Interview de Jérôme Marsac : PDG de CyberGun

Jérôme Marsac

PDG de CyberGun

L’effet dollar est pénalisant, surtout dans les fonds propres de l’entreprise

Publié le 15 Décembre 2009

Vos résultats semestriels font état d’un chiffre d’affaires en hausse de 32%, ainsi que du doublement de votre résultat opérationnel. Comment expliquez-vous le dynamisme de votre activité ?
Nous avons effectivement enregistré une croissance soutenue, de l’ordre de 20% à périmètre et taux de change constants pour le semestre qui vient de se terminer fin septembre.

Il s’agit néanmoins de la treizième année consécutive où nous tenons ce niveau de croissance. Nous travaillons sur une niche bien particulière dans laquelle existent des barrières à l’entrée très fortes, ainsi que des prix très accessibles. Les consommateurs trouvent en effet nos produits dans la grande distribution aux Etats-Unis à partir de 10 dollars, sachant qu’un bon modèle coûte entre 50 et 100 dollars. En Europe, le premier prix se situe également dans la zone des 10 euros…

Nous sommes donc sur des prix tellement mesurés et raisonnables qu’il y a un effet anticrise, c’est-à-dire qu’un consommateur qui aurait pu acheter un objet de loisir plus cher, se rabat finalement sur ce type d’article.

Où en êtes-vous de votre désendettement ? Dans quel but menez-vous en parallèle une politique de rachat d’actions ?
L’entreprise réalise de belles performances sur la maitrise des coûts. Ces derniers progressent en effet de l’ordre de 15% par an, alors que le volume d’affaires progresse plus vite. Ceci permet d’améliorer nos marges et de dégager une très bonne trésorerie, en partie utilisée pour les rachats d’actions en auto-détention à bon compte sur le marché que vous évoquez.

Depuis un an, nous avons ainsi racheté plus de 220 000 actions à un prix moyen de 6,20 euros, ce qui nous permet de constituer de quoi faire des acquisitions payées en titre sans effet de dilution pour nos actionnaires. Néanmoins, la trésorerie continue de progresser, dépassant les 4 millions d’euros, ce qui nous permet de rester sereins.

Avez-vous des objectifs en termes de croissance externe pour le reste de l’exercice ?
Nous étudions plusieurs cibles actuellement, mais rien n’est encore conclu définitivement. Il s’agit principalement de cibles dans la zone euro, afin d’équilibrer si possible nos ventes pour atteindre 50% en Europe et 50% aux Etats-Unis…

Il y a encore 2 ans, nous faisions près de 75% de notre volume d’affaires aux Etats-Unis. Pour l’heure, à la date du dernier arrêté semestriel, le chiffre d’affaires aux Etats-Unis est de 58%, en croissance de 30%, tandis qu’en Europe, la croissance est de l’ordre de 34%. Nos efforts sont donc d’ores et déjà  très accentués en Europe où il nous reste énormément à faire pour faire face à la demande des consommateurs.

Quel a été l’impact du dollar sur vos comptes ?
L’effet dollar est effectivement pénalisant, particulièrement dans les fonds propres de l’entreprise, compte-tenu du fait que les goodwills de nos acquisitions aux USA se déprécient quand elles sont exprimées en euro, même s’ils restent constants en dollar. C’est pourquoi on peut constater que nos fonds propres ne progressent pas sur cet arrêté semestriel, malgré nos bénéfices.

Par contre en termes économiques, nous n’avons pas de pression concurrentielle dans la mesure où nous fabriquons nos produits dans la zone dollar en Asie du Sud-est pour 60%, et en Chine pour 30%.

Par ailleurs, la masse des dollars que nous recevons de nos grands clients américains nous permet d’assurer tous les achats pour nos usines de sous-traitances en Asie. En réalité économique donc,  d’un point de vue opérationnel, nous n’avons pratiquement pas d’effet de change.

Comment répondez-vous à la pression des jeux vidéo qui représentent vos principaux concurrents ?
Les jeux vidéo sont effectivement un grand concurrent, dans la mesure où nous avons les mêmes consommateurs, à savoir les adolescents, généralement garçons. Dès lors, quand sort sur le marché une console  de jeux vidéo de nouvelle génération, nous voyons bien l’impact de l’attrait de ces consoles. Cette année, nous sommes à la troisième année de la troisième génération de console, nous constatons donc que l’impact s’est fortement émoussé, ce qui explique d’ailleurs notre très forte croissance.

En résumé, la concurrence se fait plutôt sur le budget des consommateurs. Lorsque les jeux vidéo sont un succès en termes de software plutôt que d’hardware, nous avons une faible pression sur nos consommateurs. A contrario, la sortie de consoles, donc d’hardware, va consommer une très grande partie du budget disponible consacré aux loisirs.

Avez-vous des perspectives chiffrées ?
Nous ne voyons pas de raison d’être en-dessous des croissances actuelles : la croissance long terme est ainsi de l’ordre de 20% depuis 13 ans, et nous pensons que cela devrait continuer sur les années à venir sur un rythme soutenu alliant croissance organique et pour partie, de la croissance externe.

Propos recueillis par NS

nicolas