Interview de Eric Beard : PDG de Cellnovo

Eric Beard

PDG de Cellnovo

Nous faisons face à une forte demande en Europe, de la part des patients et des organismes assureurs

Publié le 07 Juillet 2015

Pouvez-vous nous présenter Cellnovo, la société que vous dirigez et qui s'est introduite sur Euronext le 14 juillet ?
Cellnovo a développé un système innovant d’injection d’insuline qui simplifie la vie et améliore le suivi des patients diabétiques. Il s’agit d’une pompe-patch qui peut se porter à différents endroits du corps et délivre les doses adéquates en fonction de l’état de glycémie du patient. Dix fois plus légère que les pompes à tube existantes, elle permet une liberté de mouvement mais aussi un suivi plus intuitif, grâce à une tablette tactile connectée. Celle-ci est d’abord destinée au patient lui-même, mais aussi à la famille et aux médecins grâce à la transmission automatique des données sur un serveur dédié. Ainsi le patient n’est plus seul face à sa maladie et ses proches peuvent s’assurer de l’observance de son traitement même à distance (c’est particulièrement important pour les enfants). Ce système a déjà séduit de nombreux patients en France et au Royaume-Uni, où il est commercialisé depuis l’année dernière et est remboursé à 100%, comme dans la plupart des pays que nous visons.

Quelle est la taille de votre marché ?
Cellnovo s’adresse en priorité aux patients diabétiques de type 1 qui ont un besoin quotidien d’insuline, soit 3,5 millions de personnes aux Etats-Unis / Canada et dans les principaux pays européens. Le marché des pompes ciblé par Cellnovo est large et bien identifié. Il concerne plus de 610 000 personnes dans ces zones géographiques, soit un marché de 2,2 milliards de dollars. Ce marché présente un potentiel de croissance très important car seuls 17% en moyenne des diabétiques de type 1 sont aujourd’hui équipés de pompes, les autres patients ayant encore recours à de multiples injections quotidiennes. Nous pensons que notre système, par sa simplicité d’utilisation et sa technologie de rupture, va les aider à sauter le pas.

Qui sont vos concurrents ?
Nous avons un concurrent américain, Insulet, qui propose une pompe sans tube mais non-connectée. Avec la dimension ‘e-santé’, nous apportons une nouvelle technologie et une amélioration du traitement. Nous pensons ainsi pouvoir contribuer à l’expansion du marché des pompes à insuline qui, comme je l’ai expliqué, est encore largement sous-pénétré. Aujourd’hui nous devons faire face à une forte demande en Europe et notre priorité est de répondre à cette demande. Nous venons ainsi de conclure avec Air Liquide Santé un accord de distribution de notre micro-pompe connectée dans plusieurs pays européens. Nous prévoyons ensuite de déposer une demande d’homologation auprès de la FDA américaine début 2016, pour une commercialisation en 2017, avant de songer à l’Asie.

A quoi vont servir les fonds levés lors de cette IPO ?
Sur les 31,5 millions d’euros levés (avant exercice de la clause d'extension et de l'option de surallocation, ndlr) un tiers servira à l’augmentation de nos capacités de production. Notre usine située au Pays de Galles ne peut plus absorber la demande, en forte hausse. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers un sous-traitant spécialisé, le groupe Flextronics, qui va fabriquer notre produit et automatiser la production. Les fonds de l’IPO serviront à financer l’achat des machines pour le compte de ce partenaire. Une autre partie des fonds, environ un tiers, sera consacré à la recherche-développement. Cellnovo fait partie du programme français Diabeloop visant à développer un pancreas artificiel, qui est le but ultime en matière de traitement du diabète insulino-dépendant. Nous voulons adapter nos logiciels et notre pompe à ce système de pancréas artificiel. Le dernier tiers de l’augmentation de capital servira à renforcer nos équipes commerciales en vue d’un développement soutenu à l’international.

Propos recueillis par François Schott