Invesco : c'est la mi-temps, le premier semestre est achevé : quel bilan ?

(Easybourse.com) C'est la mi-temps. L'arbitre a sifflé et nous y sommes : le premier semestre est achevé. Comme au terme des quarante-cinq premières minutes d'un match de coupe du monde, le vainqueur peut apparaître clairement. A moins qu'aucun des deux camps ne se détache clairement : les gagnants et les perdants, les champions et les autres. Et c'est bien la situation au terme du premier semestre 2018 : actions comme obligations, les grandes classes d'actifs affichent des résultats très proches de zéro. A l'heure où les grandes Banques Centrales infléchissent leur politique, leur rôle dans la hausse des marchés fait débat. Et la notion même d'investissement défensif est en question. Une année imprévue.
Avec le recul, il est toujours très simple de comprendre les marchés financiers. Prenez ce cycle haussier démarré depuis 2009 sur les marchés actions : avec le recul, tout le monde peut expliquer que c’est l’action de la Réserve Fédérale, et plus largement des grandes Banques Centrales, qui a permis aux marchés financiers d’atteindre des records, principalement aux Etats-Unis. C’est pourquoi maintenant que celle-ci a commencé à diminuer la taille de son bilan, les prévisions se multiplient selon lesquelles les marchés actions entreraient dans une spirale négative aboutissant au troisième krach financier en moins de 20 ans.
Fort séduisante, cette explication semble principalement résulter du biais rétrospectif, cette capacité des êtres humains à construire des enchaînements logiques, dont tous les maillons se suivent dans une logique parfaite, mais uniquement a posteriori.
De plus, cette vision des choses peine à expliquer chaque étape des dernières années : par exemple, comment expliquer la chute continue des marchés entre novembre 2008 et mars 2009, alors même que la Réserve Fédérale Américaine avait commencé à augmenter la taille de son bilan via des achats d’actifs ?
Plus intrigant, la troisième vague d’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis (quantitative easing, ou QE) a pris fin le 29 octobre 2014, ce qui aurait logiquement dû mettre au moins un terme à la hausse des actifs risqués.
Si bien des facteurs peuvent aujourd’hui provoquer la fin de ce cycle de marché haussier, se limiter à la seule politique des Banques Centrales conduirait à ignorer des pans entiers du paysage économique et financier. D’ailleurs, en cette fin de cycle, la tentation de se positionner sur des secteurs défensifs saisit bien des investisseurs. Mais qu’est-ce qu’un secteur défensif ?
Six mois se sont écoulés et le bilan de mi-année est plutôt « rouge » sur les marchés financiers. Seules les actions américaines font exception et s’avèrent avoir été la meilleure option d’investissement sur le semestre pour un investisseur européen, surtout si on rajoute l’effet de change. En Europe, les actions sont en baisse de 2,5%. Les écarts de performances entre les secteurs sont significatifs : 23% entre le meilleur et le pire secteur, c’est-à-dire entre l’énergie et les télécoms. Ce dernier, avec -12,3%, ainsi que les biens de consommation non cycliques, avec -4,5%, se retrouvent en queue de peloton, tout comme les financières (à -9,6%) ou les industrielles (à -2,1%), alors que les services aux collectivités (+0,3%) arrivent en tête du classement aux côtés de l’énergie (+10,7%) et de la technologie (+8,5%).



Le contraste est flagrant entre ce début de second semestre et le début d’année. La « guerre commerciale » et le retour de l’instabilité politique en Europe y ont nettement contribué. Pour autant, qu’il s’agisse des résultats des entreprises ou de la croissance économique, les facteurs de soutien aux marchés actions ne se sont dans la majorité des cas pas dégradés. Mieux, pour les Etats-Unis, les prévisions continuent à être revues à la hausse.
Bernard Aybran, Directeur de la multigestion, Directeur Général Délégué Invesco
Publié le 05 Juillet 2018