Interview de John Hathaway : Gérant du fonds Tocqueville Gold (Tocqueville Finance)

John Hathaway

Gérant du fonds Tocqueville Gold (Tocqueville Finance)

Les risques baissiers sur l'or sont aujourd'hui très faibles

Publié le 23 Septembre 2015

Présentez-nous le fonds Tocqueville Gold…
Tocqueville Gold est un fonds spécialisé sur les valeurs aurifères. Son portefeuille est majoritairement investi dans des titres de sociétés, situées dans le monde entier et de toutes tailles de capitalisations boursières, qui sont impliquées dans l’extraction et/ou le traitement de l’or. Il s’agit d’un secteur relativement restreint mais avec des disparités importantes. Certaines entreprises aurifère créent de la valeur, d’autres en détruisent. Mes associés gérants et moi-même avons une longue expérience de ce secteur et consacrons une grande partie de notre temps à rencontrer ses dirigeants, à évaluer la qualité des actifs et le potentiel de chaque entreprise. Nous investissons sur le long terme, avec un turnover très faible des sociétés dans notre portefeuille (environ 10% par an).

A qui s’adresse ce fonds ?
Lorsque nous avons créé le fonds, en 1998, il s’adressait à des investisseurs – institutionnels ou particuliers- contrariants souhaitant se positionner sur une valeur sous-évaluée et délaissée par le marché. C’est de nouveau le cas aujourd’hui, alors que le cours de l’or a baissé de 40% depuis quatre ans.

Qu'est-ce qui explique cette longue phase de baisse des cours selon vous?
Les injections de liquidités des grandes banques centrales, inédites par leur ampleur, ont entraîné une très forte appréciation des actifs financiers (actions, obligations) au détriment de l'or. Pourtant la demande d’or physique est supérieure à la production. Selon le World Gold Council, la demande mondiale d'or s'est élevée à 20 315 tonnes métriques ces cinq dernières années, pour une production mondiale cumulée de 14 504 tonnes métriques. L’absence de hausse des prix s'explique en grande partie par la déconnection entre le marché physique et le marché synthétique de l’or. Ce dernier est soumis à une forte spéculation notamment de la part des hedge funds qui « shortent » l’or pour investir dans des actifs plus risqués, aidés en cela par les politiques monétaires. Mais pour ceux qui pensent que les politiques monétaires extrêmes des banques centrales mondiales ne sont pas tenables, ou qu'elles pourraient avoir des effets adverses, une exposition à l'or semble aujourd’hui incontournable.

A quel horizon prévoyez-vous un rebond de l’or ?
Il est très difficile de prédire à quel moment les investisseurs vont perdre confiance dans les politiques monétaires et par conséquent se détourner des actifs financiers les plus risqués (actions). Nous pensons qu’un changement dans la perception macro-économique, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Chine, peut conduire à ce changement. Nous avons en effet observé ces dernières semaines une violente correction des marchés boursiers à travers le monde. Est-ce le début d’un « bear market » (ndlr : baisse durable des marchés actions) ? Il est trop tôt pour le dire. Cependant je pense que les risques baissiers sur l’or sont aujourd’hui très faibles et que la remontée des cours, lorsqu’elle aura lieu, sera puissante.

Propos recueillis par François Schott