Interview de Gilles Benoist : Directeur général de CNP Assurances

Gilles Benoist

Directeur général de CNP Assurances

L'animal CNP Assurances est particulièrement résistant aux crises

Publié le 20 Mars 2008

Retranscription des questions-réponses posées à l’occasion de la conférence de presse donnée par CNP Assurances pour l’annonce de leurs résultats le 5 mars 2008.

Le marché de l’assurance vie en France a légèrement décru en 2007. Comment l’expliquez-vous ?
La grande croissance à deux chiffres qui avait marqué le marché français de l’assurance vie ces dernières années ne pouvait pas continuer, en particulier, pour des raisons mécaniques et automatiques liées au fort ralentissement des transferts des PEL qui avaient alimenté au cours de l'année 2006 près de la moitié de la croissance du marché français de l'assurance-vie (9% de 17%), et des transferts Fourgous.

Quelles sont les perspectives du marché de l'assurance vie dans les autres pays dans lesquels vous êtes présents ?
Le marché italien et dans une moindre mesure le marché espagnol suivent la tendance observée en France.

Il semble qu’il y ait un retour vers des contrats en euros au détriment des contrats en unités de compte. Il pourrait y avoir un impact sur la rentabilité du groupe ?
Si nous regardons quelle a été la collecte des contrats en unités de compte au sein du groupe pour l’année 2007, nous nous apercevons que nous sommes en progression sur les deux tiers de l’année. La courbe s’est nettement infléchie dans le courant du quatrième trimestre. Les chocs répétés sur le marché financier et le ralentissement des transferts Fourgous ont conduit à impacter la part de la collecte en unités de compte.

Si la période trouble que nous vivons actuellement perdure, les souscriptions en unités de compte resteront difficiles.

Ceci étant, les contrats en euros demeurent rentables. Ils répondent dans une large part à d’autres préoccupations.

Quels ont été les événements phares qui ont marqué le groupe cette année ?
Tout d'abord, l'acquisition de la deuxième moitié d’Ecureuil vie. Nous avions déjà observé les répercussions de cette acquisition sur nos résultats semestriels. La croissance du résultat net courant  avait été de +26 % en intégrant Ecureuil vie (contre +16 % sans la prise en compte de cette filiale). Pour l’année, la croissance du résultat net courant est de +30 % en intégrant Ecureuil vie (contre + 19 % sans l’intégration).

Par ailleurs, nous sommes devenus l'actionnaire principal de Scandia Vida en Espagne rebaptisée CNP Vida.

Nous avons réorganisé notre partenariat en Italie avec Unicredito, plus créateur de valeur.

Quelle a été l'importance de l'activité internationale pour le groupe ?
Cette activité internationale représente 14 % de l'activité globale du groupe. La contribution de cette activité aux résultats globaux du groupe est de 24 %.

L’activité du groupe en Italie a été contrastée dans l’année, le second semestre ayant été beaucoup moins fleurissant que le premier. Cependant nous continuons à nous développer, nous avons gagné des parts de marché.

Le marché de l'assurance au Brésil suit une logique différente du marché de l'assurance en Europe continentale. Le marché est notamment moins mature. Il est durablement orienté vers une croissance forte dans la prévoyance et les produits de retraite.

Comment envisagez-vous de doubler votre part de chiffre d'affaires à l'international ?
Le plan stratégique prévoit un investissement de 2 milliards d'euros, soit deux fois plus que ce qui a été investi ces quatre dernières années.
Lorsque nous investissons, nous le faisons sous forme de partenariat où nous avons entre 50 et 57 % du capital.
Au Brésil, notre partenaire détient 48 % du capital et en Italie Unicredito détient un peu plus de 40 % du capital.

Tout est affaire d'opportunité et de prix. Il faut déterminer si la crise de par ses impacts directs et indirects a rendu plus sage un certain nombre de cibles vendeuses. Il faut que les multiples payés soient réalistes.

En termes de zones géographiques, nos priorités sont l'Europe du Sud, l'Europe centrale et l'arc méditerranéen ainsi que le Brésil. Notre efficacité dans ce dernier pays est tel que nous souhaitons la développer par le biais de nouveaux partenaires ou de nouveaux réseaux distributeurs.

Le chiffre d’affaires du réseau de distribution de CNP Trésor est en baisse. Pour quelle raison ?
Nous avons 300 vendeurs pour 450 000 clients. Le chiffre d’affaires apporté par ce réseau a été de 622 millions d’euros en 2004, de près de 800 millions d’euros en 2005, environ un milliard en 2006.

Ce chiffre d’affaires a baissé en 2007. Le premier semestre a été caractérisé par un investissent important en terme de recrutement. Cela a consommé du temps d’encadrement , et a quelque peu affecté la productivité qui est la plus élevée de tous les réseaux salariés aujourd’hui. Nous sommes à environ 3 millions d’euros par vendeur.

 Il y a eu un redressement dans le courant du second semestre. Les perspectives restent des perspectives de croissance sur la période couverte par le plan statégique.
 
Selon le présent de la république, les Français épargnent trop. Un certain nombre de mesures ont été envisagées dans le but d'inciter les Français à consommer davantage. Une des mesures concerne le déblocage de l'épargne salariale et l'autre la transmission de succession. Quel est votre avis concernant ces deux mesures ?
Cet aspect est considéré par la Fédération Française des sociétés d'assurances comme ayant une conséquence positive sur l'assurance-vie.
 Si l'on change complètement la structure de l'intéressement de la participation et qu’on le rapproche du salaire, le schéma global de l'épargne salariale risque d'être remis en cause.
L'intéressement reste un moyen important de motivation des collaborateurs des entreprises. De ce fait, je pense que les pouvoirs publics ne supprimeront pas un tel dispositif.

La réforme des droits de succession n'a qu'un impact limité sur l'intérêt global de l'assurance-vie. Le premier motif unanimement décrit par les titulaires de contrats d'assurance-vie réside dans la préparation de la retraite.
Une épargne longue est nécessaire pour répondre aux enjeux fondamentaux de la retraite et de la dépendance.

Qu’en est il du développement de l’assurance emprunteur au sein du groupe ?
Le métier de l’assurance emprunteur suppose de savoir maîtriser la sinistralité et de bien adapter la tarification au risque. C’est ce qui contribue à la rentabilité de ce marché alors qu’il y a quinze ans, cette activité était déficitaire.

Nous nous efforçons de rendre un service aux clients de manière peu coûteuse tout en conservant une marge relativement correcte.

Actuellement, l’assurance emprunteur est sujette au risque lié à la remontée des taux d’intérêt, variable importante sur la sinistralité dans l’assurance emprunteur.

Ceci étant cette activité est en développement sur deux axes : les prêts immobiliers n’ont pas diminué, le prêt à la consommation, le prêt personnel se développent à côté.

En outre nous avons la possibilité de développer notre clientèle en dehors de la France. Par ailleurs, nous introduisons des innovations pour tout ce qui concerne les dépenses récurrentes. Ainsi, avec un grand producteur d’énergie, nous travaillons à la couverture des factures de gaz de telle manière qu’un accident comme un arrêt de travail, une maladie, une invalidité n’entraîne pas des conséquences sur les dépenses nécessaires de la vie quotidienne. Ce marché est destiné à croître.

Notre technicité en terme de maîtrise de risque nous permettra de continuer à avoir des résultats positifs.

Propos recueillis par Imen Hazgui