Interview de Olivier de la Clergerie : directeur général de LDLC.com

Olivier de la Clergerie

directeur général de LDLC.com

La chute du cours est un peu trop disproportionnée

Publié le 12 Mai 2008

Votre chiffre d’affaires a stagné par rapport à l’année dernière (151,2 millions d’euros contre 150,9 l’an passé). Quelles en sont les raisons ?
Il y a deux raisons à cela, la plus grosse étant un effet déflationniste du dollar assez important puisque le dollar s’est déprécié par rapport à l’euro d’une manière extrêmement forte.

La deuxième raison est un effet de base qui concerne essentiellement le dernier trimestre écoulé. L’année dernière, en données comparables, Vista était sorti au 1er février. Nous avons donc eu en février et mars 2007 un effet de lancement de Vista qui n’existait évidemment plus cette année.

Avez-vous quantifié cet effet dollar ?
L’effet dollar ne peut pas se quantifier facilement. On ne peut pas dire : le dollar perd 10% donc le CA est impacté de 10%.

Il existe un effet d’élasticité avant, c’est-à-dire que quand le dollar varie, il faut un certain temps avant d’observer un impact sur le chiffre d’affaires.

Si le dollar se déprécie, les prix d’achat diminuent et donc, comme c’est un marché concurrentiel, les prix de ventes baissent également ce qui entraîne un effet volume, c’est-à-dire que les ventes de produits augmentent. D’une certaine manière, l’effet change est compensé par l’effet volume.

Mais quand la variation du dollar dépasse les 10%, l’effet d’élasticité n’est plus suffisant pour faire du rattrapage. Le dollar est quand même passé de la tranche 1,20-1,30 euro à la tranche 1,50-1,60. Nous sommes donc loin de la variation de 10%. Nous sommes plutôt dans les 20% de variation.

Pour LDLC, nous estimons l’effet déflationniste à 10% au minimum.

Sur votre marché, on ne peut pas dire que tout le monde soit touché de la même façon par l’effet dollar, je pense notamment à Rue Du Commerce…
Je pense que Rue Du Commerce est plus touché au quatrième trimestre par la morosité du marché qui, je dois l’avouer, nous a également touché.

A la différence de Rue Du Commerce, nous sommes des spécialistes informatiques. Sur ce marché, il n’y a pas un produit qui ne soit pas lié au dollar. Et à la différence de Rue Du Commerce, nous sommes beaucoup plus impactés par le lancement de produits comme Vista.

De même, Rue Du Commerce annonce sa galerie marchande, annonce d’autres types de produits en termes de chiffre d’affaires, etc. Je ne dis pas qu’ils ne sont pas touchés par les effets déflationnistes du dollar, mais je pense qu’ils le sont de moins en moins.

Pour justement vous affranchir le plus possible de l’effet dollar, ne réfléchissez-vous pas à vous diversifier ?
LDLC est un spécialiste du numérique et de l’informatique dont l’identité et le savoir-faire ont été construit pendant 12 ans, et donc c’est difficile de changer et de devenir un généraliste.

Nous avons toujours dit et répété que nous ne souhaitons pas faire de LDLC un généraliste. C’est beaucoup plus dangereux qu’intéressant.

Aujourd’hui, nous avons plutôt opté pour des notions de multimarques.

A qui doit-on s’attendre pour les résultats qui seront publiés dans un peu plus d’un mois ?
Nous avons donné une indication d’un résultat opérationnel supérieur à 1 million d’euros. Cela dit, les derniers chiffres qui avaient été donnés étaient plutôt de l’ordre de 1,5 million d’euros.

Aujourd’hui, nous sommes supérieurs à 1 million d’euros. Notre dernier trimestre a été moins bon que ce que nous pouvions en attendre. 

Nous sommes plutôt satisfaits de l’exercice écoulé, essentiellement au regard du redressement opéré : pour un CA équivalent, le résultat opérationnel est attendu à 1 million contre -2,8 l’an passé.

L’entreprise a retrouvé des bases saines. Il reste maintenant à travailler sur les aspects de croissance rentable.

Vous avez dévoilé une panoplie de nouveaux services gratuits, dont l’extension de garantie à deux ans. Qu’en attendez-vous ?
LDLC se bat depuis la création de l’entreprise pour l’image, pour la confiance du e-commerce.

Aujourd’hui, on légifère pour faire en sorte que les e-commerçants se comportent correctement. Je pense à la loi Chatel. Nous trouvons ça un peu fort et nous pensons qu’il n’y a pas besoin de légiférer pour que les e-commerçants aient conscience de l’importance de leurs clients.

Nous sommes une entreprise qui est capable de faire du commerce de manière tout à fait normal et tout à fait respectable. La mise en place d’un ensemble de nouveaux services en témoigne.

Quelles sont vos guidances 2008/2009 ?
Aujourd’hui, nous n’en avons pas encore donné.

Et enfin, le dernier mot pour vos actionnaires au regard de votre titre qui est pas mal malmené depuis le début d’année (-44%)…
Nous constatons que le cours de bourse n’est pas du tout à l’écoute du travail réalisé au niveau de la recovery de l’entreprise.

Aujourd’hui, quand on regarde les valeurs du e-commerce –et pas seulement LDLC-, on se rend compte qu’il y a un certain nombre d’incohérences par rapport aux valorisations.

Nous faisons une recovery dès le premier semestre et nous faisons -40% depuis le début d’année… La chute est… un peu trop disproportionnée. Je ne sais pas ce qu’il faut annoncer au marché.

Les investisseurs que je qualifierais d’un peu plus institutionnels se sont tournés vers des titres plus liquides après les subprimes. Malgré la crise boursière que nous traversons, nous travaillons au développement de l’entreprise.

Propos recueillis par Marjorie Encelot