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Le Levier financier

Le terme de levier financier (leverage) exprime le fait que l’importance de la dette par rapport aux capitaux propres au bilan d’une entreprise joue comme un levier sur la rentabilité de ceux-ci. Supposons que la rentabilité de l’actif économique d’une entreprise soit de 10%. Si ceux-ci sont intégralement financés sous forme de capitaux propres, le ROE sera aussi de 10%. En revanche, si l’actif économique est financé moitié par capitaux propres et moitié par endettement, et que le coût de ce dernier est de 5%, le ROE sera alors de 15% (10% = 1/2 × 5% + 1/2 × ROE, d’où ROE = 15%).

Le recours à l’emprunt économise donc du capital et permet de mieux le rentabiliser. Certes, mais à condition que le coût de la dette soit toujours inférieur à la rentabilité de l’actif économique. Dans le cas contraire, l’effet de levier est négatif et risque de mettre l’entreprise en difficulté, voire en faillite, car la rentabilité de l’actif ne permet plus de payer les intérêts.

Si grâce à la dette, le ROE s’améliore, la valeur de l’entreprise devrait augmenter. Deux économistes réputés ont obtenu le prix Nobel d’économie en démontrant qu’il n’en était rien à cause de l’accroissement du risque qu’entraîne le levier financier, c’est l’un des deux fameux théorèmes de Modigliani et Miller : la valeur de la firme est indépendante de sa structure financière. La démonstration est exacte mais elle repose sur des hypothèses irréalistes, notamment celle essentielle selon laquelle la structure financière n’a aucun impact sur la rentabilité de l’actif économique. L’endettement est très pénalisant pour la réputation et la carrière des dirigeants en cas de levier financier négatif. Aussi surveilleront-ils avec une attention particulière, comme le lait sur le feu, la bonne marche de l’entreprise. Il y a sans doute un optimum d’endettement, qu’il n’est pas facile cependant de déterminer avec précision, et qui n’est certainement pas le même pour chaque entreprise.