Interview de Toussaint Roze : Président directeur général de Notrefamille.com

Toussaint Roze

Président directeur général de Notrefamille.com

Notre valorisation n'est pas justifiée par rapport à notre trésorerie de 7 millions d'euros

Publié le 16 Juillet 2008

Pourriez-vous nous faire quelques commentaires sur vos résultats du premier semestre ?
Nous sommes relativement satisfaits par ces résultats. Le chiffre d’affaires est en augmentation de 29,9%.
Nous avons atteint en juin 2,75 millions de visiteurs uniques, en croissance de 60% sur un an.
54,4% des visiteurs uniques étaient des femmes de plus de 15 ans, ce qui est un niveau très comparable à d’autres sites féminins comme auFéminin.com ou Doctissimo.

Quels ont été les principaux moteurs de vos résultats ?
Le lancement de la chaîne cuisine en décembre 2007 et l’ouverture de l’onglet maman du portail au mois d’Avril.

La dégradation de la conjoncture économique a-t-elle eu des répercussions sur votre activité?
Nous avons été affectés à partir du mois de mai particulièrement. Cela s’est traduit par une légère baisse des taux de transformation.
Il est certain que le contexte n’est pas porteur pour la consommation. Ceci étant, cette faiblesse est compensée, en partie par la force de notre trafic, et en partie par la croissance de l’e-commerce en général qui est de l’ordre d’une quinzaine de pourcentage.

De quelle manière envisagez-vous la fin de l’année ?
Le trafic pour un site Internet comme le nôtre est la base de tous les revenus. Nous travaillons sur un modèle media (revenus publicitaires) marchand (l’e-commerce) premium (la vente d’abonnements et les services de généalogie).
Nous allons continuer à travailler sur le référencement et le développement de l’audience.

Nous avions atteint à la fin de l’année dernière 3,5 millions de visiteurs.

Qui sont vos principaux partenaires actuellement ?
Les pages jaunes, orange, free, TF1, AOL…

Envisagez-vous le lancement d’une nouvelle rubrique dans les mois qui viennent ?
Oui, nous l’espérons d’ici la fin de l’année. Ce sera une rubrique destinée à la cible féminine. D’une part parce que les annonceurs publicitaires cherchent avant tout à toucher ce segment. Ensuite, parce que deux tiers des clients de notre rubrique cadeaux sont des femmes.

L’action a perdu 38,13% depuis le début de l’année et 42,67% en un an. Portez-vous un regard inquiet sur cette mauvaise passe boursière ?
Le niveau de valorisation n’est pas justifié, notamment eu égard à notre niveau de trésorerie. Au 31 décembre 2007, au moment de la publication des comptes, la trésorerie s’élevait à 7 millions d’euros.
De ce fait le PE est très faible. Cette caractéristique intéresse l’ensemble du secteur.

Dans un certain sens, c’est là une source d’opportunité pour se renforcer.

Selon vous, votre niveau de trésorerie vous permet de réaliser des opérations intéressantes d’acquisition. Sur quelles cibles en particulier ?
Sur des sites en mesure de générer du trafic et de stimuler celui de notrefamille.com sur des thématiques complémentaires.
Tout est ouvert en terme de zone géographique.

Est-t il possible d’envisager une opération de croissance externe d’ici la fin de l’année ?
Nous avons identifié un certain nombre de projets en fonction de critères de taille et de rentabilité mais je ne peux pas donner de calendrier précis pour le moment.

Avec du recul, compte tenu de la situation, pensez-vous que le moment était opportun pour vous introduire en bourse ? Le faible niveau de valorisation de la société pourrait-il conduire à terme à un retrait de la cote ?
La dépression des marchés financiers dure depuis un moment. La volatilité est très élevée.
Dans ces conditions, une IPO ne peux se faire qu’à des périodes occasionnelles, de courte durée, où les marchés vont bien et où ils sont prêts à souscrire à des augmentations de capital de small et mid caps.

Nous pensons sincèrement que notre introduction au début de l’année 2007 s’est faite à un moment opportun. Elle nous a permis de lever des capitaux, de développer notre notoriété, d’associer les salariés à la performance de l’entreprise.

Un retrait de la cote temporaire, pour un retour lorsque les conditions de marché s’amélioreront est un scénario envisageable. Mais ce n’est clairement pas le nôtre.
Une petite société comme notrefamille.com ne peut pas se permettre de changer de stratégie tous les jours.
Ce qui est fondamental c’est de continuer à développer notre activité et à augmenter notre chiffre d’affaires.

Je suis par ailleurs intimement convaincu que la valorisation de la société finira par être étroitement corrélée avec les fondamentaux.

De quelle manière appréhendez-vous le démarchage de certains dirigeants par les fonds d'investissements ?
Les investisseurs de la société sont dans une logique de moyen/long terme. Nous avons plusieurs FCPI au capital.
Nous ne comptons pas changer de fusil d’épaule. Nous souhaitons demeurer coté.

Les périodes de crise favorisant justement les rapprochements, les professionnels s'attendent à des OPA sur les valeurs moyennes à l'image du rachat de Genesys par son concurrent américain, ou de la reprise du site Doctissimo par le groupe Lagardère. Qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que nous puissions parler d’OPA. Dans des sites comme Doctissimo ou le nôtre, la valeur réside beaucoup dans les équipes et les dirigeants qui sont des actionnaires importants.

Acheter ce type de sociétés contre ses dirigeants n’a pas de sens.

S’agissant de Doctissimo, le fondateur a décidé volontairement de vendre sa société à Lagardère. Cette dernière ayant fait une offre au marché pour acquérir le solde des titres.

Nous sommes une trentaine de personnes qui détenons plus de 50% du capital en terme de droits de vote. Si quelqu’un voulait racheter notre société il ne pourrait le faire seul car il ne pourrait pas réunir suffisamment de titres.

Propos recueillis par Imen Hazgui