Interview de Hervé Mangin : Gérant du fonds Axa Europe Opportunités

Hervé Mangin

Gérant du fonds Axa Europe Opportunités

Les opérations de croissance externe sont presque une nécessité pour les entreprises européennes

Publié le 01 Février 2011

Comment se porte le marché des fusions-acquisitions en ce début d’année 2011 ?
On observe un rebond du marché des fusions-acquisitions depuis l’été 2010. Sur l’ensemble de l’année dernière, le montant total des « deals » a augmenté de 20% au niveau mondial et de 30% rien qu’en Europe. Toutefois, c’est une reprise modérée puisque l’ensemble des opérations n’a représenté que 3% de la capitalisation boursière contre 5% en moyenne historique. Le principal frein à un redémarrage complet du marché des fusions-acquisitions réside dans l’incertitude liée à la crise des dettes souveraines. Celle-ci pèse sur les perspectives économiques et sur la capacité des banques à financer l’activité de M&A.

La reprise des « deals » va-t-elle selon vous s’amplifier ?
Oui, à condition que l’on trouve une solution rapide à la crise de la dette en zone euro. Je suis assez confiant. Le contexte est très favorable aux fusions-acquisitions. Les entreprises disposent de liquidités abondantes tandis que les taux d’intérêt sont historiquement bas. Les conditions de financement sont bonnes. En outre, les bilans sont sains après les restructurations opérées pendant la crise. Il est dès lors facile d’augmenter le bénéfice par action en réalisant de la croissance externe. Pour les entreprises européennes, je dirais même que cette croissance externe est une nécessité compte tenu de la faible croissance organique prévue cette année.

Quelles sont les valeurs « opéables » cette année ?

Nos principaux paris parmi les valeurs françaises sont Rémy Cointreau qui pourrait faire l’objet d’une offre de Diageo (britannique, numéro un mondial des vins et spiritueux, ndlr) ; L’Oréal sur lequel Nestlé pourrait vouloir mettre la main ; Gemalto qui constitue une cible pour HP ou Microsoft ; et Euler Hermès qui intéresse l’allemand Allianz. Certaines entreprises françaises sont également des prédateurs. L’opération la plus avancée est celle de Sanofi-Aventis sur Genzyme. Les deux groupes ont intérêt à ce rapprochement, et un compromis devrait être trouvé sur le prix. France Telecom, à la recherche d’opportunités de croissance à l’étranger, pourrait racheter les activités africaines du suédois Millicom. De son côté Danone pourrait jeter son dévolu sur Mead Johnson (nourriture pour enfants). Enfin, il y a toujours des rumeurs de rachat d’Aegis, l’agence publicitaire britannique, par Havas.

Ces opérations, motivées par des considérations stratégiques et pas uniquement financières, pourraient être bien accueillies par les marchés.

Propos recueillis par François Schott