Interview de Eric de Saintdo : Directeur général et membre du Directoire du groupe Rodriguez

Eric de Saintdo

Directeur général et membre du Directoire du groupe Rodriguez

Nous venons de signer un contrat avec Sanlorenzo, le top du top des chantiers à l'heure actuelle

Publié le 15 Décembre 2010

Pourriez-vous nous faire quelques commentaires sur vos résultats 2010 ?
Nous avions un chiffre d’affaires par le passé très conséquent. Nous avions pour 141 millions d’euros d’achats, nous avions 109 millions d’euros de pertes opérationnelles alors qu’aujourd’hui nous avons beaucoup moins d’achats mais nous nous retrouvons avec 25 millions d’euros de pertes.
Par ailleurs nous affichons un résultat net du groupe positif de 3,8 millions d’euros alors que nous présentions un résultat négatif de -121 millions d’euros l’année dernière.
Nous sommes très satisfaits du travail qui a été accompli. Une restructuration importante a été entreprise avec l’aide du cabinet Poulain. Nous sommes entré en négociation avec les banques, les chantiers, les motoristes avec la ferme volonté forte de faire survivre la société à une crise sans précédent.

La presse s’est beaucoup tournée vers Rodriguez. Cependant on oublie de dire que l’activité de Ferretti a engendré 3 milliards d’euros de pertes, qu’elle a été restructurée à hauteur de 567 millions, que Baglietto, que Di Pisa, que Dilavania ont disparu.

Le groupe Rodriguez est sorti de son plan de sauvegarde. C’est un évènement rare de nos jours. Nous voyons l’avenir avec un regard optimiste.

Quels sont vos objectifs pour l’avenir ?

Compte tenu de la diminution des coûts de structure qui s’établissent aux alentours de 20 millions d’euros, le groupe sera de nouveau en mesure de privilégier la marge plutôt que le chiffre d’affaires.
Nous tablons sur un Ebit à l’équilibre en 2011 et sur un Ebit pouvant aller jusqu’à 5 millions d’euros en 2012.
Nous envisageons l’avenir avec beaucoup de sérénité. Tous les travaux sur les bateaux d’occasion ont été provisionnés sur l’année 2010. Nous ne pouvons désormais qu’avancer avec des ventes d’unités.
Nous n’avons pas besoin de vendre plusieurs dizaines d’unités. Aucune société au monde ne pourrait raisonnablement s’engager à le faire.
Nos estimations sont basées sur les produits que nous avons commandés.

Vous comptez sur une baisse de votre prix de fabrication de 30%. Toutefois, nous pouvons nous interroger parallèlement sur le niveau de baisse de votre prix de vente ?

La question est intéressante mais elle ne s’inscrit pas dans la réalité des choses. Nous nous retrouvons à acheter de nouveaux bateaux moins chers. Nous ne serons plus contraints à vendre à perte.

La société Overmarine a décidé de résilier le contrat d’exclusivité qui la liait à vous. Vous entendez contester cette résiliation ?

Il y a effectivement eu une demande de la part d’Overmarine de résilier ce contrat après plus de 30 ans de collaboration.
Pour moi, Mangusta est une marque qui n’appartient pas à Overmarine. Le nom par Rodriguez, les produits ont été développés par Rodriguez. Il y a une maldonne. Nous sommes en train de contester la résiliation de ce contrat.
Ceci étant pour le directeur général que je suis, cette résiliation n’est pas vraiment un problème. Je viens de signer un contrat avec Sanlorenzo, qui représente le top du top des chantiers à l’heure actuelle. En outre les besoins des clients ont évolué. Comment vous aurez des gens qui aiment les voitures de sport, vous aurez toujours des gens qui aiment les grands bateaux confortables, et rapides. Mais vous avez également des clients qui souhaitent s’orienter vers d’autres gammes de bateaux. C’est ce des nouvelles gammes que nous désirons proposer.

Lorsque vous aviez 1000 acheteurs par le passé, vous en avez plus que 100 aujourd’hui. Il faut savoir offrir à ces 100 acheteurs le bon produit. Il n’y a pas mieux en design, en qualité, en inventivité que Sanlorenzo.

Nous sommes de plus en relation d’affaires avec Italyachts.

Diriez-vous que vous gagneriez au change en perdant d’un coté Overmarine et en gagnant de l’autre Sanlorenzo?

Tout à fait. Ces partenariats me permettent d’élargir ma gamme, d’avoir des bateaux en aluminium…
Je pense que la requête d’Overmarine est anormale et je ne laisserai pas faire la situation. Overmarine n’existerait pas si Gérard Rodriguez n’avait pas développé ses bateaux.

Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Nos actionnaires peuvent nous faire confiance. En témoignent l’efficacité du plan de sauvegarde, la solidité du plan de redressement, l’amélioration de nos résultats, et nos objectifs qui s’appuient sur un nouveau management, de nouvelles gammes de bateaux, de nouveaux partenariats…
Le chantier aurait pu s’arrêter. Gérard Rodriguez s’est battu pour le maintenir. Je me battrai à ses cotés pour que le groupe garde le bon cap dans les années à venir.

A lire également l'article : "Groupe Rodriguez : la société Overmarine demande la résiliation de son contrat d'exclusivité"

Propos recueillis par Imen Hazgui