Interview de David Haccoun : Directeur associé de Dane-Elec Mémory

David Haccoun

Directeur associé de Dane-Elec Mémory

Nous allons maintenir, au cours des prochaines années, un niveau élevé de dépenses en R&D pour poursuivre notre montée dans la chaîne de valeur ajoutée

Publié le 21 Mars 2008

Le groupe a publié ses résultats 2007 la semaine dernière. Ces résultats sont-ils en dessous de vos attentes ?
Nous avons été surpris, comme l’ensemble du secteur, par une croissance plus lente que prévu à partir du mois de septembre. Cette situation a entraîné une augmentation des stocks en raison de ventes inférieures aux attentes et, par conséquence, une forte baisse des prix.

Les résultats sont en très forte baisse par rapport à l’année 2006. Les motifs de cette forte baisse tiennent à la baisse des prix (particulièrement entre août et décembre) du fait de la concurrence et à des volumes inférieurs aux prévisions. Pouvez-vous nous donner davantage de précisions ?
Les consommateurs ont moins dépensé de manière générale alors que les quantités mises à disposition étaient bien supérieures à ce que les clients pouvaient absorber. Ce phénomène a entraîné un gonflement des stocks suivi d’une baisse brutale des prix de vente. Entre août et décembre, le prix de la mémoire Dram a chuté de 55% et celui de la Flash a plongé de 60%.

Mais nous n’avons pas perdu de part de marché sur nos deux principaux marchés que sont la France et les Etats-Unis. Sur l’année, nos volumes de vente sont même en augmentation de 21%.

Parallèlement, nous avons accru de façon importante nos dépenses pour préparer l’avenir. Nous avons renforcé notre recherche et développement, réorganisé toute notre logistique après l’acquisition du site de Marle et augmenté les frais de marketing pour préparer le lancement des nouveaux produits.

Les taux de change ont-ils eu un impact significatif sur les comptes du groupe ?
Nous réalisons 30 % de nos ventes aux Etats-Unis. La baisse du dollar a donc un impact sur notre chiffre d’affaires. En 2007, cela nous a coûté 3 points de croissance.

2007 aura été une année de forts investissements dans la R&D et dans les coûts de lancement de nouveaux produits, auxquels vous avez consacrés respectivement 650 000 euros. Quels sont vos objectifs en termes de R&D ?
Ces investissements ont servi au développement des nouveaux produits, comme le service NoLimit Memory, le stylo numérique Zpen ou notre gamme de disques durs externes So by Dane-Elec.

Le NoLimit Memory est un ensemble d’applicatifs logiciels associé à nos produits de stockage (aujourd’hui les clefs USB, demain les disques durs) et qui est le fruit de notre recherche. Nous sommes les premiers à offrir aux consommateurs la possibilité de disposer d’un espace de stockage de données sur Internet et des services associés, le tout piloté par une clef USB.

En février, nous avons lancé le Zpen. Ce stylo numérique fait partie d’une nouvelle génération de produits qui a nécessité beaucoup de dépenses, ce qui a pesé sur nos comptes en 2007. Aujourd’hui, les remontées de nos clients sont extrêmement positives sur ce produit. Nous avons même des difficultés à répondre à la demande.

Nous allons maintenir, au cours des prochaines années, un niveau élevé de dépenses en R&D pour poursuivre notre montée dans la chaîne de valeur ajoutée. Nos équipes de recherche et développement qui se trouvent à Paris, Shanghai et Tel Aviv cherchent de nouvelles applications et travaillent sur des projets dont on peut parler et d’autres que vous découvrirez plus tard.

Pour 2008, ne craignez-vous pas un ralentissement de la demande et de la consommation de la part de vos clients ? Et une poursuite de la baisse des prix ?
Le marché n’est pas facile et ne va pas être facile en 2008 au niveau mondial. Les difficultés ont débuté aux Etats-Unis mais l’Europe devrait également être touchée. Le premier semestre va continuer à être difficile.

Puis grâce à l’ensemble des actions que nous avons mené et à l’introduction des nouveaux produits qui vont monter en puissance à partir du second semestre, nous serons ensuite dans une position plus confortable.

Votre stratégie pour 2008 est double. Vous comptez conquérir de nouveaux marchés tout en vous redéployant en Europe.
Effectivement nous cherchons de nouveaux marchés. Cette année nous allons nous installer en Turquie et à Dubaï après nous être implantés à Shanghai et Tel Aviv l’année dernière. Dans le même temps, nous redynamisons notre réseau commercial en Europe.

Nous avons démarré par l’Espagne avec des premiers résultats très encourageants sur les premiers mois de l’année. Nous poursuivrons sur cette voie en 2008.

Qu’en est-il de l’Europe de l’Est ?
C’est en cours. Nous regardons tous les pays d’Europe de l’Est à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union Européenne. La Russie en fait bien évidemment partie.

Deuxièmement vous voulez combattre l’effet prix en proposant des produits à haute valeur ajoutée. Quelles sont les nouveautés 2008 ?
Nous avons trois nouvelles familles de produits à forte valeur ajoutée qui seront commercialisées en 2008 : le stylo numérique Zpen, les disques durs externes et le service NoLimit Memory. Nous pensons que ces nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée devraient générer un chiffre d’affaires additionnel compris entre 20 et 30 millions d’euros.

Parlons plus avant de Zpen. A quoi est dû le retard de commercialisation ? Pouvez-vous nous donner quelques indications sur le prix et volume des ventes ?
C’est un nouveau concept qui a nécessité des développements importants pour être parfaitement certain de livrer un produit abouti et fiable. Nous avons préféré décaler le lancement de quelques mois. Désormais, le produit est en vente chez nos revendeurs habituels au prix public de 129 €, ce qui est tout à fait attractif. Il est aujourd’hui trop tôt pour donner des prévisions en termes de volumes de vente.

Quelles sont les prévisions chiffrées pour 2008 ? En termes de chiffres d’affaires et de marge opérationnelle ?
Nous ne sommes pas en mesure pour l’instant de donner des prévisions globales chiffrées car nous ne maîtrisons pas l’évolution des prix de vente des mémoires. En revanche, nous tablons sur une poursuite de notre croissance en volume et sur un apport de 20 M€ à 30 M€ des nouveaux produits.

En termes de marge, nous prévoyons un recul au premier semestre, du fait notamment d’une base de comparaison élevée, avant une amélioration séquentielle au second semestre.

Vous parlez d’une «faible visibilité» concernant l’évolution des prix ? Pouvez-nous nous donner les raisons de cette faible visibilité et une tendance à la baisse ou à la hausse des prix ?
Le problème est de savoir si la demande est suffisamment importante pour absorber l’offre. Si ce n’est pas le cas et que les produits restent sur les étagères, il faudra bien les vendre en baissant les prix. Notre stratégie consiste a proposer des produits à forte valeur d’usage pour sortir de cette logique de pression sur les prix.

Que pensez-vous du parcours en bourse de l’action Dane-Elec ?
Les Small Cap comme Dane-Elec sont massacrées. Il y a un manque de liquidités sur le marché et, de surcroît, notre flottant est relativement faible. Ceci a accéléré la dégradation du cours de Dane-Elec. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire, c’est juste une mauvaise passe. La situation est d’autant plus paradoxale que nous capitalisons aujourd’hui moins que nos fonds propres alors même que nous n’avons que 5 millions d’euros de dettes et que, en 2007, dans un contexte difficile, nous avons maintenu un résultat à l’équilibre.

Laure Gaillard