Interview de Matthieu Malige : vice-président de l’Arfa et directeur de la stratégie et du développement chez Carrefour

Matthieu Malige

vice-président de l’Arfa et directeur de la stratégie et du développement chez Carrefour

Malgré les LBO, le marché reste largement dominé par des opérations industrielles

Publié le 04 Janvier 2007

Comment expliquez-vous que les mouvements de fusions-acquisitions ont atteint en 2006 des niveaux records ?
Je vois trois conditions pour que les entreprises souhaitent se rapprocher : la croissance, la confiance et les financements. De ce point de vue, 2006 est une année qui a réuni tous ces ingrédients. La croissance est très robuste, puisque l’économie mondiale tourne à 5% environ. Les investisseurs ont confiance, en témoigne le dynamisme de la bourse. Enfin, les financements sont là, à bon prix. Tout cela a permis cette année 2006 exceptionnelle pour les fusions-acquisitions.

Pour combien participe à ce record les rachats par LBO ? Voyez-vous un risque pour l’économie de la multiplication des rachats par effet de levier ?
Le nombre d’opérations de LBO est en augmentation cette année, mais il me semble que le marché reste largement dominé par des opérations industrielles. Les LBO sont visibles médiatiquement parce que certaines opérations spectaculaires ont été réalisées. Les tailles toujours plus importantes des LBO frappent également les esprits.

Il faut insister sur le rôle essentiel des investisseurs financiers qui permettent notamment de fluidifier le marché du M&A. La présence croissante de ces fonds a fait évoluer les approches des dossiers M&A y compris dans les groupes industriels.

Y-a-t-il un secteur qui est plus concerné par la consolidation que les autres ?
Si je regarde l’année 2006, le marché de l’énergie a été en effervescence. Cela me semble logique. La flambée des prix des hydrocarbures, le caractère stratégique de l’énergie, tout cela concourt à faire de cette industrie un secteur qui se consolide.

Quelle(s) zone(s) géographique(s) a/ont le(s) plus dynamique(s) ?
A côté des zones traditionnelles de l’Europe et des Etats-Unis, il y a évidemment l’Asie au sens large qui émerge, avec la Chine et l’Inde. C’est un signe de maturité de cette immense zone économique.

Diriez-vous qu’aujourd’hui les sociétés sont correctement valorisées ? Qu’en est-il du niveau des primes versées ?
Les niveaux de valorisation peuvent apparaître élevés, mais l’environnement économique est très porteur avec une croissance mondiale autour de 5% et les opportunités de financement restent nombreuses et bon marché. Toute la question réside dans les perspectives d’évolution de ces conditions et je me garderai de tout pronostic.

Il doit faire bon de travailler chez Goldman Sachs, non ?
Au-delà de Goldman Sachs, il me semble intéressant de parler de la place des banques d’affaires. Je me réjouis de la profondeur et de l’étendue de l’offre de services des banques d’affaires dans toutes les régions du monde.
Ces conseils jouent un rôle clef dans l’évolution des techniques de M&A et dans la transmission de ces techniques dans les zones géographiques où le M&A est en pleine émergence. Ils ont évidemment une place de choix aux cotés de leurs clients dans l’identification et le suivi d’opportunités d’acquisitions.

Comment voyez-vous évoluer le marché des M&A en 2007 ? La Chine et la Russie vont-ils venir jouer un rôle grandissant en tant qu’acquéreurs ?
La Russie et la Chine sont dans des situations très différentes. La Chine vit un boom industriel et commercial. La Russie bénéficie d’une explosion de sa rente énergétique. Cela se traduit, pour les deux, par une présence accrue dans les rapprochements d’entreprise.

Tant que ces éléments de conjoncture seront confortés, il faut effectivement s’attendre à voir la Chine et la Russie devenir des acteurs forts du capitalisme mondial.

En tant que directeur de la stratégie chez Carrefour, un mot sur la tentative avortée, selon The Economic Times, d’un rapprochement entre Carrefour et Landmark Group, basé à Dubaï, pour tenter de pénétrer sur le marché indien ?
No comment.

Propos recueillis par M.E.

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