Interview de Alexandre Hezez : Responsable de la gestion de Convictions Asset Management

Alexandre Hezez

Responsable de la gestion de Convictions Asset Management

Actions européennes : nous mettons l'accent sur les valeurs financières comme Société Générale, HSBC, CNP Assurances, Axa et Allianz

Publié le 20 Août 2013

Selon vous, il y a une inversion de vue sur les marchés favorable à la zone euro...
La zone euro est perçue aujourd’hui comme la zone la plus visible s’agissant de la conduite de la politique monétaire et des actions menées sur le plan gouvernemental. Ainsi, la zone la plus incertaine il y a un an est devenue la zone sur laquelle se posent le moins de questions aujourd’hui.
Parallèlement, les Etats-Unis qui étaient la région qui offrait le plus de clarté soulève depuis un certain temps de vives interrogations, en particulier eu égard à la stratégie de sortie de la politique monétaire ultra accommodante menée par la Réserve fédérale américaine.
De son coté, la zone émergente affiche toujours d’importantes difficultés. La Chine qui s’efforce de piloter sa phase de transition vers une croissance plus équilibrée et plus soutenable est en proie à une forte instabilité.

En quoi consiste votre allocation d’actifs dans un portefeuille équilibré ?
La poche actions représente 30%. Presque la quasi-totalité est composée d’actions de la zone euro. Nous sommes quelque peu sortis des actions suisses et des actions britanniques sur lesquelles nous étions positionnés en début d’année. Nous avons une très légère position sur des actions mexicaines.
Nous avons aussi une part importante d’obligations souveraines des pays périphériques et d’obligations bancaires de la zone euro, environ 30%.
20% du portefeuille est constitué d’obligations d’entreprises à haut rendement, dont les trois quarts d’obligations d’entreprises européennes. Enfin nous détenons 5% d’obligations émergentes.
Nous avons 15% de monétaire à la suite d’opérations de vente opportunistes d’actions américaines.

Vous étiez, en début d’année, plutôt négatifs sur le Japon. Qu’en est-il à présent ?
Nous sommes redevenus plutôt positifs. Selon nous, le Japon fait figure de baromètre du risque global sur les marchés. Tant que les taux japonais tiendront à un niveau relativement stable, nous n’aurons pas de crainte à avoir sur les obligations européennes. En revanche, si les taux japonais venaient à considérablement augmenter, nous aurions quasi instantanément un effet de contagion dans les autres compartiments obligataires, notamment européen. C’est typiquement ce que nous avons observé en mai et juin.
Nous n’avons pas de paris importants sur les actions japonaises. Nous tablons cependant sur la poursuite de la dépréciation du yen à moyen terme.

Quid de votre positionnement sectoriel ?
Nous sommes sortis du secteur immobilier au cours du premier trimestre de l’année. Nous sommes plus prudents sur le secteur de l’innovation du fait de la faiblesse des investissements des entreprises dans la recherche et le développement.
Nous aimons bien la santé, les valeurs cycliques, les grandes marques comme Nike ou Adidas.
Nous continuons à apprécier Asos dans le e-commerce.
Nous mettons par ailleurs un accent tout particulier sur les valeurs financières, que ce soient les banques avec Société Générale, HSBC ou les assurances avec CNP, Axa et Allianz.
Dans les valeurs décotées, Renault et Casino nous paraissent être des titres intéressants.

Quels sont les principaux risques que vous entrevoyez actuellement sur les marchés ?
Un mini krach obligataire qui pourrait conduire à des perturbations non négligeables. Le marché a fini par prendre conscience que la Fed était bel et bien dans la voie d’une normalisation de sa politique monétaire. Les investisseurs ne se demandent plus si la Fed va effectivement réagir, mais quand est ce qu’elle va le faire.
La Banque centrale américaine devra piloter tout en finesse sa stratégie afin d’éviter le dérapage. Un brusque mouvement sur le segment obligataire américain aura forcément une répercussion dans les autres segments de marché, partout ailleurs dans le monde.
La réunion du comité de pilotage de la politique monétaire de la Fed du mois septembre sera importante.
Demeure également un risque politique significatif en Europe même si une ferme volonté est affichée de le contenir.

De quelle manière pourriez-vous faire évoluer votre allocation dans les mois à venir ?
Vers plus d’actions de la zone euro. Il n’est pas exclu que nous ayons une bonne surprise de la part de la Banque centrale européenne. Celle-ci a fait part d’une certaine évolution dans sa communication. Les améliorations apportées pourraient être de nature à rassurer sur le risque souverain et sur le risque bancaire.
La décision de la Cour Constitutionnelle allemande au sujet des opérations OMT, attendue comme favorable, ainsi que la consécration de la chancelière Angela Merkel à l’issue des élections allemandes pourraient donner un coup d’accélérateur à la hausse des actions de la zone euro.
Nous sommes d’avis que l’approche des élections européennes de 2014 pourrait être l’occasion d’une accentuation de la solidarité au sein de la zone euro. Pour avoir la majorité au sein du Parlement européen, et avoir un leadership, le CDU pourrait être enclin à aider plus facilement les pays en difficultés, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne de manière à avoir l’appui de leur gouvernement.
Nous pourrions également nous rediriger vers les actions de l’Asie émergente dont les valorisations semblent dépréciées par rapport aux fondamentaux.

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Propos recueillis par Imen Hazgui