Interview de David Ganozzi : Gérant Allocation d'actifs, Fidelity Worldwide Investment

David Ganozzi

Gérant Allocation d'actifs, Fidelity Worldwide Investment

Un cocktail positif pour les actions européennes en 2015

Publié le 13 Janvier 2015

L’année 2014 a été globalement favorable aux marchés actions que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon. Qu’en sera-t-il en 2015 ?
Nous pensons que les actions vont continuer à surperformer les autres classes d’actifs. Nous restons positifs, à court terme, sur les marchés américain et japonais. L’Europe est encore sous-pondérée dans nos portefeuilles mais il y a des signes d’amélioration au niveau macroéconomique. La division par deux du cours du pétrole au cours des six derniers mois est une très bonne nouvelle pour les économies développées. Cela va soutenir la demande et le pouvoir d’achat. La baisse de l’euro est également un élément de soutien pour la plupart des entreprises européennes, même si elle ne se traduit pas encore par une hausse de l’investissement. D’une manière générale la confiance fait encore défaut parmi les consommateurs et les chefs d’entreprise de la zone euro. Mais il y a un cocktail favorable aux actions européennes.

La Banque centrale européenne pourrait annoncer le 22 janvier prochain un programme de rachat de dettes souveraines. Serait-ce le signal pour vous d’un retour plus massif vers les actions européennes ?
Je pense que les attentes concernant un éventuel « quantitative easing » de la BCE sont un peu exagérées. En lançant son QE la Réserve fédérale américaine avait pour but d’éviter un assèchement du crédit et d’assurer la liquidité du système financier après la crise de 2008, or la situation aujourd’hui dans la zone euro n’est pas comparable. Les taux souverains sont au plus bas, il n’y a donc pas d’urgence à racheter des obligations d’Etat. Cela peut avoir un effet bénéfique à court terme sur les marchés mais je ne pense pas que cela agisse sur la confiance des ménages et des entreprises.

Craignez-vous une sortie de la Grèce de la zone euro ?
Je ne pense pas que la Grèce sortira de la zone euro, même en cas d’arrivée au pouvoir du parti Syriza. Ce dernier cherchera un terrain d’entente avec les autres pays européens sur les conditions du remboursement de sa dette. Du reste, le débat sur les politiques d’austérité existe dans d’autres pays européens. Il est probable qu’on aille va vers un peu moins d’orthodoxie à court terme, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour la croissance dans la zone euro.

Quels sont les risques à la baisse pour cette année ?

J’en vois deux. D’une part, une remontée plus brutale que prévu des taux directeurs américains. Cela aurait des conséquences sur les actions, y compris sur les marchés européens. Il faudra également surveiller l’évolution de la situation en Russie. Le pays entrera en récession 2015 avec des conséquences encore mal établies sur les entreprises européennes. En outre il va falloir réapprendre à vivre avec la volatilité qui, après avoir quasiment disparu au cours des dernières années, a fait son grand retour depuis six mois. Cela ne remet en cause notre perspective positive sur les marchés actions mais cela peut donner lieu à des « trous d’air » - des baisses de marché de 10% ou plus- parfois inexplicables.

Quels pays privilégiez-vous en cas de reprise économique dans la zone euro ?
Nous n’avons pas de préférence sur le plan géographique. Les marchés les plus cycliques en Europe sont les marchés nordiques. J’aurais tendance à dire qu’ils profiteront les premiers d’une embellie macroéconomique. A contrario la Suisse est un marché très défensif. D’une manière générale les valorisations en Europe restent raisonnables.

Propos recueillis par Imen Hazgui