.

Avec quel sentiment débutez-vous le second semestre ?
Nous espérons beaucoup des prochaines annonces faites par le gouvernement, notamment au sujet du reclassement du zonage du plafonnement des loyers Duflot mais aussi une amélioration de 1 euro à 2 euros serait souhaitable. L’Ile de France est très prisée par les investisseurs particuliers. Cependant la limitation des loyers fait que la rentabilité locative n’est pas encore assez incitative pour entrainer un retour massif. Seules des mesures gouvernementales allant dans le bon sens pourraient redonner de l’appétit. Par ailleurs, une nette amélioration du système PTZ est attendue en région pour l’accession à la propriété en zone B1, B2 et C.

Cette amélioration de tendance suppose de ne pas reprendre en Ile de France ce qui a été distribué par ailleurs…
Parallèlement aux changements opérés dans les zones jugées sensibles, la volonté est perceptible de durcir les conditions en Ile de France. Ce serait là une erreur susceptible de casser une dynamique qui ne s’est pas encore créée.

Etes-vous confiants au sujet de ces mesures gouvernementales ?

Ce qui est intéressant à signaler c’est que nous avons des discussions constructives, emprunt de lucidité avec les personnes en charge du dossier. Il y a une véritable détermination à ne pas se contenter d’une politique politicienne et à concevoir une politique qui créé du logement et de l’emploi. Nous ne sommes pas mis a priori sur le banc des accusés comme défendant des intérêts particuliers privés au détriment de l’intérêt général. Les visions qui sont basées sur des simulations sérieuses réalisés en propre rejoignent par de multiples aspects les nôtres.

Toutefois selon la ministre Duflot, il est à regretter que les aides au logement en Ile de France : PTZ et allégement fiscal sur l’investissement locatif sont annihilés par le prix des logements ?
Cela est inexact. Les biens commercialisés en Ile de France sont à 90% sont des logements anciens qui ne bénéficient pas de ces aides. Leur cherté est surtout la conséquence de la rareté de l’offre.

Avez-vous des objectifs pour l’année ?
Notre objectif est d’atteindre 10 000 logements en promotion immobilière résidentielle. Nous avons une cible de taux de marge attendue stable. Parce que nous devons prendre en compte naturellement plus de charges fixes au premier semestre, et que l’activité s’avère plus soutenue au second semestre car nous livrons les logements traditionnellement en fin d’année, le taux de marge au second semestre sera supérieur à celui du premier. Cela nous permet de confirmer au total notre objectif Groupe à 170 M€ de résultat d’exploitation au moins.

Quelles principales thématiques devraient rythmer votre activité au cours des prochains mois ?
Nous allons continuer à travailler sur le coût de construction et espérons être en mesure de chercher des prix plus intéressants pour nos clients.
Nous nous efforcerons de poursuivre l’histoire de l’autopartage qui n’en est qu’à ses débuts. Nous envisageons de lancer huit tests à la rentrée pour évaluer l’utilisation de ce service. Si les conclusions s’avèrent positives, cela pourrait avoir des conséquences notables sur le coût de construction et le coût du logement. Dans les résidences où il est demandé habituellement 1 ,5 place de parking par logement, nous pourrions nous passer de 0,5 place.
Nous accentuerons notre intérêt pour le marché de l’immobilier d’entreprise et chercherons entre autre à multiplier la réalisation de bureaux Ywood, tout en bois. Nous avons d’ailleurs livré la première grosse opération à la société Orange à Aix en Provence ce premier semestre.

Doit-on s’attendre à de nouvelles acquisitions ?
Nous avons acquis au cours de la première partie de l’année deux entités Oralia dans les services et Perl dans le démembrement en nu propriété-usufruit locatif social. Nous demeurons en veille constante, à l’affut de toute opportunité éventuelle. Notre trésorerie et notre dette-avec un emprunt obligataire de 171 millions d’euros sursouscrite quatre fois-nous laissent une marge de manœuvre suffisante.

Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Le logement est porté dans notre groupe par 23 filiales différentes. Cette organisation de PME résiste mieux que toute autre organisation à des moments difficiles comme ceux qu’on vit. La résilience de nos volumes et le travail effectué sur le terrain pour garder le juste prix, le juste produit, la juste marge est assez remarquable.


Propos recueillis par Imen Hazgui