Interview de Yahya El Mir : PDG SQLI

Yahya El Mir

PDG SQLI

Entre les très gros généralistes et les tous petits spécialistes, il y a encore une place à prendre...

Publié le 02 Avril 2008

Pourriez-vous nous expliquer brièvement quel est le métier de SQLI ?
SQLI est une société de services informatiques, forte d’environ 2 000 personnes. Nous sommes présents en France, dans d’autres pays européens tels que la Suisse, le Benelux, ainsi qu’au Maroc.

Notre société est spécialisée sur trois segments : les technologies d’Internet -nous accompagnons par exemple les grands comptes à employer ces technologies-, le SAP -nous accompagnons les grands comptes à intégrer cette fois-ci ce progiciel qui est le leader mondial pour piloter leur activité-, et la Business Intelligence qui regroupe toutes les activités permettant de faire du décisionnel.

SQLI est le leader des acteurs spécialisés dans les technologies Internet. 

Comment se compose votre clientèle ?
Les grands comptes représentent l’essentiel de notre chiffre d’affaires, et ce, dans toutes nos activités. Nous travaillons donc aussi bien avec des industriels, des entreprises de télécommunications, qu’avec des banques. Nous avons en effet une importante spécificité de part notre très grande maîtrise des technologies évoquées plus haut, mais ce n’est pas une spécificité métier pour un secteur donné.

Nous travaillons également avec les administrations et les collectivités locales. Nous accompagnons ainsi les hôpitaux…

Notre société possède un critère de différenciation fort dans la mesure où elle a été la première société européenne à investir dans une démarche de qualité totale, et 50% de son activité d’intégration est réalisée sur des projets avec engagement de résultats, ce qui en fait un des spécialistes de ce type de projet.

Sur l'ensemble de 2007, le chiffre d'affaires de votre groupe s'établit à 115,1 millions d'euros, en hausse de 26%, dont 16% en croissance organique, ce qui est supérieur à l’objectif initial de 15% que vous vous êtes fixé. Quel commentaire vous inspire vos résultats sur l’exercice 2007 ?
Cela fait maintenant trois ans que nos résultats sont en ligne avec nos objectifs. Dans le détail, on constate que la progression a été particulièrement forte, étant donné que notre chiffre d’affaires a été multiplié par deux en 2 ans, et le résultat a été multiplié par quatre, ainsi que nous l’avions annoncé.

Ces résultats sont en effet issus d’une stratégie qui a été construite, ce qui nous permet de prédire que nous continuerons en 2008 à avoir une progression forte.

Quels ont été les moteurs de cette croissance ?
Nous avons joué sur l’utilisation de trois moteurs : le premier, sur une croissance organique forte, de l’ordre de 16% cette année, rendue possible par le fait que nous nous positionnons sur des segments extrêmement porteurs et sur lesquels nous sommes spécialisés. Le meilleur exemple concerne le développement massif des technologies Internet et de l’usage d’Internet.

Parallèlement, nous avons établi une stratégie de croissance externe sur des sociétés avec un très fort contenu technologique, ce qui permet également d’améliorer la croissance et d’en générer pour le moyen terme. Enfin, le dernier moteur sur lequel nous avons travaillé concerne notre stratégie d’industrialisation pour nous permettre d’améliorer nos marges de manière régulière.

Nous dégageons ainsi de fortes croissances, accompagnées de fortes améliorations de résultats.

Industrialisation…
Le secteur des services informatiques est encore très jeune, il n’a qu’une trentaine d’années, mais il représente aujourd’hui près de 245 milliards d’euros à l’échelle européenne. Ce secteur a donc connu une croissance très forte, mais a encore besoin de mûrir, en étant notamment mieux industrialisé.

Nous pouvons, en effet, industrialiser le secteur des services aussi bien que le secteur industriel, c’est-à-dire en apportant des outils plus sophistiqués, des méthodes de travail plus pointues etc., pour obtenir des résultats prédictibles qui ne dépendront donc plus simplement de la qualité des ingénieurs…

C’est ce virage-là qu’a pris SQLI dès 2002, grâce à des travaux de recherche réalisés aux Etats-Unis, selon une démarche appelé CMMI développée par la Défense américaine, qui souhaitait garantir le succès de ses investissements, notamment dans l’aérospatiale et le militaire. De fait, SQLI est devenu en Europe la société maîtrisant le mieux ce savoir-faire technologique et méthodologique.
 
Pourriez-vous revenir sur les acquisitions réalisées en 2007 par SQLI (Urbanys, Amphaz, Eozen, etc.) ? Quel bilan tirez-vous de leur intégration ?
Si nous revenons un peu en arrière, cette stratégie d’acquisition a été initiée en 2005 dans le cadre de notre plan triennal, et depuis, nous avons fait douze acquisitions, dont cinq cette année. Ces opérations ont été réalisées dans deux domaines, dont celui du conseil, sur des expertises très pointues, et celui des solutions, qui sont des solutions packagées commercialisables dans différents secteurs.

Si nous détaillons chacune de ces acquisitions, nous constatons qu’Alcyonix est un expert mondial de CMMI, qui nous a donc aidé dans notre activité de conseil dans ce domaine ; Iconeweb est un spécialiste des solutions autour de l’Internet, devenu leader européen dans le domaine des applications pour l’immobilier d’entreprise ; Amphaz est un spécialiste du décisionnel ; Urbanys est un spécialiste de la transformation du DSI, et enfin Eozen est le spécialiste des nouvelles offres sur des plateformes SAP actuellement en cours.

Nous sommes un groupe qui a une longue expérience des acquisitions, puisqu’il s’agit d’un élément prépondérant de notre stratégie depuis 2005. A ce titre, l’amélioration régulière de nos marges démontre que ces opérations ont été bien intégrées et ont données les résultats escomptés. Maintenant, nous savons qu’il faut environ six mois pour avoir une intégration complète dans notre dispositif, et huit mois pour maximiser les synergies.

Nous attendons des marges opérationnelles supérieures à 10% sur ces sociétés, nous visons donc pour l’ensemble du groupe des sociétés avec de fortes marges…

Envisagez-vous de réaliser à nouveau de la croissance externe en 2008 ?
Les trois dernières acquisitions ayant été réalisées en fin d’année, nous serons clairement dans une logique de consolidation pendant le premier semestre 2008. Notre objectif de 150 millions d'euros en 2008 sera largement dépassé ce qui nous permet de nous concentrer sur l’atteinte de notre objectif de résultat opérationnel courant de 15 millions d'euros.

Toutefois, nous restons prêts à saisir des opportunités de croissance externe dans la mesure ou elles auraient un fort intérêt stratégique et un potentiel important de création de valeur pour notre groupe.

Nous travaillons par ailleurs d’ores et déjà à notre prochain plan de développement.

Quelles sont les grandes lignes de votre développement à moyen-court terme ?
Au Maroc, nous avons installé deux centres de développement offshore, nous sommes d’ailleurs en croissance sur ce segment-là. En France, nous disposons déjà d’un réseau d’agences très fourni et au niveau européen, nous avons entamé un nouveau plan de développement. Aujourd’hui, le reste des pays européens où nous sommes représentent 20% de notre chiffre d’affaires et nous allons continuer de croître dans ces pays.

Comment analysez-vous l’évolution de votre marché ?
Les technologies de l’information sont de plus en plus utilisées, si bien que le parc d’applicatifs explose et que, parallèlement, nos clients ont très bien intégré leurs investissements en informatique. Il n’y a donc pas d’excès de leur part, or dans un contexte économique traversé de turbulences, il n’y a pas non plus de marges de manœuvre…

C’est ce qui explique le peu de variations dans la croissance de notre budget entre l’année dernière et cette année. Certains secteurs vont être moins dynamiques que d’autres, comme le secteur bancaire à l’inverse du secteur industriel porté par EADS par exemple…

Il y a donc toujours un équilibre entre les différents secteurs. En revanche, les investissements en matière de services informatiques étant parfaitement maîtrisés par nos clients, nous savons que leurs dépenses vont perdurer sur un rythme comparable d’une année à l’autre.

Quelle croissance de votre marché peut-on attendre ?
Sur le marché global, la croissance moyenne se situe aux alentours de 5-6%. En ce qui concerne SQLI, notre société est positionnée sur un marché d’à peu près 4 millions d’euros, et nous visons une croissance organique à deux chiffres cette année.

Sur quelles technologies investissez-vous le plus aujourd'hui ?
Nous avons une politique d’investissement forte dans la R&D, ce qui explique notre positionnement et l’amélioration régulière de nos marges malgré un contexte où les prix demeurent stables.

En matière de R&D, nous faisons principalement deux types de choses. Nous développons nos propres outils et nos propres méthodes afin d’améliorer notre productivité. Par exemple, nous avons développé un outil –Ideoproject- pour supporter tous nos processus de production, qui a ensuite été commercialisé pour certains clients.

Le retour sur investissement en R&D est donc obtenu grâce aux gains de productivité que l’on a sur nos projets au forfait, c’est-à-dire à prix fixe. Le second type de dépense en R&D concerne les solutions, c’est-à-dire que l’on va identifier les segments sur lesquels nous pensons qu’il y a un manque, pour fournir des solutions dans ces segments là.

Souhaitez-vous rester un «pur player» ?
Nous souhaitons rester un très grand spécialiste sur plusieurs segments, dans la mesure où nous estimons qu’entre les très gros généralistes et les tous petits spécialistes, il y a encore une place à prendre.

Pour cela, il faut être capable de fournir à la fois un volume important -une offre industrialisée-et le niveau d’expertise que l’on retrouve chez des acteurs de niches. Notre stratégie consiste donc à poursuivre notre développement dans la ligne actuelle.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
SQLI est une société dynamique qui fait ce qu’elle dit depuis plusieurs années, et qui continuera de le faire.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy