Interview de Eric  Forest :  Président directeur général d'EnterNext  (la filiale d'Euronext dédiée à l'accompagnement et à la promotion des PME-ETI en Bourse)

Eric Forest

Président directeur général d'EnterNext (la filiale d'Euronext dédiée à l'accompagnement et à la promotion des PME-ETI en Bourse)

Nous assistons à un très bon démarrage des introductions en bourse des PME-ETI en Europe, plus important encore que celui que nous avions observé au premier semestre 2014

Publié le 30 Mars 2015

Quel regard portez-vous sur les IPO des PME-ETI depuis le début de l’année ?
Depuis le début de l’année 2015, nous assistons à un très bon démarrage des introductions en bourse, plus important encore que celui que nous avions observé au premier semestre 2014. Il y a eu sur les marchés d’Euronext dix introductions en bourse de PME-ETI et d’autres opérations sont prévues dans les semaines à venir. Une tendance qui confirme la réouverture des marchés à l’œuvre depuis maintenant plus de 18 mois.

Qu’est ce qui explique cette dynamique ?
Une première explication tient aux besoins de capitaux des PME-ETI pour financer leurs projets de croissance et de développement. A l’autre bout de la chaîne, nous observons un regain d’intérêt de la part des investisseurs, en quête de rendement, pour les valeurs moyennes. Enfin, un changement de mentalité est à l’œuvre chez les entrepreneurs qui repositionnent les marchés financiers comme une source de financement crédible. En cela, le travail de terrain des équipes d’EnterNext commence à porter ses fruits. Nous avons passé beaucoup de temps à rencontrer des dirigeants d’entreprises pour faire de la pédagogie sur le fonctionnement et l’utilité des marchés financiers.
C’est la conjonction de ces facteurs qui explique la dynamique à l’œuvre sur les marchés valeurs moyennes.

L’accélération du rythme des IPO est-il synonyme de regain de confiance sur les perspectives macroéconomiques ? Coïncide-t-elle avec la confirmation d’une reprise ?
Il faut sans doute se garder de tirer de grandes conclusions. Ce qui est avéré c’est que les entreprises que nous voyons venir en bourse recherchent des fonds pour financer des projets de développement. Nous ne pouvons pas pour autant en déduire avec certitude une reprise économique globale.

Quels commentaires vous inspire le profil des sociétés qui font leur entrée sur le marché : leur taille, leur dimension (internationale ?), leur secteur, leur structure capitalistique ?
On relève une vaste diversité dans le profil des sociétés qui viennent en Bourse tant en termes de secteur que de taille. Et je m’en réjouis. La diversité de la cote est essentielle au bon fonctionnement des marchés.
Nous étions en 2014 sur une taille moyenne de transaction de 30 millions d’euros… Aura-t-on un schéma similaire cette année ?
Il est encore tôt pour le dire mais les opérations observées depuis le début de l’année affichent une capitalisation boursière moyenne de 96 millions d’euros.

Entre Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, quelle place semble présentement la plus dynamique. Pourquoi ?
EnterNext couvre près de 740 PME-ETI sur ses quatre marchés dont 530 cotées à Paris. Le poids de la France tient non seulement à son dense tissu entrepreneurial mais également à la richesse de son écosystème financier. Si le recours aux marchés pour les PME est à ce jour moins développé dans nos autres pays que sont les Pays-Bas, la Belgique et le Portugal notamment pour des raisons culturelles, on observe néanmoins des évolutions. La Belgique par exemple a su construire ces dernières années un véritable marché obligataire pour les PME. 

Les barrières du passé ont-elles été retirées de manière à avoir un environnement plus favorable au maintien de ces entreprises sur la cote ?
La grande majorité des sorties de cote font suite à une opération industrielle : rapprochement, fusion-acquisition etc. Il s’agit donc de nouvelles étapes dans le développement de ces entreprises, bien loin d’un constat d’échec !
Les sorties pour des motifs liés à un mécontentement par rapport aux marchés sont très minoritaires.

Pensez-vous qu’il y a une complémentarité entre financement boursier et financement obligataire ?
Les marchés financiers proposent plusieurs instruments de financement complémentaires. L’orientation vers le financement en action ou en obligation dépend des besoins et du profil de la société. Il ne faut pas vouloir opposer ou hiérarchiser.

De quelle manière appréhendez-vous la concurrence avec d’autres plateformes de cotation en Europe qui souhaitent également attirer les PME-ETI vers elles, y compris françaises ?
En termes de levée de capitaux, Euronext est la première Bourse d’Europe continentale. Un montant record a été atteint en 2014, soit 104 milliards d’euros dont 9 milliards d’euros pour les seules valeurs moyennes.
Il ne faut pas surestimer la concurrence entre les différentes bourses européennes en ce qui concerne les cotations de PME-ETI. Il n’existe pas d’initiatives comparables à EnterNext en Europe pour accompagner les PME-ETI dans leur compréhension et leur utilisation des marchés financiers. L’approche et la structure d’EnterNext sont uniques.

La visibilité est-elle suffisamment bonne pour annoncer d’autres actions d’accompagnement cette année ?

Nous avons annoncé fin 2014 un certain nombre d’initiatives à destination des sociétés technologiques que nous sommes en train de déployer. Celles-ci visent à développer l’accès aux marchés pour les sociétés innovantes notamment via un accompagnement et une visibilité renforcés. Nous poursuivons par ailleurs notre effort de soutien de l’analyse financière notamment via notre partenariat avec la société Morningstar qui publie des notes d’analyse quantitative sur plus de 320 valeurs couvertes par EnterNext.
Par ailleurs, nous serons mobilisés cette année sur les consultations lancées par la Commission Européenne notamment au sujet de l’Union de marchés de capitaux et la Directive Prospectus.


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Propos recueillis par Imen Hazgui