Pétrole : la zone de danger a-t-elle été franchie ?
(Easybourse.com) L'AIE, la Coface, ou encore l'OPEP s'inquiètent. Le prix du baril aurait atteint un seuil de tolérance entraînant une réduction de la demande et un ralentissement de la croissance mondiale…

Interview
Emmanuel PainchaultGérant matières premières
Edmond de Rothschild AM

Interview
Xavier Le BlanDirecteur général délégué
Prim' Finance.

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Emmanuel PainchaultGérant matières premières
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Xavier Le BlanDirecteur général délégué
Prim' Finance.

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Xavier Le BlanDirecteur général délégué
Prim' Finance.

Interview
Thierry GautierGérant
GSD Gestion

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Xavier Le BlanDirecteur général délégué
Prim' Finance.

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Emmanuel PainchaultGérant matières premières
Edmond de Rothschild AM

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Thierry GautierGérant
GSD Gestion
La forte envolée du prix du baril, provoquée en partie par la crise sociale au Moyen Orient et en Afrique et par la catastrophe nucléaire survenue au Japon aura surpris plus d’un. « Nous avons été surpris par l’ampleur de la tendance haussière », confesse alors Thierry Gautier, gérant spécialisé sur les valeurs pétrolières chez GSD Gestion.
Dans son rapport l’OPEP a réduit ses prévisions de la demande de 50 000 barils par jour pour 2011. «C’est là un signe sans équivoque que nous avons atteint un seuil de douleur même si dans l’absolue il faut comparer ce chiffre aux 90 millions de barils par jour qui sont consommés dans le monde» commente Marc Fiorentino, président d’Euroland Finance.
Pour l’’AIE, le prix actuel du pétrole a ralentit la progression de la demande d'or noir. L'agence note par exemple que la facture pétrolière des ménages américains est désormais de 3.360 dollars annuels par véhicule en moyenne alors qu'elle ne s'élevait qu'a 825 dollars par an l'an dernier.
Selon la Coface, depuis que le baril a dépassé les 100 dollars, quelques inquiétudes demeurent sur les perspectives de croissance.
Une légère correction a été observée sur le prix du baril en ce début de semaine, en partie du fait d’une note de Goldman Sachs qui aurait conseillé de prendre des profits sur la matière première. «Qu’ils aient raison ou pas, les analystes de la banque américaine ont été suivis par le marché. Il est difficile pour les opérateurs de prendre une décision acheteuse quand Goldman Sachs dit qu’il faut vendre» note Raphael Moreau, analyste financier au sein d'Amiral Gestion. Mais cette correction n’a été que temporaire. Aujourd’hui le rallye haussier a repris de plus belle +0,71% sur le marché de New York.
Le seuil de tolérance pourrait être largement dépassé
Pour certains à l’instar de Philippe Chalmin ou encore Xavier Le Blan, directeur général délégué de Prim' Finance, le seuil de tolérance qui a été atteint pourrait être largement dépassé. «Le marché a intégré la perte de la fourniture libyenne. Chacun se demande quel est le domino suivant. Si c’est le domino algérien, il faudra encore enlever 1 million de barils par jour, si c’est un domino dans le Golf, cela pourrait prendre des proportions plus importantes. Je n’ose pas imaginer ce qui pourrait se passer si jamais l’Arabie Saoudite était déstabilisée» explique l’économiste.
Pour M Chalmin, avoir un pétrole à 115 dollars avec une situation pareille dans le monde arabe, « c’est presque un cadeau ».
Un effet de domino est inévitable dans la région du Moyen-Orient
Pour M Le Blan, le fait que les Etats-Unis aient récemment signalé qu’ils pourraient recourir à leurs réserves stratégiques de pétrole n’est pas anodin. «Un tel recours ne se fait habituellement que dans des cas extrêmes comme en temps de guerre. Une telle décision ne peut avoir que deux explications : soit les autorités politiques américaines détiennent des informations dont nous n’avons pas connaissance, soit les conseillers de l’administration Obama sont très ignorants sur le sujet et ont communiqué cette information sans en mesurer l’ampleur, ce qui me semble peu probable».
L’embrasement de l’Arabie Saoudite, seul pays en mesure de réguler les flux de production et d’influencer ainsi l’ampleur de l’offre, aurait sans surprise des répercussions significatives sur le prix du baril. L’expert voit un prix du baril à 150 dollars d’ici la fin de l’année, voir au-delà. «Cette envolée aurait alors un effet récessif quasi immédiat qui conduirait à un effondrement de la demande et à une correction plus durable du prix».
Bien entendu, les professionnels de la gestion investis sur les valeurs
Les professionnels de la gestion investis sur les valeurs pétrolières se veulent plus optimistes
Quant à l’argument fondé sur les réserves stratégiques américaines, le gérant le prend à son profit pour démontrer au contraire une stabilisation à venir de la situation « Ces réserves stratégiques sont des réserves que les Etats-Unis ne touchent pratiquement jamais. Si effectivement les dirigeants américains envisageaient une détérioration de la situation, ils ne toucheraient pas à ces réserves, au contraire, ils les renforceraient».
Cette assurance affichée est peut être à considérer avec prudence. « Une envolée du prix du baril ne constitue pas une bonne nouvelle pour les gérants actions détenant en portefeuille des valeurs en relation avec le secteur pétrolier » avoue Thierry Gautier. Les valeurs pétrolières ont besoin d’un environnement stable et non d’un environnement volatil pour travailler de manière optimale.
Imen Hazgui
Publié le 14 Avril 2011