Interview de Paul-Antoine Lecocq : Directeur délégué Finances du groupe Les Nouveaux Constructeurs

Paul-Antoine Lecocq

Directeur délégué Finances du groupe Les Nouveaux Constructeurs

Nous ne prévoyons pas de nouvelle baisse du marché immobilier neuf en 2013

Publié le 05 Avril 2013

Les ventes de logements neufs ont chuté de 28% en France en 2012, selon la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Dans quelle mesure le groupe Les Nouveaux Constructeurs est-il touché par ce repli ?

Notre activité commerciale a en effet reculé (-13%) mais moins que le marché national. Cette bonne performance relative s’explique par notre implantation dans les agglomérations les plus dynamiques du pays (Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse) et par un effort d’adaptation de nos produits à la demande. En 2012, les primo- et secundo-accédants ont représenté la majorité de nos ventes (65%), compensant en partie le retrait des investisseurs (35% des ventes, contre 57% en 2011).
Nos résultats financiers ont progressé grâce à la bonne performance commerciale des années précédentes. Notre chiffre d’affaires a ainsi augmenté de 9% à 572 millions d’euros et notre bénéfice net de près d’un tiers, à 19,9 millions d’euros. C’est ce qui nous permet de proposer à nos actionnaires un dividende en hausse de 20%, à 0,60 euro par action.

Quelles sont vos perspectives en 2013 ?

Nous ne prévoyons pas de nouvelle baisse du marché en 2013, mais une stabilisation de notre niveau de réservations. Compte tenu de la baisse du pouvoir d’achat des clients, le succès passera par le développement de logements à prix plus abordables. Nous allons donc continuer à optimiser le coût de nos programmes, depuis le choix d’implantations jusqu’aux achats de matériaux, en passant par la conception des immeubles. Mais nous veillerons à ne pas dégrader nos marges en sélectionnant encore plus attentivement les zones de développement des programmes.

Envisagez-vous de réduire la taille et le nombre de vos programmes ?


Compte tenu du déficit de logements (ndlr : selon des chiffres repris par le gouvernement, il manquerait un million de logements en France), en particulier dans nos régions d’implantation, nous n’avons pas de raison de réduire notre production. Mais il faut adapter nos produits à la demande. Dans chaque commune, nous évaluons le niveau de revenu, et donc de capacité d’emprunt des habitants, afin d’adapter nos programmes au pouvoir d’achat de la population locale.

François Hollande a annoncé fin mars une série de mesures pour relancer la construction de logement, avec notamment un retour à la TVA de 5% pour le logement social. Que vous inspirent-elles ?


Nous ne sommes pas convaincus par les mesures annoncées. Le maintien d’un taux de TVA réduit (5%) sur le logement social peut effectivement permettre de soutenir ce secteur. En revanche, les autres mesures annoncées sont trop floues. Je pense par exemple au moratoire de deux ans sur les nouvelles normes techniques, qui n’enlève rien à la lourdeur des normes que subissent déjà les constructeurs, ou encore à la faiblesse des mesures annoncées de lutte contre les recours abusifs contre les permis de construire.

Les promoteurs dénoncent pourtant de longue date les recours abusifs contre les permis de construire qui freinent la construction de logements…


Oui, c’est un réel problème. Nous ne voulons naturellement pas interdire les recours contre les projets immobiliers, car certains sont fondés. Mais dans la plupart des cas, il faut savoir que l’objectif des recours est crapuleux : il s’agit de bloquer les programmes, en jouant sur la lenteur de la justice, ce qui place les promoteurs dans une situation financière difficile et les oblige à négocier un retrait du recours contre une importante somme d’argent. Et ce même s’ils savent que le requérant sera débouté in fine, à l’issue de procédures pouvant prendre quelques années ! A titre d’illustration, sachez que 100% de nos projets à Marseille font l’objet de recours de tiers, souvent avec l’aide d’avocats spécialisés dans ce type d’activité, mais c’est malheureusement aussi le cas dans d’autres villes. Cela occasionne des retards ou des surcoûts dans la construction, ou pas de construction du tout, et ce sont les marseillais cherchant à se loger qui en pâtissent.
Le gouvernement propose d’augmenter les amendes contre ces recours infondés de 3 000 à 10 000 euros. Ce n’est pas suffisant au regard du gain que peuvent escompter les auteurs de ces « recours-racket ». Quant à la réduction du délai pour l’examen par la justice, nous attendons de voir cette annonce se traduire dans les faits.

Le dispositif d’investissement locatif Duflot, qui a succédé au Scellier, peine à trouver son public. Pourquoi selon-vous ?


Le Duflot est un bon dispositif, tant pour développer le parc locatif intermédiaire que pour permettre aux investisseurs de se constituer un patrimoine en vue de leur retraite. Dans beaucoup de cas, en particulier quand le plafond de loyer est supérieur ou égal au marché local, il est plus intéressant que le Scellier version 2012. Pour l’instant, les ventes de Duflot n’ont pas réellement commencé car les investisseurs doivent encore se familiariser avec ses règles. Mais nous pensons que la demande devrait décoller à partir du second semestre et qu’il sera un élément favorable dans les prochaines années.

Propos recueillis par François Schott