Interview de Roland Fernet : directeur général Richelieu Finance

Roland Fernet

directeur général Richelieu Finance

Nous sommes satisfaits de notre participation dans le Club Med

Publié le 10 Juillet 2006

Quelle vision portez-vous sur le marché actuel ?
Le marché a connu récemment une consolidation importante qui a effacé l'ensemble de ses gains depuis le début de l'année. Cette consolidation, que nous attendions depuis quelques mois déjà, ne nous met pas à l'abri d'un deuxième mouvement de baisse qui pourrait intervenir après l'été. Même si ceci ne s'avère pas être le cas, une phase haussière croissante peu volatile, comme nous l'avons connue depuis 2004, nous parait très improbable. Les mouvements de taux ainsi que l'évolution du marché immobilier aux Etats-Unis sont les paramètres clés des évolutions de ces prochains mois.

Quelles valeurs privilégiez-vous ?
En France, mes valeurs phares demeurent les titres de la galaxie Bolloré, rares holdings qui possèdent encore une décote, ainsi qu'Atos Origin dans le secteur des SSII, qui se paie sur des niveaux de valorisation vraiment faibles malgré un carnet de commande bien rempli, grâce d'importants contrats comme la gestion du parc informatique du groupe Renault.

Sur l'Europe, un de nos paris majeurs, dans le secteur des SSII est la valeur italienne Getronics qui vient de céder son activité italienne source de perte. Ou encore dans le secteur bancaire Dexia, qui vient de procéder à une acquisition en Turquie. Cette dernière est jugée chère par le marché mais elle permet à la banque d'intégrer un marché turc à fort potentiel. Ce rachat apporte au groupe un nouveau relais de croissance à Dexia. De plus, le titre fait l'objet de manière récurrente de spéculations.

Comment décririez-vous la marque de fabrique de Richelieu Finance ? Qu'est-ce qui vous distingue des autres sociétés de gestion ?
La marque de fabrique de Richelieu Finance demeure la gestion cardinale. Notre cœur de métier réside dans la sélection de valeurs. Celle-ci passe par l'analyse fondamentale des sociétés, mais également par la rencontre du management. Nous recherchons ainsi les anomalies de valorisation qui affectent des sociétés disposant par ailleurs d'un fort potentiel de revalorisation.

Les gérants ont également des convictions sur les évolutions du marché. Ils traduisent ces convictions par une gestion dynamique de la couverture. La couverture consiste pour le gérant à désensibiliser son portefeuille des turbulences du marché.

Quels sont les avantages de la gestion cardinale ? Ses inconvénients ?
Comme je l'ai signalé auparavant, la sélection de valeurs et l'utilisation de la couverture nous permettent d'assurer une régularité de la performance, et d'assurer un couple rendement/risque performant. On ne peut pas donc pas parler de réels inconvénients. En revanche, notre gestion cardinale est susceptible de nous pénaliser dans les phases de hausses de marchés très régulières, avec par conséquent une faible volatilité, comme nous l'avons connue à la fin de l'année 2005. Dans ce cas précis, les fonds dits indiciels peuvent assurer une performance similaire. Toutefois il ne s'agit pas d'un réel inconvénient puisque le différentiel s'amplifie de nouveau lors des mouvements de consolidation, comme ses deux derniers mois.

Comment expliquez-vous les bonnes performances de Richelieu Finance benchmarkée aux indices français (CAC 40) et européens (Eurostoxx 50 notamment) ?
Notre marque de fabrique a permis ces performances, au travers à la fois de la sélection de valeurs et de la gestion dynamique de la couverture. Cette couverture, il est vrai, nous a pénalisé dans les marchés en forte hausse comme en 2005. Et elle a permis un lissage de la performance dans la phase de consolidation récente.

Notre forte décorrélation durant cette phase s'explique également par la part importante de liquidités présente dans la majorité de nos fonds. Enfin, notre positionnement défensif au travers de titres qui ont bien résisté comme Sanofi Aventis, Bolloré Investissement ou encore Groupe Partouche, a permis la maîtrise de notre volatilité.

Comment voyez-vous évoluer votre participation dans le Club Méditerranée, dont vous êtes désormais le premier actionnaire avec 25% du capital depuis la sortie d'Accor ?
Actuellement, nous sommes satisfaits de notre participation dans le Club Méditerranée. Nous avons pu constater les bénéfices de la stratégie mise en œuvre par le nouveau management, notamment lors de la dernière publication de résultats, avec un bénéfice net redevenu positif.

Un mot sur le départ de Noël Forgeard et son remplacement par Louis Gallois ?
Louis Gallois a montré ses compétences lors de son passage à la SNCF. Il a su redresser la société ferroviaire. De plus, il a réussi à instaurer le dialogue avec les syndicats. Ici, il devra également montrer sa capacité à composer avec une structure bicéphale.