Interview de Claude Guedj : PDG de Groupe Crit

Claude Guedj

PDG de Groupe Crit

Nous ne prévoyons pas d'amélioration du marché du travail avant 2011 (Groupe Crit)

Publié le 21 Septembre 2009

Au premier semestre 2009, Groupe Crit a enregistré une baisse de 30% de son chiffre d’affaires, un résultat opérationnel divisé par six et un résultat net divisé par dix, à 1,9 million d’euros. Quelles sont vos impressions sur le semestre ?
Nous avons effectivement enregistré une baisse de 29,2% de nos revenus. Dans ce contexte, l’objectif est avant tout de réaliser un exercice bénéficiaire, car rien ne sert de courir après le chiffre d’affaires si l’on ne gagne pas d’argent. Au premier semestre 2009, nous avons adapté notre réseau au repli du chiffre d’affaires. Nous avons fermé et regroupé des agences, et avons réduit nos effectifs de plus de 10%. Ces mesures de réduction de coûts devraient nous permettre de réaliser environ 10 millions d’économies sur l’ensemble de l’exercice, et permettre un bénéfice, même si ce dernier ne sera pas très élevé. 

Nous avons  par ailleurs remboursé notre dette financière, si bien que Groupe Crit jouit d’une situation financière renforcée, avec 173 millions d’euros de capitaux propres et une trésorerie nette de 14 millions.

Dans votre communiqué de résultats, vous prévoyez «l’arrêt de la dégradation de l’activité» sur le marché de l’intérim au troisième trimestre. Allez-vous jusqu’à espérer une reprise ?
L’intérim a connu une descente aux enfers. On a perdu 150 000 à 200 000 intérimaires en France en l’espace d’un an. Le nombre de personnes en intérim se situe aujourd’hui entre 450 000 et 500 000 mais il est peu probable qu’il descende sous les 400 000.

Effectivement, depuis quelques mois, l’activité se stabilise. Elle a même redémarré un peu dans l’Est avec Peugeot. Mais il n’y a pas de secteur qui recrute véritablement aujourd’hui. Tout le monde est en stand by, et tout le monde frémit. Les grands travaux annoncés par le gouvernement n’ont pas démarré, et à mon avis, il faudra attendre le printemps 2011 pour qu’il y ait un véritable redémarrage.

Vous ne prévoyez pas d’amélioration sur le marché du travail avant le printemps 2011 ?
Honnêtement, non. Je vous l’ai dit : les entreprises sont dans une position d’attente. C’est du reste une situation qui nous est assez favorable car les employeurs préfèrent avoir recours au travail temporaire plutôt que d’embaucher de manière définitive. C’est pourquoi je parle de stabilisation de l’intérim. Mais pour ce qui est d’une reprise généralisée, il faudra attendre jusqu'en 2011.

Quelle sera votre stratégie d’ici là ?
Nous sommes confiants dans notre capacité à traverser la crise, voire à nous renforcer.  Notre situation financière solide nous permet de guetter les opportunités d’acquisitions : nous nous sommes intéressés à des cibles potentielles, en particulier des SSII (sociétés de services informatiques),  mais les gens demandent encore des prix trop élevés. Si une opportunité se présente, nous la réaliserons.

Par ailleurs, nous allons accentuer notre diversification, notamment dans les services aéroportuaires. Le groupe va accéder dès novembre à de nouveaux terminaux dans les aéroports de Roissy Charles de Gaulle et d’Orly. Il proposera une offre globale de prestations aux plateformes et aux compagnies tant dans les services aux passagers que dans le domaine du fret.

L’accès à ces nouveaux marchés devrait permettre de dégager un chiffre d’affaires additionnel de 50 millions d’euros en année pleine.

Enfin,  Groupe Crit a été retenu par Pôle Emploi pour assurer l’accompagnement sur cinq bassins régionaux de 20 000 à 50 000 demandeurs d’emploi d’ici à 2011. Cette attribution s’inscrit parfaitement dans notre stratégie qui consiste à nous développer sur tous les métiers de l’emploi.

Propos recueillis par François Schott