Interview de Yohan Salleron : Gérant du fonds Mandarine Valeur

Yohan Salleron

Gérant du fonds Mandarine Valeur

Lafarge, BNP Paribas, Veolia: il reste du potentiel

Publié le 24 Septembre 2013

La hausse du CAC 40 peut-elle se poursuivre ou faut-il s’attendre à une pause compte tenu des performances enregistrées depuis un an (+20%) ?

Sauf évènement nouveau en zone euro, comme une crise politique en Italie, je pense qu’il y a encore du potentiel de rebond pour la fin de l’année et au-delà. Le contexte macroéconomique et la qualité du bilan des entreprises plaident pour une poursuite du rebond entamé à la mi-2012 suite au discours de Mario Draghi. Les craintes d’un éclatement de la zone euro se sont dissipées et surtout la conjoncture économique s’améliore, ce qui n’était pas encore le cas il y a un ou deux mois. Dans ce contexte, la gestion value prend tout son sens.

Peut-on vraiment encore se positionner sur des valeurs décotées ? N’est-il pas trop tard ?


Il y a eu un début de rattrapage en 2012, mais il a été interrompu en début d’année avec les problèmes politiques en Italie et la crise chypriote. Ce n’est que depuis le mois de mai-juin que les investisseurs ont réintégré le critère de la valorisation comme opportunité d’investissement. Aujourd’hui, je ne considère pas que le marché soit particulièrement cher ou bon marché. En revanche, il est toujours coupé en deux entre des valeurs dites de croissance qui se traitent à des niveaux élevés et des valeurs qui subissent toujours des décotes très importantes.

Quelles sont les secteurs encore sous-évalués ?

Je pense par exemple aux valeurs bancaires. Un établissement comme BNP Paribas se traite à 0,8 fois sa valeur d’actifs contre 2 fois avant la crise. Même si l’action a bien performé depuis un an, il reste du potentiel.

Lafarge et Veolia Environnement ont également été massacrés pendant la crise compte tenu de leur caractère cyclique. L’un comme l’autre ont restructuré leurs activités et abaissé les coûts, et commencent à en récolter les fruits. L’amélioration des perspectives de croissance de l’économie mondiale devrait conduire à une revalorisation de ces titres, encore à un niveau très bas.

Toujours dans le registre des restructurations, ArcelorMittal est également une valeur à suivre. Après avoir fermé plusieurs usines le groupe tourne à près de 100% de sa capacité de production en Europe. Certes, les perspectives du marché de l’acier sont encore difficiles. Mais la valeur se traite à 40% de ses actifs. C’est une décote extrême. En tant que gérant value, nous nous intéressons à ce genre de valeur, mais parfois nous arrivons trop tôt sur un dossier.

Où voyez-vous les opportunités d’investissement en 2014 ?


Compte tenu de sa faible valorisation, nous regardons le secteur des télécom. A court terme, nous ne voyons pas comment les acteurs du secteur pourraient retrouver de la rentabilité. Néanmoins certaines évolutions récentes laissent penser que les régulateurs prennent conscience des difficultés du secteur. Des solutions pourraient être trouvées, comme les accords de partage de réseau, qui pourraient donner de l’air aux opérateurs l’année prochaine.

Les utilities sont également à considérer – avec précaution car les marges sont aussi sous pression. On sait que la consommation d’électricité est très corrélée à la croissance. Si les perspectives s’améliorent en zone euro, c’est un secteur sur lequel on pourrait revenir en 2014.

Une dernière idée d’investissement serait de profiter des craintes actuelles sur les pays émergents pour se repositionner sur des valeurs comme Danone ou L’Oréal qui ont sous-performé ces derniers mois. Certes ces valeurs n’offrent pas des décotes majeures mais un rebond n’est pas à exclure en cas de ré-accélération de l’économie chinoise.

Propos recueillis par François Schott