Interview de Pascal Imbert : PDG de Solucom

Pascal Imbert

PDG de Solucom

L’exercice 2007-2008 a été un exercice de très bonne facture

Publié le 06 Juin 2008

Vous venez de publier vos résultats pour l’exercice 2007/2008 (clos le 31 mars 2008), faisant un chiffre d’affaires de 73 millions d'euros pour une marge opérationnelle courante de 13%, largement en ligne avec vos objectifs. Quel commentaire vous inspire ces résultats ?
L’exercice 2007-2008 a été un exercice de très bonne facture pour Solucom. Nous avons en effet enregistré une croissance de 38% de notre CA, bien au-delà que des objectifs que nous nous étions fixés en début d’année, de 30%, et c’est même au-dessus des objectifs relevés en novembre 2007 à 35%...

Le second paramètre satisfaisant, c’est au niveau de la rentabilité qu’on le trouve, puisque cette dernière a atteint 13% ce qui correspond au haut de la fourchette que nous avions fixée là encore en début d’année.

Quels ont été les ingrédients de cette croissance ?
La croissance a d’abord profité d’un contexte de marché très positif : l’année 2007 a été excellente, et l’exercice débuté en 2008 connaît la même trajectoire… Par ailleurs, nous avons su tirer notre épingle du jeu en matière de recrutement, les ressources humaines sont en effet un sujet toujours très sensible dans le domaine des technologies de l’information, dans la mesure où il y a une pénurie de compétences. Nous y consacrons donc beaucoup de moyens, si bien que nous avons fait progresser sur cet exercice nos effectifs de 27%, et de 10% à périmètre comparable.

Il reste enfin un dernier paramètre qui agit à la fois sur la croissance et la rentabilité : c’est que nous avons pu faire évoluer nos prix de vente de manière assez significative, de l’ordre de 5% (4% à périmètre comparable) par rapport à l’exercice précédent.

Certains de vos principaux clients ont également contribué à l’amélioration significative de vos résultats…
Effectivement, cet exercice a été marqué par le fait que chez un certain nombre de nos grands clients, on a connu de très fortes progressions du chiffre d’affaires. C’est particulièrement remarquable chez des clients comme Gaz de France, Air France-KLM ou La Poste, et qui ont d’importants enjeux en termes de transformation : Air France-KLM à cause de la fusion Air France et KLM, Gaz de France à cause de l’ouverture des marchés et la perspective de son rapprochement avec Suez.

Par ailleurs, quand nous étions présents sur un seul de nos domaines d’activité chez un client, nous avons été très attentifs cette année à bien pousser l’ensemble de nos offres et à faire pénétrer finalement, nos autres domaines d’activité chez ces clients, ce qui a parfois provoqué des progressions assez spectaculaires.

Quelles sont vos perspectives pour l’exercice 2008-2009 ?
L’exercice 2008-2009 s’ouvre dans un contexte économique un petit peu paradoxal : nous ressentons toujours un marché dynamique, ainsi le premier trimestre 2008 est bon et le deuxième trimestre est toujours aussi bon, mais pour nous c’est paradoxal parce qu’il y a beaucoup d’analystes du marché qui considèrent que le marché devrait ralentir en raison de la crise financière et économique.

Aussi pensons-nous que cet exercice va nécessiter beaucoup d’attention, puisque si nous regardons nos indicateurs opérationnels nous pouvons être assez agressifs en termes de croissance, par contre, si on écoute un certain nombre d’analystes, il faut maintenir une certaine prudence.

Nous avons choisi une ligne de conduite dans laquelle nous gardons la priorité sur la croissance en 2008-2009 ; nous pensons que le marché pourra être suffisamment porteur, même s’il y a quelques coups de frein localisés, par exemple dans le secteur bancaire… 

Nous allons par conséquent garder la priorité à la croissance, nous allons également continuer notre plan de recrutement et dans le même temps, nous serons très attentifs à l’amélioration de notre force de frappe commerciale, notamment par le renforcement de nos équipes commerciales, et en faisant du travail sur le plan marketing …

Vous avez fait l'acquisition de Cosmosbay-Vectis, société de conseils en management. Quelles synergies en attendez-vous ?
Il s’agit d’une opération très importante pour notre groupe, dans la mesure où elle nous apporte des compétences complémentaires à celles que nous avions jusqu’à présent, en particulier sur le conseil en systèmes d’informations à destination des directions métier au sein des entreprises.

Solucom est historiquement très tourné vers  le conseil en systèmes d’informations sur des sujets technologiques alors que Cosmosbay-Vectis a une forte activité de conseil en systèmes d’informations sur des sujets plus applicatifs et destinés aux directions métier.

Cette complémentarité nous permet deux choses : d’une part, d’accélérer la transformation de Solucom engagée depuis un an pour passer d’un cabinet de conseils spécialisé sur une niche de marché à un cabinet de conseil qui aborde l’ensemble des domaines des systèmes d’informations ; et d’autre part, de proposer une offre plus large à chacun de nos clients. Il y a en effet une très forte opportunité de couvrir un domaine plus large d’activités et de prestations, chez chacun des clients chez lesquels nous sommes déjà présents ou chez lesquels Cosmosbay-Vectis est déjà présent.

Il y a donc une synergie d’activités et une de revenus très fortes à installer entre Cosmosbay-Vectis et Solucom, et ce sera notre priorité pour l’année qui vient. 

Quel nouvel objectif, en termes de croissance externe, allez-vous vous fixer désormais ?
Cette année, étant donné que l’acquisition de Cosmosbay-Vectis est une des plus importantes opérations en volume réalisée par notre groupe jusqu’à présent, la priorité sera sa bonne intégration à Solucom, afin de tirer partie de toutes les synergies potentielles.

Ceci étant, nous restons attentifs aux opportunités qui peuvent se présenter. Ce n’est donc pas une priorité pour l’exercice 2008-2009, en revanche, nous travaillerons à la préparation de notre plan d’acquisition pour 2009-2010.

Avec cette acquisition, vous gagnez un an d’avance sur votre plan triennal dont l’un des objectifs était de compter 1 000 collaborateurs…
Depuis l’acquisition de Cosmosbay-Vectis, nous avons de fait la capacité d’atteindre cet objectif de 1 000 collaborateurs par notre simple croissance organique. Ceci étant, ça ne nous empêchera pas d’envisager des opérations de croissance externe en 2009-2010, et donc d’aller éventuellement un peu plus loin que cet objectif…

Contrairement à de nombreuses moyennes valeurs, votre titre connaît une progression assez soutenue. Comment l’expliquez-vous ?
On constate effectivement que notre cours a assez bien résisté, or je pense qu’il s’agit de la traduction du fait que nos actionnaires et les investisseurs ont bien compris que nous avions un business model à la fois solide et extrêmement résistant dans les périodes de crise… Pendant l’éclatement de la bulle Internet, nous avions eu un excellent comportement, avec une croissance à deux chiffres et une bonne rentabilité opérationnelle.

Je pense qu’au moment où les cours ont été très chahutés, en particulier dans le secteur des SSII, parce que les perspectives étaient assez sombres sur le marché, Solucom a été relativement préservé par rapport aux autres parce que les gens ont gardé à l’esprit que notre business model nous permettait de ne pas connaître des contre-performances économiques très fortes… C’est en tout cas comme cela que je m’explique ce comportement assez résistant de notre cours.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
En 2007, nous avions lancé un plan stratégique à l’horizon 2010, donc sur trois ans. Finalement, on peut considérer que la première étape de ce plan, qui concerne l’exercice 2007-2008, a été complètement réussie et l’acquisition de Cosmosbay-Vectis nous rend extrêmement confiants quant à la réalisation des autres objectifs de ce plan.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy