Interview de Henri Crohas : PDG d'Archos

Henri Crohas

PDG d'Archos

Nous disposons de 12 000 points de vente dans le monde, dont 4500 aux Etats-Unis (Archos)

Publié le 04 Décembre 2009

Vous venez d’annoncer le lancement d’une augmentation de capital de 16,9 millions d’euros, quels en sont les objectifs ?
Le but de cette augmentation de capital est qu’Archos devienne un acteur majeur de l’électronique grand public. Pour ce faire, nous avons mis au point une stratégie qui comprend 3 étapes : maintenir l’innovation, bâtir une marque mondiale et étendre notre marché. Nous avons déjà franchi les deux premières de ces trois étapes.

Au cours de ces deux ou trois dernières années, Archos a été enfermé dans une niche haut-de-gamme par Apple qui s’est imposé sur le marché du lecteur MP3/MP4. Nos anciens concurrents, Creative Labs, Samsung, Sony et Philips, se sont orientés vers le bas-de-gamme avec des produits dont le prix de vente est inférieur à 100 euros. Aujourd’hui, nous sommes les seuls concurrents de l’iPod Touch.

Nous souhaitons donc sortir de cette niche à travers, d’une part, nos tablettes développées sous Google Android, qui nous redonne une équation de compétitivité plus intéressante  et, d’autre part, grâce notre nouveau modèle industriel.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette stratégie ?
Notre stratégie s’appuie sur la sortie d’une Tablette Internet développée sous Android, un système d’exploitation appartenant à Google. Android intègre toutes les applications existantes de Google parmi lesquelles Gmail, Google Voice ou Google Maps et s’impose comme la plateforme la plus compétitive face à l’iPhone OS.

En combinant le savoir-faire multimédia d’ARCHOS et l’univers d’Android par Google, nous disposons d’un très beau produit, salué par la presse spécialisée, qui gère notamment la haute résolution et une navigation facilitée sur Internet.

De combien de points de ventes disposez-vous aux Etats-Unis ?
Nous sommes présents partout dans le monde, grâce à notre technologie et à un réseau de vente mondial. Nous disposons, au total, de 12 000 points de vente dans le monde, dont 4500 aux Etats-Unis.

Notre nouvelle offre produits nous a permis de reconquérir Best Buy, de loin le numéro 1 américain avec pratiquement la moitié du marché, et RadioShack, devenu le numéro deux. Tous deux proposent notre produit comme seule alternative face à l’iPod Touch.

Et concernant votre nouveau modèle industriel…
Pour ce qui est du nouveau schéma industriel, nous nous appuyons sur des partenaires industriels chinois. Jusqu’en 2008, Archos était une société plutôt intégrée.

Depuis mi-2008, nous avons entièrement revu notre modèle. Nous avons sélectionné des industriels chinois très spécialisés qui proposent une chaîne économique extrêmement optimisée. Désormais, nous nous occupons du design, de l’architecture industrielle, de l’interface utilisateur et du contrôle qualité ainsi que dans la commercialisation des produits. Cette nouvelle organisation nous a permis de nous repositionner sur des produits d’entrée de gamme, il y a trois mois et nous avons déjà vendu 300 000 produits.

Cette organisation, plus flexible, va nous permettre d’améliorer le «time to market» de nos produits et aura un impact très favorable sur notre besoin en fonds de roulement...

Vous êtes-vous fixé- des objectifs de vente pour l’année prochaine ?
Nous ne donnons pas de prévision. Nous avons fortement réduit nos charges fixes et avons désormais un point mort qui s’établit à environ 90-100 millions d’euros.

Notre nouvelle stratégie nous confère de nombreux atouts concurrentiels et, ajoutés aux fonds levés grâce à l’augmentation de capital en cours, ils doivent nous permettre de mettre en œuvre avec succès notre stratégie de retournement.

Et en termes de trésorerie…
Nous avions besoin de 5 millions d’euros pour la continuité de notre exploitation et environ 10 millions pour mettre en place notre plan de retournement.

Aujourd’hui, notre augmentation de capital s’élève à environ 17 millions d’euros, que nous avons pré-placé à hauteur de 75% auprès de plusieurs fonds d’investissement, ce qui montre qu’un certain nombre de gens croient en notre stratégie…

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

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