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Interview de Adrien Roser : Gérant de portefeuille multigestion, en charge de l'ISR et de l'analyse extra-financière chez BPE, filiale de La Banque Postale

Adrien Roser

Gérant de portefeuille multigestion, en charge de l'ISR et de l'analyse extra-financière chez BPE, filiale de La Banque Postale

Mandat Easy Actions Citoyen : six indicateurs clés pour mesurer les impacts des investissements réalisés

Publié le 28 Juillet 2020

EasyBourse a confié à BPE en ce début d’année la gestion du mandat citoyen 100% ISR de son assurance-vie. Pouvez-vous nous rappeler quelle approche a été retenue pour sélectionner les fonds qui composent l’univers de ce mandat ?
Notre processus de sélection de fonds repose sur une approche cœur-satellite. Nous utilisons au cœur de nos mandats les fonds ISR émanant de la filiale membre du groupe auquel nous appartenons, La Banque Postale Asset Management.
En complément de ces fonds qui font référence, nous avons fait le choix d’inclure dans notre allocation, en périphérie, pour des considérations de complémentarité, des fonds provenant d’un nombre de partenaires relativement restreint, reconnus dans l’industrie de la gestion d’actifs, à l’instar de Sycomore Asset Management, Ofi Asset Management, Pictet...
Ces partenaires ont été choisis suivant une démarche soucieuse de préserver une cohérence dans l’approche ISR et dans la construction de portefeuille .

De quelle manière la complémentarité à laquelle vous faites allusion s’exprime-t-elle ?

Les fonds rattachés à LBPAM sont davantage des fonds focalisés sur les trois dimensions ESG (environnementale, sociétale, et de gouvernance) et sont majoritairement positionnés sur des grandes capitalisations européennes.
Les autres sociétés de gestion s’inscrivent dans une posture diversifiante, soit en privilégiant une des trois dimensions ESG par la mise à l’honneur d’une thématique spécifique (Pictet AM), soit en étant davantage investis à l’international et notamment aux Etats-Unis ou dans les pays émergents, soit en s’exposant principalement à des petites et moyennes capitalisations (Sycomore AM).

L’ensemble des fonds se caractérisent par l’obtention du label ISR de l’Etat français ? Pourquoi un tel impératif ?

Cette certification officielle est gage de qualité. Elle est octroyée par le Ministère de l’Economie et des Finances à l’issue d’un processus d’audit rigoureux pour une durée de trois ans.
Lorsque l’on s’intéresse de près à ce qui est vérifié par les autorités publiques pour délivrer ce label, on s’aperçoit qu’il donne une certaine garantie du respect effectif des bonnes pratiques en matière d’ESG des entreprises intégrées dans les fonds. L’analyse effectuée ne s’arrête pas aux annonces et aux bonnes intentions. L’implémentation des mesures en matière de développement durable et leurs répercussions concrètes sont minutieusement examinées. Ainsi, plus de 90% des fonds sélectionnés bénéficient du label ISR d’Etat.

Pourquoi ne pas avoir opté pour d’autres labels existants comme le label luxembourgeois ou le label belge que ce soit de manière exclusive ou complémentaire ?

Tout d’abord, nous appartenons à un groupe français, La Banque Postale. Et surtout, le label français nous a paru être le plus exigeant et en cela le plus qualitatif concernant les critères à réunir pour l’obtenir.

De manière à rendre compte de la performance de ce mandat, un reporting extra financier est proposé aux clients en plus d’un reporting financier. Quel est son objet ?

Nous avons conçu ce reporting il y a deux ans dans le but de réaliser une "transparisation" totale de l’ensemble des investissements exécutés dans le portefeuille et une mesure des impacts extra financiers de ces investissements par rapport à un indice de référence au fil du temps. Ce reporting donne ainsi la possibilité d’apprécier une certaine évolution de ces impacts.

Ce reporting tend à mettre en exergue la notion « d’impact » : de quoi s’agit-il ?

Cette notion d’impact extra financier permet de jauger de quelle manière l’argent investi dans un fonds a eu des effets positifs dans le monde dans lequel on s’inscrit (en contribuant à développer la biodiversité, les énergies propres, l'accès à la santé ou l’insertion des personnes éloignées de l’emploi par exemple).

En tout, six indicateurs ont été déterminés pour réaliser ce reporting extra financier, dans chacune des dimensions ESG, environnementale, sociale et de gouvernance. Pouvez-vous nous les rappeler ?

Tout d’abord, il est à noter que nous avons souhaité par ces six indicateurs mettre les trois dimensions ESG sur un certain pied d’égalité.
Dans la composante environnementale, nous avons défini comme indicateurs l’intensité carbone, autrement dit le nombre de tonnes de gaz à effet de serre émis pour un million d’euros de chiffre d’affaires et la gestion de l’eau qui reflète la consommation en mètres cube d’eau potable pour un million d’euros de chiffre d’affaires.
Dans le volet social, nous surveillons étroitement les créations d’emplois par le biais du taux de croissance annualisé des effectifs sur cinq ans, et le taux de formation qui fait écho au nombre annuel d’heures de formation par salarié.
Enfin, dans le chapitre relatif à la gouvernance, nous nous sommes arrêtés sur le taux de féminisation (la proportion de femmes au sein des conseils d’administration), et le taux d’indépendance (la proportion de membre indépendants au sein des conseils d’administration).

Pourquoi avoir opté pour ces indicateurs spécifiquement ?

Ces six indicateurs que nous avons distingués sont évidents, palpables. Ils revêtent un caractère crucial et répondent à des enjeux incontournables (préservation de notre écosystème, bien-être et épanouissement, gouvernance durable et équitable…). Beaucoup sont d’ailleurs couverts par des accords internationaux.
Ils font, par ailleurs, l’objet d’un taux de couverture significatif. Nous nous devions d’établir un reporting sur des impacts qui concernent plus de 50% des sociétés investies. Pour le coup nous sommes sur des taux de couverture situés entre 70% et 95%.

Ces six indicateurs ont-ils vocation à être étoffés ?

Nous ne pensons pas, en l’état actuel des choses, aller au-delà de ces six indicateurs. Nous sommes soucieux de conserver un bon pilotage de l’ensemble de ces impacts et donc de ne pas privilégier certains au détriment d’autres. Cela suppose un travail d’optimisation substantiel.
Six indicateurs est un juste milieu. En deçà aurait pour incidence potentielle une certaine sélectivité dans le compte-rendu donné. Au-delà présenterait le risque de brouiller la lisibilité des reportings pour nos clients.

De quelle manière procédez-vous au monitoring de ces indicateurs : avec quels dispositifs, par le biais de quelles sources d’informations, sur quelle fréquence de suivi ?

Nous nous servons essentiellement des données fournies par le logiciel Eikon, édité par la société Refinitiv, pour alimenter notre modèle propriétaire. Nous nous efforçons de passer en revue l’ensemble des fonds qui composent nos portefeuilles. Nous procédons à une agrégation.
Le retraitement des chiffres clés est opéré tous les semestres pour nos clients. Un important contrôle est mené afin de s’assurer qu’il n’y ait pas d’aberrations. Globalement, nous nous rendons compte que la fiabilité des données est très bonne.
Au-delà de ce travail de vérification semestriel, nous sommes également en mesure, grâce à un outil interne récemment développé, d’inspecter la composition d’un fonds quasi instantanément, par exemple lorsqu’on découvre qu’une entreprise d’envergure cotée sur les marchés financiers est affectée par une sérieuse controverse.





Imen Hazgui