Fabrice Montagné
Economiste spécialisé sur la France chez Barclays
La dette française n'est pas sujette en 2014 à des chocs majeurs
Publié le 18 Février 2014
Quelles sont vos estimations s’agissant des paramètres fondamentaux de la France pour cette année ?
La hausse du PIB devrait s’établir autour de 1% en 2014 et 1,5% en 2015. La croissance devrait se normaliser vers son potentiel mais ne pas rebondir au delà, contrairement à ce que nous sommes censés avoir à la sortie d’une crise. La raison à cela est que la crise que nous avons traversée n’est pas cyclique mais structurelle.
L’environnement international de la France devrait être soutien à l’économie. La demande mondiale adressée à l’Hexagone devrait croitre de 4%. Les exportations devraient augmenter de 4% mais les parts de marché devraient demeurer stables.
La consommation ne devrait s’élever que de 0,6%. L’investissement devrait évoluer de +2%, ce qui n’est pas beaucoup.
L’inflation devrait se situer autour de 1%, ce qui est faible. Cela se justifie par le chômage important, la pression à la baisse sur les salaires, et donc sur la consommation. Qui plus est, le taux de change ne se déprécie pas et la politique budgétaire reste globalement restrictive. Les prix des matières premières devraient également stagner.
Qu’en est-il de vos prévisions de déficit et de dette ?
Nous sommes en ligne avec le scénario du gouvernement avec un déficit après 4,2% en 2013 autour de 3,6% en 2014 et de 3% en 2015. La dette de 94% du PIB devrait monter à 96% en 2014 et 97% en 2015.
Que voyez-vous du coté des agences de notation ?
En toute logique, elles devraient attendre d’avoir plus d’information sur le Pacte de responsabilité avant de soutenir ou de sanctionner. Si les mesures sont crédibles, alors celles-ci devraient en tirer les conséquences et maintenir la note actuelle de la France.
Ceci étant, il faut garder à l’esprit que les agences de notation n’ont pas toujours eu le bon timing. Par conséquent, il faut élargir les sources de notations et ne pas se limiter aux trois grandes agences de notation. En sommes, il est crucial de diversifier sa lecture.
Comment voyez vous évoluer la microéconomie ?
Le CICE ou la baisse des contributions aux allocations familiales devraient aider à restaurer les marges et la profitabilité des entreprises françaises. Si tel n’est pas le cas, cela sous entendrait qu’elles ont diminué leur prix, sont devenues plus compétitives et en mesure d’augmenter leur chiffre d’affaires et donc leurs bénéfices.
L’amélioration de la conjoncture avec la hausse modérée de la consommation devrait également soutenir la progression des bénéfices.
Le risque d’un dérapage du taux à dix ans français vous parait-il sérieux ?
La dette française n’est pas sujette à des chocs majeurs en raison de la structure de l’économie française et de la diversité de ses investisseurs. Le PIB français est peu volatil par nature, du fait du poids du secteur public bien sûr, mais également de la diversification de l’économie.
Divers profils d’investisseurs se positionnent sur l’OAT. Tout d’abord, les investisseurs méfiants sur l’économie française sont sortis depuis longtemps. Reste nombre d’investisseurs français et européens (banques, assureurs, gérants) mais également a l’étranger comme en Asie (Banques centrales, institutionnels).
Les assureurs jouent un rôle de stabilisateur. Quand les taux sont bas, ils sortent du marché et reviennent quand ils remontent ce qui est contra-cyclique.
Ainsi, les taux français sont relativement stables dans l’ensemble. Malgré de fortes turbulences ces trois dernières années, les niveaux sont restés enfermés dans une fourchette étroite, autour de 50 à 80 points de base au dessus des taux allemands.
Si le Pacte déçoit, le spread sera sous pression, car certains investisseurs douteront alors ouvertement de la capacité du gouvernement de faire passer des mesures. Dans le cas contraire on devrait avoir un resserrement, toujours de manière tendancielle.
Par contre, si vous cherchez des variations violentes à la hausse ou à la baisse, il faudra regarder autre part qu’en France.
A lire également :
"Politique économique du gouvernement Hollande : le vrai rendez-vous sera en juin
La hausse du PIB devrait s’établir autour de 1% en 2014 et 1,5% en 2015. La croissance devrait se normaliser vers son potentiel mais ne pas rebondir au delà, contrairement à ce que nous sommes censés avoir à la sortie d’une crise. La raison à cela est que la crise que nous avons traversée n’est pas cyclique mais structurelle.
L’environnement international de la France devrait être soutien à l’économie. La demande mondiale adressée à l’Hexagone devrait croitre de 4%. Les exportations devraient augmenter de 4% mais les parts de marché devraient demeurer stables.
La consommation ne devrait s’élever que de 0,6%. L’investissement devrait évoluer de +2%, ce qui n’est pas beaucoup.
L’inflation devrait se situer autour de 1%, ce qui est faible. Cela se justifie par le chômage important, la pression à la baisse sur les salaires, et donc sur la consommation. Qui plus est, le taux de change ne se déprécie pas et la politique budgétaire reste globalement restrictive. Les prix des matières premières devraient également stagner.
Qu’en est-il de vos prévisions de déficit et de dette ?
Nous sommes en ligne avec le scénario du gouvernement avec un déficit après 4,2% en 2013 autour de 3,6% en 2014 et de 3% en 2015. La dette de 94% du PIB devrait monter à 96% en 2014 et 97% en 2015.
Que voyez-vous du coté des agences de notation ?
En toute logique, elles devraient attendre d’avoir plus d’information sur le Pacte de responsabilité avant de soutenir ou de sanctionner. Si les mesures sont crédibles, alors celles-ci devraient en tirer les conséquences et maintenir la note actuelle de la France.
Ceci étant, il faut garder à l’esprit que les agences de notation n’ont pas toujours eu le bon timing. Par conséquent, il faut élargir les sources de notations et ne pas se limiter aux trois grandes agences de notation. En sommes, il est crucial de diversifier sa lecture.
Comment voyez vous évoluer la microéconomie ?
Le CICE ou la baisse des contributions aux allocations familiales devraient aider à restaurer les marges et la profitabilité des entreprises françaises. Si tel n’est pas le cas, cela sous entendrait qu’elles ont diminué leur prix, sont devenues plus compétitives et en mesure d’augmenter leur chiffre d’affaires et donc leurs bénéfices.
L’amélioration de la conjoncture avec la hausse modérée de la consommation devrait également soutenir la progression des bénéfices.
Le risque d’un dérapage du taux à dix ans français vous parait-il sérieux ?
La dette française n’est pas sujette à des chocs majeurs en raison de la structure de l’économie française et de la diversité de ses investisseurs. Le PIB français est peu volatil par nature, du fait du poids du secteur public bien sûr, mais également de la diversification de l’économie.
Divers profils d’investisseurs se positionnent sur l’OAT. Tout d’abord, les investisseurs méfiants sur l’économie française sont sortis depuis longtemps. Reste nombre d’investisseurs français et européens (banques, assureurs, gérants) mais également a l’étranger comme en Asie (Banques centrales, institutionnels).
Les assureurs jouent un rôle de stabilisateur. Quand les taux sont bas, ils sortent du marché et reviennent quand ils remontent ce qui est contra-cyclique.
Ainsi, les taux français sont relativement stables dans l’ensemble. Malgré de fortes turbulences ces trois dernières années, les niveaux sont restés enfermés dans une fourchette étroite, autour de 50 à 80 points de base au dessus des taux allemands.
Si le Pacte déçoit, le spread sera sous pression, car certains investisseurs douteront alors ouvertement de la capacité du gouvernement de faire passer des mesures. Dans le cas contraire on devrait avoir un resserrement, toujours de manière tendancielle.
Par contre, si vous cherchez des variations violentes à la hausse ou à la baisse, il faudra regarder autre part qu’en France.
A lire également :
"Politique économique du gouvernement Hollande : le vrai rendez-vous sera en juin
Propos recueillis par Imen Hazgui