Interview de Olivier de la Clergerie : directeur général de LDLC.com

Olivier de la Clergerie

directeur général de LDLC.com

L’impact euro/dollar a un effet, sur l’ensemble de notre exercice, d’environ 10%

Publié le 27 Novembre 2007

Présentez-nous vos résultats du premier semestre…
Nous avons un retour à la profitabilité dès le premier semestre avec un résultat opérationnel qui s’inscrit à 0,5 million d’euros contre une perte de 2,1 millions d’euros l’année précédente.

Le chiffre d’affaires a progressé, comme nous l’avions annoncé, de 12,5%, à 68,3 millions d’euros.

Quant à la marge brute, elle a augmenté de 33% durant la même période.

Quels sont les éléments qui ont contribué au retour à la profitabilité ?
Il y a deux aspects, à commencer par une maîtrise des marges, donc une notion de croissance profitable.

La marge brute, en augmentant de 33% alors que le chiffre d’affaires ne progresse que de 12,5%, illustre bien le fait qu’il y a une amélioration significative des marges.

Celle-ci s’est faite à la fois par l’introduction de services à plus forte valeur ajoutée, comme la possibilité pour le client de se faire livrer en express, et par un processus de rationalisation de coûts, puisque notre marge brute intègre les frais de transport aux clients et les frais que nous facturent nos prestataires.

Nous avons travaillé sur un ensemble de choses qui nous ont permis d’améliorer de manière forte la marge brute globale de l’entreprise.

L’autre élément qui a contribué au retour à la profitabilité, c’est que dans le même laps de temps, nous avons mis en place une volonté d’avoir une maîtrise parfaite des charges de l’entreprise.

Nous avons évité de dépenser de l’argent de manière inutile.

Tout ceci a fait que nous avons un retour à la profitabilité au premier semestre, qui est pour nous la période la plus calme en termes d’activité.

Comment voyez-vous évoluer le second semestre ?
L’activité va continuer à croître. Elle va toutefois croître moins vite que ce que nous avions anticipé au début de l’année du fait de la parité euro/dollar.

Tous les prix de l’informatique sont indexés au dollar. Si le dollar perd 20%, cela ne veut pas dire que les prix vont diminuer de 20%, mais ça va avoir un effet déflationniste sur les prix de vente, pas sur la marge.

Aujourd’hui, nous essayons de tenir compte de ces nouveaux éléments dans les prévisions de chiffre d’affaires.

L’effet déflationniste n’impacte-t-il pas sur le volume des ventes ?
C’est pour ça que nous ne pouvons pas dire : «collons l’effet déflationniste (20%), et voilà l’impact qu’il aura sur le chiffre d’affaires !».

Effectivement, si les prix de vente sont plus faibles, il va y avoir un effet où un certain nombre de personnes vont acheter plus.

Aujourd’hui, nous pensons que l’effet déflationniste a eu un tel mouvement - 20% c’est considérable - qu’il ne rattrape pas la valeur absolue de la baisse de prix.

Et êtes-vous capable de me dire à combien vous chiffrez l’augmentation des volumes ?
Ce n’est pas aussi simple que ça. Nous ne pouvons pas dire que nous observons une augmentation spécifique de volumes.

Aujourd’hui, nous pensons, lorsque nous faisons des comparatifs, que l’impact euro/dollar a un effet, sur l’ensemble de notre exercice, d’environ 10%.

Ce qui nous amène à réviser notre prévision de chiffre d’affaires à la baisse, de 180 millions d’euros à environ 165 millions.

Et donc vos guidances pour cette année, quelles sont-elles ?
Auparavant, nous attendions un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros pour un résultat opérationnel à l’équilibre.

Aujourd’hui, nous annonçons un CA de 165 millions pour un résultat opérationnel supérieur à 1,5 million d’euros.

Quels sont les produits qui se vendent le mieux sur LDLC.com ?
Nous vendons beaucoup de pièces détachées : des barrettes mémoire, des processeurs, des cartes graphique…

Sur ces produits-là, la marge n’est-elle pas plus faible que, par exemple, un ordinateur portable ?
Non, en général c’est plutôt l’inverse. 

Votre trésorerie ressort à 1,4 million d’euros. Comment comptez-vous l’utiliser ? Est-ce qu’une petite acquisition est possible ?
Non, aujourd’hui, nous n’avons pas de dossiers de croissance externe à l’étude.

Je ne dis pas que la croissance externe n’existera jamais, mais aujourd’hui le moment ne nous semble pas opportun. Nous sommes dans un exercice de consolidation, nous amorçons un retour à la sérénité financière. Cela nous permettra dans le futur d’envisager de la croissance externe.

Pour le moment, nous préférons utiliser ces disponibilités pour la période des fêtes de fin d’année et permettre à notre entreprise de fonctionner correctement.

En outre, le marché sous-évalue notre entreprise, et donc il n’est pas question pour nous de faire des opérations de marché au niveau de cours actuel.

Un mot justement sur le niveau de votre cours…
Nous avons vécu des périodes difficiles qui ont enlevé de la visibilité au marché.

Aujourd’hui, il attend de la visibilité sur la capacité de l’entreprise à afficher de la croissance tout en étant rentable.

Ce que nous avons annoncé hier va permettre de redonner de la visibilité aux actionnaires, cela va également permettre de se projeter car nous avons un modèle avec un effet de levier, c’est-à-dire un modèle essentiellement tourné vers les charges fixes.

Donc, une fois que nous déplaçons notre point mort, nous avons un effet multiplicateur au niveau de la rentabilité.  C’étaient les promesses du e-commerce il y a quelques années ; aujourd’hui, nous avons travaillé pour les rendre réalisables et réelles.

Nous sommes en train de rentrer dans cet engrenage positif. Les actionnaires vont pouvoir de nouveau faire confiance en la direction de l’entreprise.

Quel message voudriez-vous faire passer à vos actionnaires ?
Pour les actionnaires qui nous ont suivi pendant toute la période difficile depuis 2005, je pense véritablement que leur attente va être récompensée.
L’entreprise a fini sa mutation et ils vont pouvoir en profiter.

Quant aux actionnaires potentiels, s’ils n’y sont pas encore, je pense qu’ils ont plutôt intérêt à venir dans le bateau LDLC.com.

Propos recueillis par Marjorie Encelot