Interview de Leslie Griffe de Malval : Co-gérant du fonds Fourpoints Info Tech chez Fourpoints Investment Managers

Leslie Griffe de Malval

Co-gérant du fonds Fourpoints Info Tech chez Fourpoints Investment Managers

La hausse du cours de Google, Apple et Facebook est tout à fait justifiée

Publié le 18 Mai 2015

Quelle est la philosophie de gestion du fonds Fourpoints Info Tech et comment sélectionnez-vous les valeurs qui le composent ?
Fourpoints Info Tech est un fonds actions monde spécialisé dans les technologies de l’information. La mobilité, le cloud computing, les data centers, internet,…créent des ruptures technologiques et sont source de mutations industrielles profondes et puissantes. La gestion identifie - parmi ces thèmes d’investissement – les plus porteurs à 3-5 ans, puis sélectionne les « gagnants » pour construire un portefeuille d’une quarantaine de titres. Les titres peuvent être sélectionnés sur toutes les places mondiales pourvu qu’elles présentent un fort potentiel de croissance. Nous sélectionnons en majorité des moyennes capitalisations (entre 1 et 10 milliards d’euros de capitalisation boursière).

L’Europe ne représente que 10% des lignes du fonds contre près de 70% pour les Etats-Unis. Les opportunités d’investissement sont-elles si rares sur le Vieux Continent?
Les valeurs technologiques ne représentent que 3,4% de l’Eurostoxx600 contre près de 20% du S&P 500. Le vivier est donc beaucoup plus important outre-Atlantique où les valeurs technologiques sont incontournables. En Europe le secteur technologique comporte beaucoup de petites capitalisations ce qui peut poser des problèmes de liquidité dans le cadre la gestion d’un portefeuille thématique. Les équipementiers télécoms comme Alcatel-Lucent, Ericsson ou Nokia font partie des ‘large cap’ mais ils sont attaqués sur leurs marchés par de nouveaux acteurs, notamment asiatiques, c’est pourquoi nous nous tenons à l’écart de ces valeurs.

Quelles sont vos principaux paris en Europe ?

Nous aimons les valeurs centrées sur les services et applications, comme le français Criteo. Depuis son introduction sur le Nasdaq en 2013 le groupe n’a pas déçu les attentes placées en lui. Ses revenus ont bondi de 70% en 2014 et les perspectives sont très favorables avec de nombreux clients à conquérir dans le monde. Pour mémoire Criteo aide les annonceurs à augmenter leurs ventes grâce à un ciblage personnalisé des bannières publicitaires sur Internet. Dialog Semiconductor fait également partie de nos valeurs préférées. Cette société anglo-allemande est le fournisseur unique de puces de gestion de puissance pour les iPhone et iPad d’Apple. Toujours dans le secteur des semi-conducteurs, une société peu connue des investisseurs généralistes est ARM Holdings. L’entreprise basée au Royaume-Uni vends des licences et touche des royalties, sur chaque puce produite basée sur sa propriété intellectuelle, aux fabricants de puces comme Qualcomm ou STMicroelectronics. Il s’agit d’un business model très lucratif avec des parts de marché très importantes dans le domaine des terminaux mobiles.

L’engouement actuel pour les valeurs technologiques américaines ne préfigure-t-il pas une nouvelle bulle internet ?
Il faut distinguer les entreprises déjà cotées et les autres. La hausse du cours de Google, Apple ou encore Facebook est tout à fait justifiée par la forte croissance de leurs bénéfices. Prenons le cas de Facebook : en 2014 le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 58% pour un bénéfice quasiment doublé. La marge opérationnelle se situe à 40%, près de cinq fois la moyenne du CAC 40 et trois fois celle du S&P 500. En outre, beaucoup détiennent une trésorerie importante ce qui rend leur valorisation boursière encore plus attrayante si l’on retire le cash de la capitalisation. Par exemple, le PER (price earning ratio, ndlr) de Google n’est que de 16 fois les bénéfices à fin 2015 en tenant compte de cet effet, contre 19 fois si on fait le calcule non retraité du cash (le PE du S&P500 étant de 18). J’ajoute que ce ratio a tendance à baisser au fil du temps.
La question de la valorisation des sociétés par le private equity est plus délicate. Jusqu’à présent le maximum atteint par des sociétés non cotées était de 1 milliard de dollars. Aujourd’hui Airbnb est valorisé à 10 milliards de dollars, Uber à près de 50 milliards. Ces valorisations augmentent le risque de déception lorsque ces sociétés s’introduiront en bourse. Cependant il est difficile aujourd’hui d’évaluer la taille de leur marché ce qui pousse certains investisseurs à prendre le risque.

Propos recueillis par François Schott