Interview de Christian  Cassayre : Directeur financier du groupe Eiffage

Christian Cassayre

Directeur financier du groupe Eiffage

Si nous respectons nos objectifs de 2014, un relèvement de notre dividende n'est pas exclu

Publié le 02 Septembre 2014

Vous venez de publier vos résultats semestriels. Quels commentaires vous inspirent ces résultats ?
La progression de notre résultat opérationnel de 7,3 %, à 556 millions d'euros est liée à la fois à nos métiers de travaux et à nos métiers de concessions, essentiellement grâce nos efforts en termes de productivité, à la maîtrise de l’exécution des grands projets en cours ainsi qu’à la bonne gestion de nos frais généraux et de nos frais de structure.

Quels ont été les principaux évènements qui ont rythmé votre activité ces six premiers mois de l’année ?
Sur le front des travaux effectifs significatifs nous pouvons évoquer l’avancée de la ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire reliant Le Mans et Rennes. Nous avons réalisé 90 % des terrassements. Et le chantier, dont le budget global représente 3 milliards d’euros, est avancé à près de 50 %. Le planning et le budget d’exécution sont respectés.

Sur le plan commercial, nous avons répondu à plusieurs appels d’offres des premiers lots du Grand Paris. Nous sommes encore à l’étude sur d’autres appels d’offres.
Nous avons été adjudicataires de l’un des lots de ce projet ambitieux : le prolongement de la ligne de métro 14 entre Saint-Lazare et Clichy-Saint-Ouen. Les travaux démarrent. La visibilité de notre activité pour les semestres futurs a été renforcée.
Nous avons également été adjudicataires d’un premier contrat lié au programme d’investissement d’EDF autour du grand carénage des centrales nucléaires, l’extension de la durée de vie des centrales et la mise aux normes post Fukushima. Nous continuons à être mobilisés sur d’autres appels d’offres.
L’obtention de ces différents projets n’est pas le fait du hasard. Elle est l’aboutissement de projets que nous avions ciblés très en amont et étudiés en détail.

Vous avez également remporté un contrat pour la construction et l'exploitation de l'extension de l'autoroute à péage Dakar-Diamniadio au Sénégal…
L’histoire d’Eiffage au Sénégal est assez ancienne. Nous avons depuis longtemps (90 ans cette année) une filiale qui réalise des travaux de génie civil et de bâtiments.
Grâce à cet ancrage local, nous avons obtenu en concession une nouvelle section d’autoroute dont nous avions réalisé au préalable un premier tronçon et une extension.
La partie ouverte à la circulation est un succès : elle est fréquentée quotidiennement par 54 000 véhicules.

Qu’en est-il de vos perspectives financières ?
Nous escomptons toujours une légère croissance du chiffre d’affaires sur l’année et une progression du résultat opérationnel courant et du résultat net, tel qu’annoncé en début d’année.

Vous avancez aussi une baisse de votre endettement ?
En 2011, nous avions signalé que nous pourrions nous désendetter d’un montant de près de 2 milliards d’euros sur cinq ans. Nous confirmons cette cible. En trois ans, nous avons réduit notre dette de 1,1 milliard d’euros.

Quels évènements devraient rythmer les prochains mois de l’année ?
Sur le plan commercial, de belles signatures de contrats devraient rythmer nos activités pour les semestres à venir.
Nous sommes sur des offres de partenariats public-privé ou de projets en conception-construction sur lesquels nous avons bon espoir de voir une issue favorable.

Selon certains analystes qui ont commenté vos résultats, les récentes opérations de refinancement de la lourde dette d'Eiffage devraient déboucher une sur économie de frais financiers de 15 à 30 millions d'euros en 2014, ce qui représenterait de 5 à 10 % du résultat net attendu en 2014.

Il convient au préalable de préciser que notre dette est à 95 % sans recours sur Eiffage, logée dans des sociétés de concessions ou de PPP, dont les cash-flows récurrents en assurent le remboursement. Nous avons refinancé des tranches de dette qui arrivent à échéance en 2014 à des conditions plus favorables que celles qui prévalaient au moment où nous avions contracté ces dettes. Nous devrions donc avoir une baisse tendancielle des frais financiers liés, qui devrait être particulièrement conséquente à partir de 2015. L’impact sur 2014 sera faible compte tenu de frais de portage.
Nous avons également annoncé lors de la réunion des analystes, qu’au tout début de l’année prochaine, nous refinancerions, avec deux années d‘avance, la dette d’Eiffarie qui devrait avoir des répercussions positives sur les frais financiers dès 2016.

Quel regard portez-vous sur le parcours de votre cours de bourse en hausse de 17 % depuis janvier ?
La hausse de notre cours de bourse est liée à l’augmentation de notre performance financière anticipée par le marché sur fond d’un redressement progressif des marges des travaux et d’un trafic autoroutier dynamique et confirmée par nos résultats semestriels.
Il y a eu des transactions de marché sur des cessions de participations dans des autoroutes françaises qui ont été valorisées et qui ont eu indéniablement un impact sur notre cours de bourse.

Selon les analystes, votre cours de bourse devrait profiter de nouvelles positives d'ici 2015, dont de meilleures performances financières d'Eiffarie, les activités autoroutières menées en association avec le fonds d'investissement australien Macquarie ?
Les impacts favorables liés à notre filiale Eiffarie, la structure de contrôle des autoroutes, découleront du deuxième refinancement évoqué plus haut.

Un dernier mot pour vos actionnaires ? Qu’en est-il de l’évolution de votre politique de distribution ?
Depuis plusieurs années, notre dividende est resté stable malgré des fluctuations au niveau de nos résultats.
Si nous respectons nos objectifs de 2014, un relèvement du dividende (que nous pourrions proposer au Conseil) n’est pas exclu, si nous avons le sentiment de pouvoir le maintenir – a minima – dans la durée.

Propos recueillis par Imen Hazgui