Interview de Mireille Maury : Directeur Finances-Administration de la maison Hermès

Mireille Maury

Directeur Finances-Administration de la maison Hermès

La famille Hermès n'a aucune intention de céder son joyau

Publié le 31 Août 2009

Pouvez-vous nous commenter vos chiffres du premier semestre ?
Malgré l’environnement difficile de ces six derniers mois, l’activité et les résultats d’Hermès se sont bien tenus. Le chiffre d’affaires du groupe est stable à taux de change constant par rapport au premier semestre 2008, où nous avions enregistré une croissance de 17%. Ainsi,  malgré la crise, nous sommes parvenus à stabiliser notre chiffre d’affaires.
On observe d’ailleurs une amélioration entre le premier et le deuxième trimestre 2009, puisque le chiffre d’affaires s’est contracté de 5% à taux de change constant sur les trois premiers mois de l’année, avant d’augmenter de 4% au deuxième trimestre.

Hermès ne ressent pas les effets de la crise ?
Les ventes dans les magasins Hermès, que nous appelons les ventes au détail, se portent très bien. Elles ont augmenté de 9% à taux change constant, avec une progression dans toutes les régions excepté le Japon.

En revanche, il est vrai que les ventes de gros (parfums, horlogerie notamment) au travers de réseaux de distribution multimarques souffrent de la crise. Les grands distributeurs comme Marionnaud ou Séphora déstockent, donc ils commandent moins aux producteurs que nous sommes. La baisse des ventes est aussi liée à celle du trafic dans les aéroports, où nous sommes présents via des réseaux spécialisés. Sur le premier semestre, nos ventes de gros ont baissé de 22% (ndlr: elles représentent environ 20% du chiffre d'affaires du groupe).

Avez-vous adapté votre offre de produits et votre politique de prix au contexte de crise et de baisse du pouvoir d’achat ?  
Non. Nous gardons la même stratégie en termes d’offre de produits et de positionnement de prix. On peut d’ailleurs noter que ce sont les best-sellers de la marque qui ont tiré la croissance au premier semestre, notamment les carrés de soie Hermès, les sacs, et la maroquinerie. Les vêtements et accessoires  ont quant à eux enregistré un chiffre d’affaires stable.

Quelle sera selon vous l’évolution des ventes de gros au second semestre ?
Il est très difficile de faire des prévisions dans la conjoncture actuelle. Nous ressentons un léger frémissement de l’activité parfums, mais pas des autres activités. Il est encore trop tôt pour parler d’une reprise de la commande des réseaux. Il y a bien un moment où les distributeurs vont arrêter de déstocker, mais on ne sait pas si cela se produira au cours du dernier semestre 2009 ou au premier semestre 2010.

Quels sont vos objectifs pour 2009 ?
Nous confirmons notre objectif annoncé au mois de janvier d’un chiffre d’affaires stable à taux de change constant. Dans la conjoncture actuelle, nous pensons que ce serait une belle performance. Nous tablons également sur une légère baisse du résultat opérationnel courant, comparable à celle que nous avons enregistrée au premier semestre (ndlr : le bénéfice opérationnel du groupe s’est contracté de 2% à 199,8 millions au cours des six premiers mois).
Par ailleurs, nous maintenons nos investissements, avec l’ouverture ou la rénovation d’une vingtaine de succursales sur l’ensemble de l’année 2009, une première implantation au Brésil et une autre en Turquie.

Hermès fait régulièrement l’objet de rumeurs de rachat par les poids lourds du secteur, comme  LVMH ou Richemont. Ces rumeurs sont-elles justifiées ?
Pas du tout. Je vous rappelle que l’actionnariat est détenu à plus de 70% par la famille Hermès et que celle-ci n’a aucune intention de céder son joyau. 

Propos recueillis par François Schott