Interview de Philippe Benacin : PDG d'InterParfums

Philippe Benacin

PDG d'InterParfums

Pour 2010, nous devrions faire mieux que les objectifs de vente fixés à 265 millions d'euros

Publié le 11 Mars 2010

Interparfums vient de dévoiler ses résultats annuels pour 2009, faisant notamment état d’un résultat net en progression de 7,1%, à 22,6 millions d'euros, ainsi que d’un résultat opérationnel courant en hausse de 1,4%, à 35,3 millions d'euros. En revanche, le chiffre d’affaires a reculé de 2,1%, à 259,2 millions d'euros. Comment qualifieriez-vous l’année 2009 ?
L’année 2009 a été excellente dans la mesure où nous avons eu une génération de cash flow très importante, de 56 millions d’euros soit bien plus que le résultat net. En résumé, nous n’avons pratiquement pas de dette -20 millions d’euros-, nous avons dégagé beaucoup de cash, nos fonds propres sont hauts, nos stocks sont bas et les comptes clients sont bas également, donc tout va très bien !

Vous finissez également l’année avec l’acquisition de deux licences importantes…
Nous avons effectivement achevé l’année avec l’entrée de deux nouvelles licences : Jimmy Choo et MontBlanc.

Qu’attendez-vous de ces licences ?
Sur Jimmy Choo, nous attendons un fort lancement aux Etats-Unis et en Angleterre puisque cette marque y est très bien implantée, de même qu’en Asie. Cela étant, il s’agit surtout d’une nouvelle marque qui va nous permettre d’ouvrir un nouvel axe en termes de style de produits et de communication, l’idée étant d’avoir quelque chose d’un peu plus sexy, féminin et glamour que le reste de notre portefeuille.

Sur le reste de la zone Europe de l’Ouest, cette marque est beaucoup moins connue, nous y serons logiquement plus lents, de même qu’en Europe de l’Est. Au Moyen-Orient, il y a un début de notoriété, mais là encore nous n’attendrons pas de grandes choses.

Pour MontBlanc en revanche, du fait du positionnement de la marque, de sa reconnaissance, du nombre de points de vente dont elle dispose, et du fait qu’elle est fortement institutionnelle, nous attendons des choses importantes en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis.

Il faut par ailleurs souligner que MontBlanc est une marque plutôt masculine, contrairement à Jimmy Choo qui est exclusivement féminine. Nous avons donc, avec ces licences, deux axes de développement très différents, notamment en termes de marketing, d’identité et donc d’histoire à raconter.

Vous avez annoncé que les prochains lancements sur ces marques n’auront lieu qu’en 2011, est-ce une question de temps de préparation ?
Pour Jimmy Choo, ce n’est pas le cas dans la mesure où nous serons prêts en avril prochain. Néanmoins, cette période de l’année n’est pas la meilleure, c’est en fait trop tard pour les Etats-Unis, nous avons donc décidé de décaler le lancement pour qu’il soit optimal Outre-Atlantique.

Quant à MontBlanc, nous n’aurons rien avant juillet, nous n’avons donc pas prévu de lancer quelque chose en 2010. D’autant qu’il existe déjà six lignes sur cette marque, ce qui permettra d’avoir une activité à partir de septembre prochain.

Quels ont été les leviers ayant permis de maintenir votre croissance ?
La partie Asie a très bien fonctionné, notamment sur les marques Lanvin et Burberry, de même que tout le Moyen-Orient qui a fait une très bonne performance, toutes marques confondues. Il faut également souligner que l’Arabie Saoudite a beaucoup tiré la croissance et est d’ailleurs entrée de ce fait dans nos dix premiers marchés.

Autre élément positif, qui concerne le recul aux Etats-Unis, puisqu’il s’est finalement avéré limité contrairement à la catastrophe que tout le monde avait prédite. On s’attendait ainsi à faire -20% sur ce marché, mais la réalité s’est plutôt située entre -10 et -11%. Enfin, l’Europe de l’ouest s’est bien maintenue.

La véritable déception est donc venue de la partie russe où nous sommes très en repli, ce qui est le cas pour toute l’industrie en général.

Avez-vous chiffré l’impact de la baisse d’activité sur le marché russe ?
Le compte russe fait environ 20 millions d’euros, or il était à -35% cette année, ce qui signifie que nous sommes autour de 12 ou 13 millions d’euros. Si le marché russe était resté flat, nous aurions probablement été en croissance globale de chiffre d’affaires cette année.

Quelles sont vos perspectives sur 2010 ?
Nous avions donné des objectifs de vente en novembre dernier [265 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010, ndlr], que nous n’avons pas révisés depuis, mais, vraisemblablement, nous avons de bonnes chances de faire mieux.

D’abord parce que le dollar est meilleur que ce qu’il était en novembre, il y a donc une amélioration sur toute la partie dollar qui est très importante dans la facturation de la société.

D’autre part, nous avons enregistré un bon début d’année 2010, avec de très bons lancements pour Burberry Sport et Oriens de Van Cleef & Arpels, ce qui nous fait penser que l’on pourrait bien faire un peu mieux…

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

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