Interview de Jérôme Marsac : PDG de Cybergun

Jérôme Marsac

PDG de Cybergun

Nous confirmons l'objectif de CA de 90 millions d'euros sur l'exercice en cours

Publié le 18 Janvier 2012

Votre groupe a fait état au 3ème trimestre 2011, d'un CA de 21,2 millions d'euros contre 21,3 millions un an plus tôt. Quel commentaire vous inspirent ces résultats ? Quels ont été les moteurs de croissance sur la période ?
Ce troisième trimestre est différent des deux premiers, dans la mesure où nous avons enregistré un tassement important des ventes sur la zone euro. Ce n'est pas une surprise étant donné le contexte économique actuel, si bien que l'ensemble des commerçants et des grossistes européens ont réduit leurs achats. Ils ont sans doute eu raison de le faire étant donné que dans nos métiers, les commerçants ont des stocks d'avance importants à financer.

Assez logiquement d'ailleurs, nous avons également observé une forte réduction des livraisons des modèles jouets sur la partie grand export au départ d'Asie, puisque là aussi les grandes chaines internationales, en particulier européennes, ont réduit leurs approvisionnements au dernier moment, ce qui a généré un impact important sur la branche Techgroup.

Cela étant, nous avons enregistré une très forte croissance aux Etats-Unis. Globalement, à l'issue des 9 premiers mois de l'année, nous détenons toujours un record absolu de ventes puisque sur cette période, notre CA atteint 63 millions d'euros, contre 52,6 millions d'euros en 2010.

A l'intérieur de ce CA, on observe un effet de périmètre puisque l'acquisition d'Interactive Game Group MicroProse et de SMK Sportsmarketing commencent à jouer. Au total, la croissance de +20% a été générée pour moitié via la croissance due aux acquisitions et pour l'autre moitié, de part la croissance organique.

Quel a été le niveau des ventes par type de produits ?
Nos ventes sur notre cœur de métier, l’Airsoft, se portent très bien et confirment la solidité de notre business historique, en particulier aux Etats-Unis (+19%) qui représentent désormais près de 55% de notre activité.

Nous avons observé une petit réduction des ventes sur la partie Jouets, qui vient plus du fait que les grossistes ont été très prudents sur leurs achats, sachant que l'impact consommateurs est encore loin d'être démontré pour l'instant.

La partie Jeux vidéo est plutôt stable, sa contribution au CA étant encore assez modérée, moins de 5% de notre chiffre d’affaires consolidé.

Quelles sont les synergies apportées par vos deux dernières acquisitions ?
Concernant la première acquisition, SMK Sportsmarketing en avril dernier, il s'agit d'une entreprise essentiellement spécialisée dans les carabines à plomb que l'on trouve en général dans les fêtes foraines en Angleterre. A ce propos d'ailleurs, 100% de l'activité est effectuée en Angleterre où SMK Sportsmarketing est le numéro un du marché. Cette société existe depuis 40 ans et dispose de ce fait d'un fonds de commerce très récurrent, avec une visibilité à très long terme et une bonne rentabilité. Grâce à cette acquisition, nous nous positionnons sur la gamme supérieure de notre cœur de métier, puisque l'Air gun est un peu plus cher et performant que l'Airsoft gun.

Concernant l'acquisition Jeux vidéo (Interactive Game Group MicroProse) la sortie du jeu "Blackwater " sur Xbox 360 s'est avérée moins performante que prévu, néanmoins les synergies sont impressionnantes dans la mesure où les produits dérivés de ce jeu ont eu plus de succès qu'attendu. L'environnement des jeux vidéo est en effet très motivant pour les revendeurs, en particulier aux Etats-Unis.

Ainsi l'acquisition de 50% de la société "War Inc. Battlezone" qui est un jeu de tir à la troisième personne en free to play, offre aux joueurs l'ensemble de la panoplie d'armes de Cybergun. Ce concept de produits dérivés de jeux vidéo nous permet également d'aborder de nouvelles chaines de distribution, encore aux Etats-Unis, comme nous l'annoncerons prochainement...

A noter enfin, que les parcs de Paint-ball, surtout aux Etats-Unis pour l'instant, voient de plus en plus venir à eux des joueurs utilisant des pistolets à bille et qui cherchent une ambiance de jeu vidéo mais sur un terrain réel. Le numéro un aux Etats-Unis dans ce métier m'a d'ailleurs confirmé son objectif de transformer ses terrains de Paint-ball vers le Airsoft gun pour y mettre un environnement issu des jeux vidéos, comme War Inc. notamment.

Pourriez-vous revenir sur le plan de réduction de votre endettement ?
Pour financer notre croissance, aussi bien organique qu’externe, nous avons fait appel au marché, vie notre emprunt obligataire grand public notamment, ainsi qu'à nos financements bancaires. Tout ça s'est déroulé dans de très bonnes conditions, d'ailleurs Cybergun emprunte aujourd'hui à des taux inférieurs à ceux de certains Etats d'Europe… Nous n'avons aucune dette bancaire substantielle à court et moyen terme sous covenant, nous sommes donc très sereins.

Cela étant, cet endettement va diminuer dans la mesure où nous avions des excédents d'actifs importants, notamment dans les entrepôts américains où nous disposions de très gros stocks de marchandises du fait d'une collection de produits très large [plus de 250 modèles différents en catalogue actuellement]. La collection ayant été un peu trop élargie, nous estimons qu'il est pertinent de la réduire notamment sur des modèles qui se cannibalisent...

Au total, le niveau de dette devrait baisser d'une dizaine de millions par an dans les prochaines années, de façon stable et régulière, pour nous ramener vers la zone inférieure à deux fois l'EBITDA à un horizon de 3 ans.

Quid de vos perspectives chiffrées ?
Nous confirmons l'objectif de CA de 90 millions d'euros sur l'exercice en cours et pour 2012 [exercice clos en mars 2013], nous restons confiants dans notre capacité à atteindre 100 millions d'euros de CA, ainsi qu'un volume d'EBITDA de 10 millions d'euros comme nous l’avons dit en décembre dernier.

NS