Interview de Bertrand Alfandari  : Responsable des produits de bourse chez BNP Paribas CIB

Bertrand Alfandari

Responsable des produits de bourse chez BNP Paribas CIB

En 2013, le marché français des produits de bourse devrait représenter plus de 6.4 milliards d'euros de volumes échangés et 2 millions de transactions

Publié le 22 Octobre 2013

Quel regard portez-vous sur le développement du marché des produits de bourse en France ?
En 2013, le marché français des produits de bourse devrait représenter plus de 6.4 milliards d’euros de volumes échangés et 2 millions de transactions, dont 50% des transactions sur des turbos, 25% sur des warrants et 20% environ sur des certificats de type « leverage et short ». Cette répartition des transactions est stable par rapport à l’an passé.
Les volumes échangés sur le marché des produits de bourse en France en 2013 sont en recul de 18% par rapport à la même période l’an dernier. Les volumes sur warrants reculent eux de 25%, les turbos reculent de 22% et les certificats leverage et short reculent de 15% en volume. En revanche, le nombre de transactions enregistrées cette année recule dans une moindre proportion (- 10% d’une année sur l’autre) ce qui témoigne sans doute d’une transaction moyenne légèrement plus faible que l’an dernier.
La plus faible volatilité des marchés cette année explique sans doute ce recul des volumes, nos clients conservant probablement plus longtemps leurs positions en produits de bourse et effectuant de ce fait moins d’aller-retour.
En revanche, après une année 2011 marquée par des volumes exceptionnellement élevés du fait d’une très forte volatilité des marchés, nous retrouvons en 2013 des volumes et un nombre de transactions tout à fait similaires à ceux enregistrés en 2009 et 2008. Lorsque l’on sait que le nombre d’actionnaires individuels en France a diminué de plus de 40% par rapport à 2008, je dirais que le marché des produits de bourse se maintient bien dans un contexte boursier globalement peu propice aux investissements.

Quels sont selon vous les grandes tendances (en termes de nature de produit, de sous-jacents, et autres caractéristiques phares) qui se dessinent depuis le début de l’année ? A quoi vous attendez-vous pour les prochains mois ?

La répartition par grands types de produits est stable cette année et l’indice CAC 40 continue d’être le sous-jacent préféré des investisseurs en produits de bourse en France avec 30% des volumes échangés (35% en 2012). Un phénomène intéressant au troisième trimestre est celui du retour massif des investisseurs sur les produits de levier indexés sur les actions. Le rallye estival a sans doute incité les investisseurs à revenir sur les actions car les warrants et turbos sur actions représentent 20% des volumes échangés et 30% des transactions sur le marché français (contre 14% des volumes et 20% des transactions en 2012). Si la volatilité se maintient aux niveaux actuels, voire baisse légèrement, cette tendance devrait se confirmer dans les mois à venir.

Quels enjeux liés à l’essor de ce marché se posent selon vous : sur le plan de la réglementation, de la fiscalité, sur le front opérationnel ?

L’enjeu majeur de notre industrie est de faire preuve de la plus grande transparence. Nous sommes dans un contexte où il faut simplifier l’offre, la rendre davantage compréhensible par les investisseurs. C’est ce que nous nous efforçons de faire en axant nos différentes démarches autour de la pédagogie. Une autre priorité pour nous est d’assurer une grande qualité d’animation de marché et c’est primordial pour garantir la liquidité sur des produits à effet de levier. Enfin, les évolutions fiscales récentes peuvent inciter certains investisseurs à aller prendre du risque pour générer une performance correcte potentielle et nous sommes là pour prévenir des risques inhérents à chaque produit ; l’Autorité des Marchés Financiers y est vigilante et c’est un facteur de pérennité, tant pour les investissements de nos clients que pour nous.

Qu’en est-il de l’évolution de l’intérêt des investisseurs pour vos produits ? Quel est l’état de la collecte ?
Au niveau des encours, le phénomène le plus intéressant est sans doute celui de la hausse de près de 20% en septembre de nos encours sur les warrants actions, et ce malgré une échéance trimestrielle majeure en septembre. Toujours sur les actions, nos encours en turbos indexés sur des actions ont progressé à un rythme mensuel de près de 30% depuis le lancement de notre gamme de turbos infinis en mars dernier. Nous faisons le maximum pour offrir une gamme de produits et services à la hauteur d’investisseurs exigeants et espérons que l’intérêt marqué pour BNP Paribas cette année perdurera dans les prochains mois et années.

Propos recueillis par Imen Hazgui