PSA à un tournant dans sa stratégie de montée en gamme

(Easybourse.com) Le groupe français a franchi un seuil grâce aux efforts de Citroën, mais également avec le pari réussi de Peugeot dans le crossover. La montée en gamme doit encore trouver une légitimité dans des segments plus classiques où les marques allemandes règnent en maître.
À lire dans ce dossier.

Interview
Flavien NeuvyResponsable de L'Observatoire Cetelem
Observatoire Cetelem

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Chasser sur les terres de Volkswagen et Audi
En réalité, la stratégie de PSA est de rester un constructeur généraliste mais dans la gamme supérieure, à la manière d'un Volkswagen. Une véritable opportunité au moment où Renault a relâché ses efforts sur ce créneau. Mais, pour gagner une légitimité de constructeur haut-de-gamme, PSA doit chasser sur les segments conventionnels. Autrement dit, chasser sur les terres de
La marque allemande continue à jouir d'une qualité perçue supérieure, ce qui lui permet de majorer ses prix par rapport à un modèle français équivalent
En effet, les marques allemandes ont imposé un standard en matière de voitures haut-de-gammes : robustesse, haut niveau d'équipement et classicisme. Le défi n'est pas facile à relever, d'autant que les idées reçues ont la dent dure auprès du consommateur. «En termes de finitions et de qualité, les marques françaises font jeu égal avec un constructeur allemand comme Volkswagen» observe Frédéric Bonneau, analyste spécialisé du secteur automobile au Crédit Agricole. «La marque allemande continue pourtant à jouir d'une qualité perçue supérieure, ce qui lui permet de majorer ses prix sur un modèle équivalent» ajoute-t-il.
Peugeot se lance donc le premier avec la 508. Une voiture statutaire aux lignes très conventionnelles, mais résolument prestigieuses. Cette nouvelle voiture a pour ambition d'accomplir une synthèse entre la 407 et la 607, dont les ventes ont été décevantes (la 407 s'est écoulé à 800 000 exemplaires soit, deux fois moins que la 406). Le groupe en profite également pour rationaliser sa gamme, à l'inverse d'Audi dont le catalogue pléthorique désoriente les clients. PSA optimise ainsi ses coûts de développements et évite le cannibalisme entre ses marques. Ainsi, Citroën pourra poursuivre le développement de sa C5 dont le succès a sauvé les meubles sur le créneau des berlines familiales.
Nouvelle C4, l'arme anti-Golf
Mais c'est sur les berlines compactes, le segment le plus rémunérateur d'Europe, que le groupe veut lancer une nouvelle offensive. En lançant une nouvelle version de la C4 (photo ci-dessous), Citroën se pose en adversaire direct de l'indétrônable Golf, la vache à lait de Volkswagen. L'ancienne version avait réussi à sortir du lot grâce à la neutralisation d'une Mégane qui a perdu de sa superbe, et d'une 308 peu convaincante. La carrosserie n'est d'ailleurs pas sans rappeler la silhouette austère d'une Audi A3, mais ses lignes arrondies redonnent forme à la fameuse «french touch».
Anciennement parent pauvre de l'automobile française, Citroën a su renouveler et rajeunir sa gamme. De son côté, Peugeot se met au diapason d'un marché qui évolue vers de nouveaux segments, et avec succès. Le romantisme à la française se révèle rémunérateur dans un créneau dominé par les marques allemandes. Toutefois, PSA doit encore faire ses preuves sur les gammes plus conventionnelles. Question d'image de marque. Pour le constructeur français, c'est un vrai challenge alors que le match s'internationalise, en Chine notamment. Un journaliste chinois disait récemment que le romantisme des voitures françaises était souvent perçu comme «bizarre, pas très fiable». Même en Chine, le standard allemand s'est imposé !
Nabil Bourassi
Publié le 08 Octobre 2010