Interview de Laurent Diot : Directeur financier de Nexity

Laurent Diot

Directeur financier de Nexity

Notre objectif pour 2010 consistera à consolider et maintenir notre part de marché autour de 10%

Publié le 09 Février 2010

Nexity a fait état d’un chiffre d’affaires 2009 en hausse de 6% par rapport à 2008, à 2,838 milliards d’euros, avec une marge opérationnelle courante attendue en progression également, à 7%. Quel commentaire vous inspirent ces résultats et quels ont été les moteurs de croissance sur cet exercice ?
Le CA est en hausse de 6% effectivement, il s’agit donc d'un très beau score sur l’année. Nous avons notamment profité d’une nouvelle progression en fin d’année grâce à la signature en décembre d’un nombre très important d’actes dans l’activité du logement, essentiellement en raison des incertitudes ayant entouré la pérennisation du dispositif Scellier-Carrez fin 2009.

Il y a en effet eu des débats entre l’Assemblée nationale et le Sénat sur la prorogation de cette mesure en 2010, ce qui a probablement conduit un grand nombre de réservataires à signer en fin d’année. Par ailleurs, dans la mesure où ces actes se rapportaient à des opérations déjà en cours de construction, cela s’est immédiatement traduit en chiffre d’affaires. C’est pourquoi nous sommes passés à 6% de croissance alors que nous étions encore avec un CA «étal» durant les neuf premiers mois de 2009.

Cet effet d’aubaine ne devrait donc pas se reproduire en 2010…
Il ne faut selon moi rien n’exclure…  Aujourd’hui, ce qui est posé par la Loi de finance, c’est qu’effectivement, fin 2010, le taux d’abattement dont on bénéficie au titre du régime Scellier-Carrez va baisser d’un cran, c’est-à-dire qu’il jouera différemment selon que l’on sera sur des logements BBC [basse consommation] ou non, mais il devrait diminuer. Dès lors, on peut également imaginer qu’il y ait un certain nombre d’acquéreurs qui souhaiteront signer en 2010 afin de profiter du taux auquel ils pourraient être éligibles à cette période.

De quelle nature pourraient être les nouveaux efforts consentis par l’Etat pour aider la vente de logements ?
Un des axes importants, dont nous avons justement souligné la remise en question aujourd’hui, c’est effectivement la pérennisation du dispositif PASS-Foncier. Il s’agit d’une mesure extrêmement intelligente, un peu complexe à mettre en œuvre certes mais nous montrons avec le nombre de logements et de lots à bâtir qu’on a pu vendre grâce à ce mécanisme, que dès lors qu’on arrive à le faire, on le fait bien, et les acquéreurs le comprennent bien aussi.

Dans le détail, ce mécanisme repose sur une forme de démembrement entre la propriété du bâti et la propriété du foncier, puisque cela permet à l’acquéreur, après avoir payé le bâti, de payer le foncier plus tard, ce qui le rend solvable.

Il y a également, le cas échéant, le principe d’un financement d’une petite partie via des subventions par les collectivités locales, or notre PDG Alain Dinin a proposé plusieurs pistes qui feraient qu’effectivement, ce ne serait plus le cas et cela pourrait aider à pérenniser un système qui permet, pour des niveaux de revenus plus modestes, de favoriser l’accession à la propriété.

Ne serait-il pas utile d’aider aussi la construction de logements neufs ?
Nexity est un promoteur de logements, pas un constructeur, mais il est vrai que c’est nous  qui allons passer la commande auprès des constructeurs dès lors que nous aurons trouvé quelqu’un à qui vendre le logement. Ainsi, le point sur lequel devrait se concentrer les aides est l’accession, car lorsque l’on favorise l’accession, cela signifie qu’on augmente le nombre de logements à vendre et par conséquent, le nombre de constructions...

Que représentent, en volume, les logements sociaux pour Nexity ?
Environ 3 600 logements, «réservés en habitat social», c’est-à-dire que nous couvrons à la fois les ventes en bloc -plus de 2000 logements vendus cette année à des institutionnels qui sont essentiellement des bailleurs sociaux-, les logements en zone ANRU, donc avec une TVA réduite, et les logements vendus dans le cadre d’un dispositif de PASS-Foncier.

Quelles perspectives entrevoyez-vous pour le marché immobilier en 2010 ?
Pour 2010, tout dépend du contexte macroéconomique. Déjà en 2009, sur le logement en France, ce qui a permis le rebond du marché, ce sont deux grands facteurs : le premier concerne évidemment les incitations gouvernementales, en améliorant la solvabilité des acquéreurs ; le second élément concerne la baisse des taux, puisque si vous comparez la fin 2009 à celle de 2008, vous constaterez que les taux moyens d’un emprunt immobilier ont diminué de près de 130 points de base, ce qui est énorme dans la mesure où cela équivaut à une baisse de prix de 10% pour un logement.

Cette année, il y a déjà un certain nombre de mesures de soutien prévues dans la Loi de finance, par ailleurs la demande de logements en France est forte en raison de ses sous-jacents structurels [la pression démographique], et les taux sont bas. Si les taux venaient à monter cela pourrait jouer sur la solvabilité des acquéreurs, et puis il y a aussi le fait que si la demande est importante, encore faut-il qu’il y ait une offre en face. Selon nous, la baisse très forte du marché en 2008, nous a conduits à réduire de beaucoup les lancements d’opérations, nous avons donc moins d’opérations à proposer aujourd’hui... Nous estimons donc que le marché sera en légère baisse en 2010, autour de 90 000.

Notre objectif dans ce marché-là, c’est de consolider et de maintenir notre part de marché autour de 10%.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

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