Interview de Léa  Dunand-Chatellet : Responsable du Pôle Investissement Responsable de DNCA Finance

Léa Dunand-Chatellet

Responsable du Pôle Investissement Responsable de DNCA Finance

Qu'est-ce que l'Investissement Socialement Responsable selon DNCA Finance ?

Publié le 09 Juillet 2019



Qu’est-ce que l’Investissement Socialement Responsable selon DNCA Finance ?
Nous concevons l’ISR chez DNCA Finance comme un moyen d’investir dans les sociétés en ayant un impact positif sur l’environnement, le social, la société.
La gestion ISR suppose, selon nous, une obligation de transparence et de communication simple et étendue auprès des investisseurs.

Depuis quand l’ISR existe au sein de la maison ?
Les premières démarches ont été amorcées en 2017. Une gamme de fonds dédiés à l’ISR a été lancée en 2018.
Trois fonds existants dont la philosophie de gestion intégrait déjà des valeurs répondant aux enjeux ISR et à la transition durable ont été convertis en fonds ISR avec un processus plus structuré. Parallèlement trois nouvelles stratégies ont été établies avec pour finalité un positionnement auprès du grand public. Parmi ces dernières figurent une stratégie 100% impact et une stratégie patrimoniale avec une allocation diversifiée en actions et obligations.



Qu’entendez-vous par impact ?
Chez DNCA Finance nous avons une conception de l’impact comme un moyen de réconcilier l’épargnant avec la finance suivant l’idée que l’épargne financière peut être un levier pour les grands défis de demain : santé, climat, démographie, changement de mode de vie…

De quelle manière mesurez-vous cet impact ?
Nous publions notre premier reporting d’impact sur le fonds DNCA Invest Beyond Semperosa afin de montrer concrètement pour chacune des lignes constituées dans le portefeuille des impacts tangibles générés.

Comment avez-vous choisi les critères de mesure de cet impact ?
Nous avons considéré le sujet sous le spectre des entreprises. Les entreprises réunies dans le portefeuille du fonds DNCA Invest Beyond Semperosa sont très hétérogènes. Certaines sont spécialisées dans l’écoconception, d’autres dans le recyclage, d’autres encore dans les matériaux d’isolation.
De ce fait il n’était pas question de réaliser un reporting d’ensemble avec des données consolidées qui n’aurait aucun sens.
Nous avons donc fait le choix d’avoir un entretien avec l’ensemble des entreprises détenues. Pour beaucoup d’entre elles, une méthodologie en interne avait été établie pour évaluer l’apport écologique ou sociétale de leurs produits et services. Nous nous sommes appuyés sur ces méthodologies pour faire ressortir les impacts les plus significatifs.



Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Symrise, qui fabrique des ingrédients naturels à destination de l’industrie agroalimentaire a réussi à déployer une logique de commercialisation de produits qui ont des répercussions positives sur l’environnement ou qui ont une valeur ajoutée nutritionnelle.
Parmi les 15000 produits qui constituent sa gamme, environ 5000 ont fait l’objet d’une fiche détaillée. Un produit a émergé en particulier : le menthol qui représente 40% de la production mondiale. Sur ce dernier produit la société a été en mesure de nous fournir des informations précises sur les économies d’eau, les économies d’énergie, les économies en kilomètres carrés de surface nécessaire induits par mode de fabrication choisi.

Quels sont les troncs communs qui ressortent des différents sondages effectués auprès des entreprises investies ?

Ces troncs communs sont relativement peu nombreux. Nous pouvons mentionner les émissions de CO2 évités, le nombre de mégawatts d’énergie renouvelable produite, le nombre de patients soignés, le nombre de diagnostics réalisés, le poids de la recherche et développement de pointe dans la médecine.
Au-delà de ces points communs, nous faisons en sorte de livrer une description ligne par ligne. Certains impacts plus spécifiques peuvent alors être mis en exergue comme le nombre de textiles écoconçus, le nombre de terres agricoles convertis en agriculture durable.

De combien de personnes se compose l’équipe ISR de DNCA Finance ?
L’équipe ISR de DNCA Finance au sens large, c'est-à-dire regroupant les 6 fonds, se compose actuellement de 12 personnes : des analystes dédiés à l’ISR, des gérants expérimentés qui pratiquent l’investissement ISR depuis longtemps, et une personne dédiée au développement informatique. Nous avons mis au point un outil propriétaire dédié à l’ISR qui sert à l’ensemble de la maison pour apporter davantage de valeur ajoutée au stock picking effectué.
Nous avons œuvré pour enrichir cet outil en nous entourant d’une multitude d’experts scientifiques, économiques et entrepreneurs maitrisant les enjeux de développement durable.



Ces experts composent votre comité d’experts ?
Nous n’avons pas un comité d’experts à proprement parler dans la mesure où nous souhaitons rester ouverts à tout dialogue possible avec des interlocuteurs avisés dans le domaine de l’ISR en fonction des questions que nous avons à traiter à un instant donné.

De quelle manière s’est matérialisée l’accentuation de la prise en compte de l’ISR chez DNCA Finance ?
A la suite de mon arrivée, nous avons été en mesure d’élaborer rapidement une politique d’investisseur responsable qui distingue les concepts de Responsabilité d’Entreprise (RSE) et de Transition Économique Durable, une politique de vote, une politique d’engagement, une politique d’exclusion des armes controversées, une politique climat à travers l’article 173, un code de transparence pour nos fonds ISR…
Au-delà de ce cadre institutionnel minimal, évaluable essentiellement par des professionnels, nous avons élargi notre communication à d’autres voies plus simples, bien plus compréhensibles.
Nous avons ainsi mis en place une page spécialement consacré à l’ISR pour chacun des fonds de notre gamme ISR avec des indicateurs tangibles, une newsletter trimestrielle qui se concentre sur des sujets primordiaux et font état d’interviews d’experts en guise d’illustrations, un reporting climat et un reporting d’impact. Ces documents sont concis, vont à l’essentiel et incitent si besoin à se diriger vers de la documentation plus approfondie.

Etes-vous membres d’organisations internationales consacrées à l’ISR ?
Nous sommes membres des PRI (Principes pour l’Investissement Responsable) depuis 2017, du CDP (Carbon Disclosure Project) et du Finance for Tomorrow depuis 2018. Nous réfléchissons à rejoindre l’AEDC.
Notre volonté n’est pas de multiplier les adhésions, mais d’être partie prenante d’organisations qui sont à même de nous apporter de la matière et de nous permettre d’avancer.

Un dernier mot sur l’engagement ISR de DNCA Finance?
Il est intéressant de relever que notre démarche ISR a été récompensée par le prix du public décerné par le GFSI Swiss Sustainable Funds Awards, un forum dédié aux conseillers de gestion indépendants et aux banques privées pour la finance durable en Suisse. Ce prix nous place parmi les meilleurs gérants dans le domaine de l’investissement socialement responsable (ISR) aussi bien en termes de performance que de respect des critères ISR.


Imen Hazgui