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Interview de Alexander Roose : Co-gérant du fonds DPAM INVEST B - Equities Sustainable Food Trends avec Tom Demaecker chez Degroof Petercam Asset Management

Alexander Roose

Co-gérant du fonds DPAM INVEST B - Equities Sustainable Food Trends avec Tom Demaecker chez Degroof Petercam Asset Management

Zoom sur le fonds DPAM INVEST B - Equities Sustainable Food Trends, un fonds durable investi sur toute la chaîne agroalimentaire

Publié le 10 Juillet 2020

Pouvez-vous nous rappeler l’objet du fonds DPAM INVEST B - Equities Sustainable Food Trends que vous gérez ?
L'objectif de ce fonds, créé en 2007, est d’offrir une exposition aux titres de participation au capital de sociétés impliquées dans l’ensemble de la chaine de valeur du secteur agroalimentaire, au sens large. Cette chaîne s'étend de la production d'aliments en ce compris les produits et les services qui contribuent à la production d'aliments jusqu'y compris la vente de produits alimentaires au consommateur. Les sociétés qui en raison de leurs activités telles que le stockage, le transport, l'emballage, le financement etc., apportent une valeur ajoutée à cette chaîne de valeur alimentaire, tombent dans le champ d'application de l'univers d'investissement.
Par secteurs apparentés, il y a lieu de comprendre, entre autres, les entreprises actives dans les plantations ou dans le secteur agricole en général. 
Chaine de valeur


Le processus d’investissement du fonds se distingue notamment par une place importante donnée au filtre ESG (environnemental, social, de gouvernance) …

Nous sommes convaincus que la croissance économique ne saurait être durable si elle se fait aux dépens de la préservation de l’environnement et de la cohésion sociale. En outre, nous sommes d’avis que la rentabilité à long terme des entreprises n'est possible que dans le respect des intérêts des différents acteurs tels que les salariés, les clients, les actionnaires, les prestataires de services ainsi que la société au sens large.
Il nous a alors paru évident que l'intégration de données extra financières liées aux dimensions ESG apporte une valeur ajoutée au processus d'investissement et profite donc à l'investisseur final.
La bonne appréhension des questions de durabilité est source d’opportunités mais également de maitrise des risques à long terme.

Cette prise en compte explicite de la dimension ESG s’est faite progressivement, avec une certaine montée en puissance. Elle a notamment coïncidé avec la décision d’exclure une société comme Monsanto de l’univers investissable...

Même s’il n’est pas isolé, il s’agit là d’un exemple emblématique.
Nous nous sommes aperçus rapidement de l’existence d’aléas liés à Monsanto auxquels nous ne souhaitions pas être exposés qui pouvaient déboucher sur des risques réputationnels et financiers significatifs. La suite de l’histoire nous a confirmé que nous avions raison.

Le filtre ESG se fait par le biais d’un système de notation.

Nous avons développé un modèle propriétaire de scoring des sociétés qui composent notre univers d’investissement.
Ces notations donnent un aperçu sur les fondements financiers et extra financiers qui nous ont poussé à retenir les titres dans lesquels nous sommes positionnés et à expliquer la pondération des différentes valeurs dans le portefeuille.

Ce renforcement de la dimension ESG n’a pas été sans incidence sur le portefeuille ?

Il a conduit le portefeuille à être plus concentré, autour de 35 titres, suffisamment pour monitorer comme il se doit nos convictions mais aussi pour être diversifié sur toute la chaine de valeur.

Dans votre processus d’investissement, vous n’hésitez pas à vous montrer contrariant le cas échéant…

En dépit de la prise en compte des critères ESG, nous nous efforçons de conserver un esprit ouvert, sceptique et à ne pas rejeter en bloc certains domaines d’activité qui de prime abord rencontrent mauvaise presse aux yeux de l’opinion publique.
Ainsi, nous avons conclu, après considération de l’ensemble des tenants et des aboutissants, que le débat autour de l’huile de palme ou du saumon ne recouvre qu’une partie des aspects du sujet, le plus souvent négatifs. Cependant, des arguments solides peuvent aussi être avancés à contre-courant.
Cet état de fait nous a conduit à nous positionner sur certaines sociétés liés à ces domaines.

Malgré votre préoccupation à vous intéresser à toute la chaine de valeur du secteur, ce fonds présente-t-il structurellement des biais sectoriels ou géographique ?

Nous avons un poids de risque maximum à toutes les étapes de la chaine de valeur de manière à éviter une surexposition sur un secteur donné.

Top 10 du portefeuille (fin mai 2020)
Ceci étant, le segment de la «Technologie alimentaire» apparait comme ayant le plus de poids dans notre allocation, depuis la création du fonds.
Nous avons été en capacité de trouver de multiples sociétés qui présentent des solutions durables intéressantes, par exemple dans le « food clean labels » (alimentation avec moins de graisse, moins de sucre, moins de sels).
Dans ce cadre, nous avons une exposition notable aux sociétés qui ont un savoir-faire dans la fermentation, et dont l’activité qui permet de remplacer graduellement les ingrédients synthétiques néfastes pour la santé, par des ingrédients naturels plus sains comme DSM, Chr Hansen, Corbion, Kerry... Ces sociétés parviennent à générer une croissance plus élevée que la moyenne du marché.

L’allocation géographique est une résultante de notre stock picking. Nous sommes actuellement davantage positionnés sur l’Europe car la food technologies est plus une spécialité européenne qu’américaine.

Quel a été l’impact de la crise du covid 19 sur votre allocation d’actifs ?

La crise sanitaire nous a clairement poussé à procéder à des ajustements.
Celle-ci a contraint de nombreux gouvernements à imposer des mesures de confinement sévères. Des millions de personnes se sont vus forcés de rester encloisonnés dans leur maison et ont dû changer leur manière de consommer.
Dès lors, nous avons observé un basculement brutal de la consommation en dehors du domicile vers la consommation à l’intérieur du domicile. Ce mouvement a été d’autant plus palpable que nous avions pu observer un trend structurel grandissant de consommation en dehors de chez soi.
Cette nouvelle configuration qui est de nature à perdurer, notamment du fait de l’essor du télétravail, nous a poussé à alléger notre exposition aux sociétés évoluant dans le domaine de l’hôtellerie, de la restauration ou de la distribution alimentaire.
Parallèlement, nous avons acheté une société comme Hellofresh, dédiée à la vente de kits de repas. Et nous avons constitué une ligne dans Nomad food, spécialisée dans la réfrigération des aliments.

Alimentation hors domicile versus Alimentation à l’intérieur du domicile

Quelle autre tendance avez-vous relevé découlant de la crise sanitaire ?

Les consommateurs ont clairement manifesté un regain d’appétit pour les produits destinés à renforcer leur système humanitaire, un segment sur lequel nous étions déjà très bien positionnés.
Nous avons ajouté dans ce sous thème une société canadienne, Jamieson Wellness.

Parallèlement à ces achats de titres, quelles valeurs avez-vous sorti du portefeuille ?
Nous avons été amenés à vendre la société Devro, cotée au Royaume-Uni. Pour le reste, nous avons surtout procédé à des allégements de titres.

Quelques entreprises du portefeuille

Pensez-vous réaliser d’autres modifications significatives dans votre allocation au cours des mois à venir ?

Il nous semble que nous avons effectué les ajustements requis. Le fonds est géré avec une optique défensive, un impératif de diversification et un horizon à long terme.
Ce n’est pas la première crise à laquelle nous faisons face. Et il faut faire attention de ne pas prendre de décisions trop hâtives. Il y a lieu de conserver une perspective.
A présent, il n’est pas exclu que nous renforcions les positions initiées si l’on se rend compte que notre analyse de performance est confirmée.
Il est également envisageable que nous renforcions notre positionnement sur des sociétés de packaging, le plastique bio dégradable, le carton recyclable… comme Tomra ou Sig Comblibloc (récente position).

Pensez-vous jouer davantage le thème de la consolidation dans le secteur ?

C’est une hypothèse vraisemblable. Dans ce cas, certaines sociétés du portefeuille pourraient clairement en tirer avantage comme Compass ou Sysco.

Quel contrôle faites-vous du risque de liquidité ?

C’est un risque que nous surveillons de près. Nous faisons continuellement attention que 95% du fonds soit à tout moment vendable dans les cinq jours. C’est un scénario extrême.
C’est à partir de cette règle, nous avons allégé de multiples sociétés qui avaient très bien performé en 2019.
Les nouvelles sociétés achetées offrent une très bonne liquidité. Elles sont relutives par rapport à la moyenne du portefeuille.

Valeur nette d'inventaire sur les 5 dernières années


 Vous pouvez accéder à la fiche valeur du fonds en cliquant ici.


 Consultez le dossier : L'Investissement Socialement Responsable selon Degroof Petercam AM





Imen Hazgui