Interview de Pascal Brier : directeur Général Adjoint du groupe Altran

Pascal Brier

directeur Général Adjoint du groupe Altran

La baisse du CA correspond surtout à la chute du marché auto (Altran)

Publié le 02 Septembre 2009

Vous avez publié un CA au 1er semestre 2009 en baisse de 13,2% (11,5% hors effets de change et de périmètre), à 721,1 millions d’euros, tout en annonçant une réduction de 59 millions d’euros de toutes les charges d’exploitation… Quels ont été les éléments ayant plombé vos résultats ?
La baisse du CA n’est pas une surprise dans la mesure où nous l’avions annoncée lors des résultats des premier et second trimestres. Elle correspond essentiellement à une chute brutale du marché de l’automobile, et qui a débuté à la fin de l’année dernière.

Le marché de l’automobile, qui représente un peu plus de 15% de notre CA, a subi la crise de plein fouet, avec une baisse très rapide des volumes confiés par les grands constructeurs et les équipementiers. Ce qui a donc eu un impact très fort sur notre CA…

Par ailleurs, un autre secteur a été très fortement impacté par la crise ; il s’agit du conseil en stratégie et management. Or le groupe Altran incorpore dans son périmètre la structure Arthur D.Little qui a été impactée à hauteur de 42,3% de son CA sur les six premiers mois de l’année, ce qui correspond à une chute au-delà de la baisse de la production industrielle ou du reste des marchés. Cela a essentiellement était dû au fait que le conseil en stratégie et management est une activité dite «en début de cycle», c’est donc la première touchée dans les mécanismes de retournement de marché.

Nous avons donc, d’une certaine manière, payé deux fois la crise sur ces activités : la baisse normale de la production industrielle et le «surcoût» du fait qu’elle est en début de cycle et que c’est par là que les entreprises ont commencé à diminuer leurs investissements.

La somme de ces deux activités explique pratiquement, du moins plus de 80%, de la chute notre CA.

Comment comptez-vous réagir et palier à cette situation ?
Nous pensons avoir atteint le point bas sur le marché automobile : nous constatons ces dernières semaines qu’il n’y a plus d’aggravation de la crise, ce qui est déjà une bonne chose.

Cela étant, pour réagir face à cette situation, il y a deux types d’éléments : des éléments de dynamisation de nos activités, et des actions de restructuration et d’ajustement au contexte que l’on rencontre.

Concernant les ajustements, nous avons pris ces mesures dès le début de l’année, mais elles ne montrent pas forcément leurs effets tout de suite : il y a d’abord eu la mise en place d’un plan d’adaptation des effectifs, aussi bien en France qu’à l’internationale, et qui a pris à peu près toutes les formes possibles selon les pays, à savoir chômage partiel à certains endroits ou dans certaines activités, réduction des effectifs par non remplacement des personnels sur la plupart des zones géographiques, enfin en France, nous avons pris une mesure plus proactive, de réduction de l’effectif sur le secteur de l’automobile par un plan de départs volontaires annoncé au mois de juin et portant sur près de 500 personnes…

A ce jour, plus de 200 intentions de départ ont été émises. Ce plan vise à ajuster l’effectif par rapport aux volumes confiés, et par ailleurs, à permettre notre repositionnement sur des métiers stratégiques dans le monde automobile.

Et concernant l’ajustement des structures …
Il se fait par une accélération de la baisse des coûts indirects. Nous avions annoncé fin 2008 un plan 2009 à hauteur de près de 15 millions d’euros de réduction, et en fait, nous les avons réduit de 32 millions d’euros sur le premier semestre uniquement.

Nous sommes maintenant à 23,3% de coûts indirects, sur un CA qui lui a baissé.

Nous avons également mené des actions de dynamisation de l’activité, pour ne pas seulement réduire la voilure, mais pour aussi préparer le rebond. Nous avons donc essentiellement fait trois choses : en recentrant nos activités, nous avons lancé en février dernier un programme de recherche en compte propre (Altran Research) sur des sujets qui intéressent nos clients et qui pourraient nous offrir un avantage concurrentiel quand la demande redémarrera ; par ailleurs, étant un groupe international puisque 57% de notre activité s’y trouvent, nous avions une problématique d’homogénéité de notre offre entre les différents pays, or nous avons profité des 6 derniers mois pour lancer 11 solutions stratégiques au niveau international afin de nous assurer cette homogénéité de nos offres ; enfin, commercialement, nous nous sommes focalisés sur les grandes entreprises puisqu’elles ont potentiellement des capacités de rebond plus élevées que les petites et moyennes entreprises, nous nous sommes donc assurés le gain de nouveaux référencements chez les grands comptes.

Avez-vous des objectifs chiffrés pour les six prochains mois, voire pour l’année ?
Non, dans la mesure où nous nous refusons à communiquer toute position chiffrée, principe qui, du reste, est d’autant plus renforcé en ce moment par le fait qu’il y a encore une certaine incertitude…

Nous avons schématiquement deux types de marché : il y a le marché des projets de recherche et développement qu’on nous confie et dont on sent qu’il est en reprise. Ces projets ont toutefois un inconvénient, c’est que nous gagnons de l’argent sur la fin du projet et pas vraiment sur le début, il nous est donc difficile de prévoir à quel moment les effets vont réellement se faire sentir sur le revenu et pas simplement sur la prise de commandes qui montre elle des signes positifs. Le second marché concerne l’assistance technique, où nous sommes payés au temps passé or ce marché-là est très volatile selon les secteurs,  notamment dans les télécoms ou dans l’automobile.  Il est donc difficile de prévoir une moyenne entre les secteurs qui marchent bien et les autres…

Propos recueillis par NS