Interview de Philippe Kubisa : Associé marché de capitaux chez PricewaterhouseCoopers (PwC)

Philippe Kubisa

Associé marché de capitaux chez PricewaterhouseCoopers (PwC)

Introductions en bourse en 2015 : le secteur des biotechs et des medtechs devrait continuer à être particulièrement bien positionné sur la place de Paris

Publié le 27 Mars 2015

Quel regard portez-vous sur la dynamique des IPO en Europe depuis le début de l’année ?
Nous sommes plutôt confiants. Le premier trimestre s’avère être très positif. Sur la place de Paris, une douzaine d'opérations a été recensée sur l'ensemble des marchés.
Plusieurs raisons expliquent cette vive animation. Les fondamentaux sont bien orientés. La liquidité est très abondante sur les marchés financiers. Dans un contexte de taux historiquement bas, les investisseurs sont à la recherche de rendement. Un appétit pour les actifs un peu plus risqués comme les actions en découle. Par ailleurs la dépréciation de l’euro est de nature à porter les
entreprises européennes en leur procurant davantage d’activité à l’étranger.

Il semble que l’inquiétude liée à la valorisation trop élevée des introductions en bourse que nous pouvions avoir en 2014 soit atténuée en ce début d’année. Il y avait au second semestre de l’année dernière le sentiment d’une survalorisation de certains titres nouvellement émis. Nous retrouvons une valorisation plus en adéquation avec la loi de l’offre et de la demande, ce qui permet aux opérations de se réaliser dans de bonnes conditions avec des options sur allocation et autres possibilités d’étendre les opérations réalisées.

Sur le plan réglementaire des actions sont entreprises pour œuvre dans le sens d’une favorisation accrue des IPO. Une révision des directives prospectus et transparence sur le front européen est envisagée en vue de simplifier la vie des entreprises cotées en fonction de leur taille. Cela devrait d’autant plus les encourager à prendre le chemin de la bourse. La révision de la directive transparence permet d’alléger les obligations d’information des sociétés cotées avec une suppression des reportings trimestriels, un allongement des délais de publication des reportings semestriels.

La bonne tenue du marché des IPO aux Etats-Unis est un autre point positif pour le marché des IPO en Europe.

Quels risques majeurs pourraient venir compromettre cette dynamique ?
La politique monétaire de la BCE a vocation à demeurer très accommodante. La toile de fond macroéconomique devrait rester porteuse. Nous ne sommes pas à l’abri d’une crise géopolitique. Les risques relatifs aux dossiers grec et ukrainien n’ont pas disparu.

A la lecture des différents paramètres macroéconomiques et financiers, à quel volume, à quel nombre de transactions s’attendre ?
2014 a été une très bonne année. Toutes choses égales par ailleurs, nous devrions au minimum être dans la lignée de 2014 aussi bien en termes de nombre de transactions que de volume.
Il faut faire une distinction entre nombre de transactions et volume. Il est possible d’avoir une ou deux opérations qui lèvent un montant conséquent de capitaux. En 2014, les données ont été faussées par l’IPO d’Alibaba qui a levé 25 milliards de dollars. Nous n’anticipons pas une IPO de cette ampleur cette année.

Le contexte est-il suffisamment propice pour conduire à un amoindrissement du taux d’échec des IPO ?
Tout dépend de ce que l’on entend par échec. Le vrai échec est une société qui veut y aller mais qui ne trouve pas suffisamment d’investisseurs qui ne croient pas au business model ou parce qu’ils ont préféré se tourner vers d’autres types de produits ou d’autres secteurs d’activité plus porteurs.
Nous n’avons pas une grande publicité autour de ces opérations.
Le report d’une opération parce que les conditions de marché ne sont plus favorables comme cela fut le cas au second semestre 2014 avec la société Elis n’est pas un échec. La décision prise est de bon sens.

De même, la baisse d’un cours de bourse à court terme par rapport au cours d’entrée ne signifie pas l’échec d’une opération. Si l’on reprend l’IPO de Facebook, le titre a énormément perdu de sa valeur les premières semaines. Il a considérablement monté depuis.

L’analyse au niveau européen vaut pour le niveau national. L’année devrait être au minimum aussi bonne en France que l’année dernière ?
Absolument. Le secteur des biotechs et des medtechs continue à être particulièrement bien positionné sur la place de Paris. Cela devrait continuer.

Propos recueillis par Imen Hazgui