4G: Iliad cherche à gagner du temps
(Easybourse.com) Pour l'Etat, il s'agit de récupérer deux milliards d'euros et de développer un réseau 4G sur tout le territoire. Pour Iliad, l'appel d'offres est taillé sur mesure pour France Telecom, et la concurrence en sera d'autant plus réduite. L'électron libre du secteur télécom français devra pourtant décrocher une licence 4G à tout prix.
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L'Etat veut récupérer 2 milliards d'euros
Cette fois, Bouygues prendra de la voix avec Xavier Niel, le patron-fondateur du trublion des fournisseurs d’accès à internet, Free. Celui-ci doit arriver sur le marché des télécoms l’année prochaine, et a promis une impitoyable guerre des prix. Un exercice dangereux parce que les trois autres concurrents disposent de marges d’exploitation de l’ordre de 40% et leurs investissements ont déjà été amortis. «Ce n’est pas tant l’exploitation qui est coûteuse, mais les investissements nécessaires en équipements de réseaux télécoms. C’est un peu comme les sociétés d’autoroutes» affirme Jean-Michel Huet, de chez BearingPoint. Ainsi, Iliad pourrait être rapidement asphyxié si, en plus de son investissement 3G et fibre optique actuellement en déploiement, doit s’ajouter l’achat et l’exploitation d’une licence 4G. Il faut dire que l’Etat cherche à récupérer près de 2 milliards d’euros sur ces licences. Et pourtant, Iliad ne
Orange, SFR et Bouygues ne peuvent pas être pénalisés parce qu’ils investissent plus rapidement, parce que derrière ce sont les consommateurs qui seraient pénalisés…
Pour Xavier Niel, Orange tente de s’accaparer près de 60% du spectre de la fréquence allouée à la 4G, et ne laissera que des miettes aux trois autres opérateurs. Martin Bouygues est bien de son avis. Celui-ci n’avait-il pas qualifié de "grand cirque hystérique, les achats de fréquences de la quatrième génération" ? Le patron du troisième opérateur de téléphonie mobile français avait affirmé: "si l'Etat veut maximiser sa recette, celui qui paye le plus cher gagne. Je vais vous donner le nom du gagnant, c'est Orange qui est plus riche que les autres". D’après eux, en insistant sur le critère de l’aménagement du territoire plutôt que sur celui de la concurrence, l’Etat donne des billes à France Telecom. C’est le fameux thème de la fracture numérique. «Il est vrai que Iliad ont moins de temps pour amortir leurs investissements, mais Orange, SFR et Bouygues ne peuvent pas être pénalisés parce qu’ils investissent plus rapidement, parce que derrière ce sont les consommateurs qui seraient pénalisés…», analyse Jean-Michel Huet.
Coup de bluff périlleux?
En réalité, Iliad n’a pas intérêt à «bluffer» trop longtemps car une fois l’appel d’offres lancé, il devra batailler pour remporter une des quatre licences… Et ce n’est pas gagné. «Rien ne dit qu’un groupe étranger ne se porte pas candidat, ce ne serait pas la première fois en Europe que cela arrive» observe Jean-Michel Huet. Il admet toutefois que ce cas de figure est plus rare.
Nabil Bourassi
Publié le 06 Mai 2011