Interview de Michel Hochard : Directeur Général de Maurel & Prom

Michel Hochard

Directeur Général de Maurel & Prom

Une alliance, un partenariat, ou l'adossement à d'autres investisseurs font partie de la logique de croissance de Maurel & Prom

Publié le 28 Août 2014

Vous venez de publier vos résultats semestriels. Quels principaux chiffres caractérisent le mieux ces résultats ?
Un résultat opérationnel en hausse de 29%, à 156,2 millions d'euros et un cash-flow généré par l'activité de 201,6 millions d'euros. Ces éléments clés expriment la bonne dynamique opérationnelle de l’entreprise.

Les principaux moteurs de vos résultats ont été une montée en puissance de votre production au Gabon, une baisse des dotations aux amortissements et des charges d'exploration limitées...
Notre activité en termes de production a légèrement progressé sur un an glissant, de 7%. Cela a été un facteur particulièrement favorable car les prix sont par ailleurs restés soutenus.

En fonction du programme d’exploration et de ses résultats, notamment en cas d’échec, nous sommes conduits à passer des charges directement et cela pèse sur la période concernée. Nous avons développé une politique dans laquelle nous mutualisons le risque en faisant porter une partie significative des investissements d’exploration à nos partenaires. Le risque étant diminué, l’incidence négative des charges constatées sur la période a été réduite.

Le calcul des dotations aux amortissements fera l’objet d’ajustements en fin d’année sur la base des évaluations des réserves P1 et en fonction de la production de l’exercice. Les variations peuvent parfois être importantes en fonction d’éléments de décision autonomes de tiers certificateurs externes.

Parmi les principaux éléments qui ont rythmé votre activité au premier semestre de l’année, nous trouvons : un nouveau permis d'exploration au Gabon ; un accord avec le gouvernement du Québec, Pétrolia et Corridor Resources pour la réalisation d'un programme d'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti ; l’avancée du programme de forage au Mozambique et la prise en compte des ventes de Caroil, une filiale que le groupe avait cédée en 2011 puis reprise fin 2013. Y a-t-il un autre évènement significatif à garder à l’esprit ?

En effet, nous avons également restructuré notre bilan en émettant une obligation convertible de type ORNANE 2019 pour 253 M€, ce qui nous a permis de rembourser par anticipation nos obligations convertibles de type OCEANE 2014. Ceci n’est pas neutre sur la visibilité et la solidité financière de l’entreprise.

En termes de perspectives, vous avez mentionné que le chiffre d'affaires et le cash-flow ne devraient pas évoluer sensiblement par rapport au premier semestre 2014, en raison des travaux entrepris sur les puits injecteurs au Gabon. L’objectif de 35 000 barils par jour n’est pas maitrisable pour cette année ? Un commentaire ?
Nous avons été amenés à réduire le volume d’injection d’eau et donc le niveau de pression dans le gisement afin de pouvoir réaliser les opérations techniques en cours. Cela a pour conséquence le ralentissement de la migration des fluides dans le gisement et donc de la production.
Aujourd’hui, il est nécessaire de terminer ces travaux avant de reprendre le programme d’injection d’eau et de retrouver un niveau de pression optimal dans le champ, en vue de retrouver une croissance de la production.

Nous n’avons pas actuellement de calendrier définitif sur le sujet. Nous avons une centaine de puits qui sont complexes à manipuler, ce d’autant plus qu’il peut y avoir des interactions.

Quelle devrait être la variation de la trésorerie à fin décembre ?

Nous avons pour principe de ne pas exprimer de projections de cette nature.

Que pourriez-vous signaler d’autres en rapport avec vos perspectives ?
Nous avons des attentes différentes selon les projets en cours.
Au Canada, la phase de préparation des tests a beaucoup avancé dans le projet pilote situé dans les Rocheuses en Alberta. Nous devrions passer à partir de septembre dans une phase d’injection dynamique de vapeur permettant d’étudier un éventuel

D’autre part, sur l’ile d’Anticosti située au Québec dans le Golfe du Saint Laurent, les forages des puits stratigraphiques se poursuivent. L’objectif est l’acquisition d’informations sur la nature des couches du sous-sol, la géologie et la nature des fluides. En fonction des résultats, nous tenterons de déterminer les endroits optimums d’implantation de puits d’exploration.

A quoi faut-il s’attendre sur le plan des accords portant sur l’extension du domaine minier?

Nous avons toujours en réflexion un certain nombre de projet. Plusieurs opportunités existent. Nous ne pouvons cependant pas anticiper de conclusions pour le moment.

Pourrait-on avoir des annonces similaires au premier semestre au cours des six prochains mois ?
Oui, c’est possible. Nous avons une capacité d’étude et d’analyse pointue.
Dès que nous avons sélectionné un dossier et conclu à son intérêt, nous sommes en mesure d’avoir le soutien de l’ensemble des organes de décision de la société, y compris du Conseil d’administration, en un temps très réduit pour une concrétisation.

Quel regard portez-vous sur le marché pétrolier et le cours du baril ? Vous attendez-vous dans votre scénario central à une relative stabilité en dépit des tensions géopolitiques ?
Il est difficile de répondre à cette question en raison des aléas existants.
Au niveau de la capacité d’absorption du marché physique, il suffit de peu de variation pour avoir des effets en termes de volatilité. Des corrections de nature politiques peuvent influencer très largement les marchés correspondant.
Notre objectif est de parvenir à avoir un point mort et de protéger notre capacité à résister à certaines variations brutales du cours à la hausse ou à la baisse.

La société fait régulièrement l'objet de spéculations de rachat, mais n'a jamais confirmé être en négociations avec un potentiel repreneur...
Maurel & Prom est une société cotée dont le flottant de 65% permet à un tiers de procéder à une opération d’achat. Cette opération pourrait cependant difficilement se faire sans parvenir à convaincre les actionnaires de référence de Maurel & Prom. Elle devrait donc obtenir le support de ces principaux actionnaires.

Vous n’avez pas amorcé de discussions sur ce point ?
Nous n’avons formellement aucune discussion engagée. Ceci étant, lors de la dernière Assemblée générale, le président a clairement exprimé la nécessité de réfléchir à un appui extérieur en vue de consolider l’avenir de Maurel & Prom. Une alliance, un partenariat, ou l’adossement à d’autres investisseurs font partie de la logique de croissance du groupe.

Société Générale a relevé sa recommandation sur le titre de vendre à acheter. Son principal argument réside dans le fait que Maurel & Prom devrait être le seul du secteur à avoir une croissance du cash flow grâce à l’augmentation de la production au Gabon. Un commentaire ?
En réalité plusieurs éléments ont amené l’analyste de SG à réviser sa recommandation.
Nous sommes la seule société de notre secteur (E&P européennes) à pouvoir générer du free cash flow. En outre, le risque a été abaissé sur la société à la suite de l’obtention d’un nouveau contrat long terme au Gabon. L’analyste a aussi tenu compte de l’opération de refinancement effectuée en juin dans de bonnes conditions.

Cette génération de cash flow additionnelle ouvrirait la porte à une distribution de dividende de la part de la société ?
Je ne peux pas anticiper de la décision du Conseil. Cela est prématuré de s’exprimer dans un sens ou dans un autre. Il faudra attendre la clôture des comptes pour connaitre la capacité de distribution du Groupe.

Propos recueillis par Imen Hazgui